Une question me taraude depuis quelques mois, en suivant la trajectoire politique du gouverneur de la Floride, Ron DeSantis.

Entre Donald Trump et lui, comme candidat républicain à la prochaine élection présidentielle, est-ce que je préfère le fou ou le fourbe ?

Remarquez que je ne connais personne aux États-Unis que mon opinion intéresse, mais tout de même, la préoccupation est légitime.

Et on ne sait jamais quand ils peuvent pogner les nerfs, les Américains. Dites-moi de quoi Trump ne serait pas capable, pour voir, quand nous ne dirions pas exactement comme lui.

Je sais, La servante écarlate de Margaret Atwood, c’est de la grosse fiction. Et bien sûr je badine, mais avouez que le goût de s’emmurer aux frontières leur revient souvent, les gringos.

Ce serait une maudite nouvelle pour les snowbirds, ça ! Faudrait investir au Costa Rica…

Et imaginez le chemin Roxham aussi fermé ! Ça dégarnirait le sac à râlage de plusieurs politiciens québécois contre le fédéral.

Alors, pour nous autres, les voisins dont ils se balancent complètement, quelle serait la meilleure option ?

On jase, là.

Trump ? Il n’est pas bien dans sa tête et on pourrait espérer qu’il a plus de chances que l’autre de se faire battre à la présidentielle. Mais ne comptez pas d’emblée sur sa défaite, ce pays est étrange.

DeSantis ? Lui, selon moi, il n’est pas fou. Mais un méchant cr… … ! Oups ! Revenons à fourbe, pour éviter que la patronne n’angoisse encore avec mon vocabulaire de HLM.

Quand il était tout petit, élu de la Floride à la Chambre des représentants, DeSantis a voulu devenir grand, et a rampé et tété les oreilles de Trump, afin d’obtenir son appui pour devenir gouverneur de l’État. Ce qu’il a reçu, et ce qu’il est devenu.

Depuis, plus amnésique le temps allant, Ronny, retors, s’est mis à regarder Donald de haut, patiemment, au rythme de la goutte. Parallèlement, il s’emploie à devenir le plus rétrograde possible.

F… les mesures sanitaires ; Don’t say gay ; crache sur le DFauci ; réac sur l’avortement, etc.

Néandertalien, il fait son numéro de claquettes devant l’électorat conservateur, et se tape du woke pour appâter et ferrer les évangéliques.

À un point tel que, comme Trump multiplie les défaites et les conneries, beaucoup de républicains commencent à voir DeSantis dans leur soupe Chunky.

Oui, le gouverneur pourrait aussi passer son tour. Mais une montée au filet comme la sienne actuellement, ça ne se répéterait pas nécessairement à l’identique la prochaine fois. Il peut se passer bien des choses en quatre ans, et il ne manque pas de reptiles dans son patelin. Alors, c’est probablement maintenant pour lui.

Ainsi, il nous faut souhaiter un combat entre les deux aux primaires républicaines.

Et si vous croyez que la politique a parfois des odeurs de lisier, vous n’avez rien humé jusqu’à maintenant. Ils se vautreront dans la fange, copains comme cochons.

Pour le public, une main pour se pincer le nez, et l’autre dans le plat de popcorn.

Le républicain normalement constitué devrait finir par vouloir voter DeSantis, parce qu’il veut gagner, et qu’il commence à en avoir marre de la tronche orange.

Mais voici, on vit depuis quelques années dans l’anormalité, et celle-ci a pour nom la nation MAGA : Make America Great Again. Une horde, littéralement, fanatisée par sa dévotion au dingo. Un véritable culte.

PHOTO SERGIO FLORES, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Donald Trump se présentera comme indépendant s’il ne gagne pas la primaire républicaine, prédit Régis Labeaume.

Et ils sont beaucoup, une meute extrêmement mobilisée. Ils iront voter le couteau entre les dents à cette primaire, et c’est là que ça se passe.

Et Trump se déchaînera pendant cette course, puisqu’il a probablement fait le calcul que dans son cas, c’est la Maison-Blanche ou la prison.

Encore là, il faudrait que la justice là-bas ait du courage, et suive son cours, ce dont on n’est jamais sûr. Si c’était le cas, c’est la taule qui attend l’ex. Toutefois, un candidat à la présidence, ou un président en place, c’est plus difficile à coffrer.

Et s’il ne gagne pas cette primaire républicaine, il se présentera comme indépendant. Il poursuivra sa fuite, pour éviter les barreaux. C’est pourquoi il se ramasse un butin de guerre, une caisse électorale, depuis le lendemain de sa défaite.

Après les cartes à collectionner à vendre, ce sera les caleçons, les caps de roue Trump, etc. N’importe quoi.

Mais, indépendant, il perdra à la présidentielle, comme Ron comme candidat républicain. Les deux y passeront en faisant éclater le vote conservateur.

Une mornifle sismique pour le Parti républicain, et la bamboula pour les démocrates. Et Biden, qui se représentera, n’en doutez même pas, fera un second mandat.

Mais si Donald gagne la primaire républicaine, un méga chiard attend potentiellement l’Amérique.

Ainsi, la présence de Ron dans ces primaires devient notre gageure.

Il faudra prier pour lui, invoquer Saint-Innocent.

Résultat recherché : que les deux se flinguent mutuellement, et finissent cendres de combustion.

Entre nous

Parlant de fou et de fourbe, je ne suis pas encore sorti de ma période russe, mon obsession Poutine. Je revois mon psy bientôt là-dessus…

Je me suis tapé un thriller politico-financier : Oligarque. Écrit par un pseudonyme : Elena B. Morozov.

Un fils d’ouvrier qui devient milliardaire, oligarque russe et, classique, veut s’acheter une respectabilité à Londres. Comme Khodorkovsky, Berezovsky, Abramovich et d’autres.

Ce n’est pas Le mage du Kremlin, de da Empoli, mais vous ne le lâcherez pas jusqu’à la dernière page.

En passant, vous devriez lire son avant-dernier à lui, da Empoli : Les ingénieurs du chaos. Si vous croyez que le Mouvement 5 étoiles, créé par l’humoriste italien Beppe Grillo, est de la rigolade, vous allez prendre un deux minutes.

IMAGE FOURNIE PAR L'ÉDITEUR

Oligarque

IMAGE FOURNIE PAR L'ÉDITEUR

Les ingénieurs du chaos