L’insurrection survenue au Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021 est toujours d’actualité. Le Comité spécial de la Chambre des représentants qui se penchait sur ces évènements a rendu public à la fin du mois de décembre son rapport d’enquête avec des témoignages incriminants contre l’ancien président Donald Trump et certains de ses proches collaborateurs.

L’impact réel de ce rapport dépendra de ce que le département de la Justice américaine en fera. Toutefois, on constate déjà que la division persiste entre les démocrates et les républicains quant aux conclusions de l’enquête et relativement aux prochaines étapes. De plus, Trump demeure présent dans l’espace public car il est candidat à la présidence pour 2024.

Le 6 janvier 2023, jour du deuxième anniversaire de l’insurrection, le président Joe Biden a remis des médailles de reconnaissance à 14 officiels qui étaient en service au moment des faits, pour souligner leur courage et leur loyauté envers la démocratie américaine.

Ce même jour en soirée, la Chambre des représentants a finalement choisi son nouveau président (le « speaker »). Compte tenu de leur victoire aux élections de mi-mandat du mois de novembre, les républicains disposaient d’une majorité leur permettant d’élire le nouveau président. Le choix s’est arrêté sur leur leader en poste, le représentant Kevin McCarthy.

Choisir McCarthy

Toutefois, ce choix ne s’est pas fait facilement, bien au contraire, alors que des fidèles de Donald Trump se sont imposés dans le processus électoral. Depuis la courte victoire de novembre, certains républicains sous l’influence de l’élu de la Floride Matt Gaetz, un ardent trumpiste, ont indiqué leur volonté à s’opposer à tout prix à la candidature de Kevin McCarthy.

Cette opposition s’est manifestée vigoureusement sur le plancher de la Chambre durant quatre jours, du 3 au 6 janvier inclusivement, et en direct dans les médias. Finalement, cette saga s’est conclue avec l’élection de McCarthy au 15e tour de scrutin, du jamais-vu depuis plus d’un siècle et demi ! Pour remporter l’élection, il a été contraint de faire un nombre élevé de concessions envers les dissidents. Plusieurs observateurs estiment que celles-ci limiteront fortement les pouvoirs de la présidence sous McCarthy.

À titre d’exemple, une motion déposée par un seul membre de la Chambre (sur 435 représentants) pourrait déclencher une procédure de destitution à l’encontre de McCarthy.

En d’autres termes, ses concessions le rendent davantage vulnérable, non seulement face à la minorité démocrate, mais aussi face à son propre parti.

De plus, il a acquiescé aux demandes des dissidents qui réclamaient plus de pouvoirs relativement à la composition des comités de la Chambre et des règles qui les gouvernent.

Les défis à venir

Malgré tout, Donald Trump est toujours bien ancré dans le décor. McCarthy l’a d’ailleurs remercié le soir de sa victoire. Depuis, Trump en prend le mérite. Pourtant, bien que celui-ci ait appuyé McCarthy, les dissidents sont des supporters de l’ex-président au point où ils sont considérés comme des « créations de Trump ».

Ces faits indiquent que l’influence de Trump à la Chambre est plus mitigée en janvier 2023 que ce qui était observable dans les dernières années. Il faut noter que l’ancien président traverse une mauvaise période depuis les résultats électoraux décevants du 8 novembre et face à l’évolution des diverses enquêtes qui l’impliquent. Serait-ce le début de son déclin ? Chose sûre, le trumpisme n’est pas en voie de se dissiper chez les républicains.

La possibilité d’une crise avec des conséquences majeures sur le système financier américain et international pourrait surgir dans les prochains mois si le Congrès ne s’entend pas pour relever le plafond de la dette à temps pour éviter un défaut de paiement. Certes, cette réalité revient d’année en année aux États-Unis, mais qu’en sera-t-il dans le contexte actuel ?

En représailles aux enquêtes et aux deux processus de destitution qui ont été menés contre Trump dans les dernières années, on peut s’attendre à voir plusieurs enquêtes déclenchées contre l’administration Biden, et surtout contre le fils du président, Hunter Biden.

Ce dernier fait l’objet de spéculation dans les médias concernant les liens d’affaires qu’il entretenait en Ukraine et en Chine lorsque son père était vice-président sous Barack Obama.

Dans son discours de victoire, McCarthy a promis d’utiliser le « pouvoir de citer à comparaître » à outrance s’il le faut, et de lutter contre les dépenses « exagérées » du président Biden. Manifestement, l’affrontement et le clivage politique continueront de définir la norme au Congrès.

En outre, il ne faut surtout pas oublier qu’il reste toujours plusieurs élus républicains qui remettent encore en question la légitimité de l’élection de Joe Biden en 2020, et qui considèrent l’enquête sur l’assaut du 6 janvier 2021 comme un exercice partisan pour les démocrates. Cela indique sans doute que l’ombre du 6-Janvier continuera bel et bien de planer sur la démocratie américaine dans la prochaine année.

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