De la pandémie de COVID-19 à la COP15, l’administration Plante a multiplié les prises de parole pour vanter les bienfaits du verdissement et de la multiplication des espaces verts. Or, quand vient le temps de passer de la parole aux actes, quand vient le temps de protéger un parc existant, déjà fréquenté par une véritable communauté d’utilisateurs, les engagements concrets se font rares. Pourtant, un parc, c’est bien plus qu’un parc…

Avec ses 80 arbres matures, le parc, notre parc, est un espace vert que des milliers de citoyens se sont approprié. Sur le petit sentier, des amitiés se sont formées. À la table de pique-nique, on brise la solitude, avec ou sans son chien, on socialise et on vainc l’isolement. Symbole du lien spécial qui unit des Montréalais de divers quartiers, le parc Mali profite d’une association d’usagers qui, chaque année, réalise des corvées, organise des activités et, surtout, anime un réseau d’entraide qui permet à des jeunes et moins jeunes de profiter de la vie urbaine.

En matière de capital social, ce petit bout de verdure vaut son pesant d’or ! Pour ces hommes et ces femmes qui ont fait le choix de rester en ville, pour ces familles qui résistent à l’appel de la banlieue, un bout de verdure peut faire toute la différence.

Après tout, à quoi bon vivre sur l’île si c’est pour s’isoler dans une tour et un appartement de quelques pieds carrés ?

Alors que le nombre de propriétaires de chiens augmente et que l’on nous prédit la densification du campus MIL, ce parc est menacé depuis de nombreuses années. Mais ce n’est pas que ces pieds carrés qui sont menacés, c’est aussi ces citoyens qui profitent de trop rares espaces canins pour découvrir la zoothérapie, ces télétravailleurs qui font une pause pour sortir de leur chez-soi et améliorer leur santé mentale ou ces personnes âgées qui quotidiennement se promènent et font un peu d’exercice. Prenons toute la liste des bénéfices que l’on associe aux espaces verts et force est de constater qu’ils sont menacés par l’absence d’engagement concret en faveur de la préservation de cet espace.

Il y a quelques semaines à peine, la planète s’est donné rendez-vous à Montréal pour protéger plus de forêts, plus d’espèces et surtout plus de biodiversité. Cela voulait dire moins d’îlots de chaleur. Pour nous, cela signifiait que Montréal, la ville hôte, voulait également renoncer à toute disparition de parcs, à plus forte raison lorsqu’ils sont au cœur d’un écosystème humain comme celui du parc Mali. Eh bien, non. En plus, la Ville ressort des arguments fallacieux de sécurité alors qu’il y a quelques années, la Ville commandait un rapport qui concluait que le secteur était sécuritaire.

Le parc Mali est toujours menacé. Malgré les engagements de transparence, les scénarios se font toujours attendre et l’hôtel de ville se refuse toujours à clamer haut et fort qu’en 2023, détruire un parc et sa communauté, c’est impensable. Pourtant, il suffirait d’être cohérent et de s’engager à ce que, peu importe le scénario d’aménagement à proximité d’un parc, le bitume ne remplacera pas la verdure et qu’un parc demeurera intégral. C’est d’autant plus paradoxal que le parc dont il est question est celui que fréquentait Frédéric Back lui-même. Or, au lieu de planter des arbres, force est de croire que Montréal en coupera et que l’espace vert sera morcelé. En 2023, en pleine crise climatique, cela manque drôlement de courage. Parce qu’un parc, c’est bien plus qu’un parc.

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