Amateurs de théories du complot, et si vous aimez les doubles discours, attachez bien vos tuques ! La nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants a pris le pouvoir.

On n’a qu’à regarder de près leurs tout premiers jours de travail pour comprendre où ils s’en vont. Et aussi pour voir la sagesse du système de gouvernement américain qui contient suffisamment de contre-pouvoirs pour ne pas qu’une seule chambre du Congrès ne puisse tout régenter, malgré qu’elle ait le dernier mot pour approuver les dépenses de l’État.

Dès son élection comme président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy a annoncé ses priorités : la création d’un sous-comité de la Chambre sur « l’instrumentalisation de l’État contre les citoyens les plus conservateurs ». En anglais, on utilise le mot « weaponize », ce qui sonne plus agressif. Le comité devra avoir les mêmes budgets et ressources que celui qui a enquêté sur l’assaut contre le Capitole du 6 janvier 2021, précise-t-on.

Autre priorité, une enquête sur l’origine de la COVID-19, l’une des théories du complot favorites des républicains voulant que le virus ait été fabriqué en laboratoire spécifiquement pour nuire à Donald Trump. Et, bien sûr, toutes sortes d’enquêtes sur le président Joe Biden, à commencer par l’examen par le FBI de l’ordinateur portable de son fils Hunter, qui fait l’objet de toutes sortes de conjectures depuis plus de deux ans.

Mais le FBI devrait aussi faire l’objet d’une enquête, disent les républicains, pour faire partie, lui aussi, de l’instrumentalisation de l’appareil de l’État contre les gens de la droite.

Mais le tout premier projet de loi adopté par la majorité républicaine de la Chambre est particulièrement représentatif de ce qui va se passer au cours des deux prochaines années.

Sous le prétexte que l’équivalent américain du ministère du Revenu – c’est une agence aux États-Unis, l’Internal Revenue Service (IRS) – a été instrumentalisé contre les conservateurs, et les républicains en particulier, on veut empêcher l’embauche de 87 000 nouveaux employés au cours des 10 prochaines années.

Cela aurait signifié, selon les républicains, plus de 700 000 vérifications supplémentaires des déclarations de revenus de contribuables gagnant moins de 75 000 $ par an.

En fait, il s’agit tout simplement de compenser les départs – on en prévoit 52 000 dans les six prochaines années – et de moderniser le vétuste système informatique de l’IRS. La version républicaine des choses, c’est qu’on veut empêcher le gouvernement de harceler de braves contribuables. Mais la réalité, c’est ce que sont surtout les riches contributeurs au Parti républicain qui passeraient maintenant sous le radar.

Le Congressional Budget Office – l’équivalent de notre Directeur parlementaire du budget – estime que si on ne renouvelle pas le personnel à l’IRS, on se retrouvera avec une augmentation du déficit de l’ordre de 114 milliards de dollars en 10 ans.

Le tout alors que les républicains se targuent d’être le parti de la lutte contre le déficit et aussi de la loi et de l’ordre.

Tout cela est sans compter les concessions dans le fonctionnement de la Chambre des représentants qu’a dû consentir Kevin McCarthy pour être élu président au 15e tour de scrutin.

Les membres du Freedom Caucus – les ultraconservateurs du caucus républicain – se retrouvent maintenant dans des fonctions clés, par exemple pour décider quels projets de loi seront débattus par la Chambre.

Même des élus comme Marjorie Taylor Greene – devenue célèbre pour avoir ouvertement admis être une disciple de « l’oracle » QAnon et pour avoir prétendu que des incendies de forêt en Californie avaient été déclenchés par des tirs de lasers depuis l’espace, sous le contrôle de la riche famille juive des Rothschild. Ce qui lui avait valu d’être exclue de tous les comités de la Chambre.

Après avoir donné son appui à McCarthy, elle est maintenant candidate pour un siège au puissant comité des affaires internes de la Chambre (House Oversight Committee), qui peut déclencher des enquêtes sur à peu près n’importe quel sujet.

Au cours des deux prochaines années, chaque vote sur des questions comme l’augmentation du plafond de la dette ou tout simplement sur le budget risque de devenir une crise politique. Et tout cela alors que la destitution du président de la Chambre pourra faire l’objet d’un vote à la demande d’un seul représentant. Bonne chance, M. McCarthy !

L’affaire Sandro Grande

Ces dernières années, le CF Montréal multiplie les gaffes non pas sur le terrain, mais dans les bureaux. On dirait que personne dans la direction n’a d’antennes fiables, auprès des partisans et de la communauté francophone, ou un minimum de sensibilité politique, une chose essentielle dans une ville comme Montréal.

Ça n’a pas toujours été comme ça. Entre 2007 et 2018, l’Impact comptait sur l’ancien ministre Richard Legendre comme vice-président exécutif. Et des erreurs comme l’affaire Grande ou l’inutile changement de nom de l’équipe ne sont jamais arrivées sous sa gouverne. C’est un jugement comme le sien qui manque encore cruellement à l’organisation du CF Montréal.