Récemment, un journaliste a fait appel à moi pour sa chronique hebdomadaire. Il désirait connaître les émissions québécoises qui avaient marqué mon enfance. L’idée m’a amusée et spontanément j’ai répondu : Fanfreluche !

J’ai encore le vif souvenir de cette poupée qui racontait des contes et légendes aux enfants. Ce qui me fascinait par-dessus tout, c’est qu’elle arrivait à entrer physiquement dans le grand livre pour changer le cours d’une histoire qui ne lui plaisait pas afin que le dénouement soit plus juste, équitable ou heureux.

Ne rêve-t-on pas tous d’un monde comme ça ?

Cette émission jeunesse a façonné la petite fille que j’étais et le besoin de faire le bien autour de moi. Encore aujourd’hui, je reste fascinée par le thème du destin et des choix que l’on pose à la croisée des chemins.

Et si on pouvait recommencer et interpréter une scène différemment, comme on le fait sur un plateau de tournage ?

Néanmoins, ces questionnements existentiels ne m’empêchent jamais d’aller de l’avant et d’être optimiste.

Pourtant, avec le temps, cette confiance en l’avenir s’amenuise. Il suffit de lire ou d’entendre les nouvelles horrifiantes et anxiogènes provenant des quatre coins du monde pour être atterrés. Il y a des matins où c’est trop, j’ai besoin de me détacher de ce monde délétère et faire de courtes pauses de l’actualité. Ça ne dure jamais longtemps, la réalité me rattrape et surtout… l’espoir.

L’art fait du bien

En début de semaine, j’ai été invitée à la première du magnifique film de Louise Archambault Le temps d’un été.

En deux mots, un curé idéaliste hérite fortuitement d’une maison de vacances dans le Bas-Saint-Laurent. Il décide d’emmener six sans-abris à y passer l’été pour leur donner un peu de répit et d’insouciance, loin de leur misère.

IMAGE FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Affiche du film Le temps d’un été, réalisé par Louise Archambault

La réalisation est subtile et les acteurs sont tous excellents. Les silences ont leur importance et la caméra capte des regards empreints de bienveillance et de bonté. Le sujet est dur et la ligne est fine, mais jamais on ne tombe dans le cliché absolu ni dans la démagogie. Ce film m’a bouleversée. J’ai ri, j’ai pleuré et suis encore émue par tant d’altruisme et d’ouverture sur l’autre, sans jugement.

Oui, le monde va mal, et comme le disait récemment Xavier Dolan : « tout s’effondre autour de soi ».

Mais n’est-ce pas justement dans de tels moments qu’il faut « insister et continuer à raconter des histoires » ?

Ne dit-on pas que l’art fait du bien ?

La trame narrative ne sera pas forcément celle que l’on souhaite, mais la vision et l’angle choisis pour la conter donneront peut-être foi en l’humanité.

Je crois, même naïvement, que chaque part d’ombre cache un peu de lumière. Que dans le laid, on y trouve aussi du beau. Que dans l’adversité, la poésie existe. Tout est dans la façon d’observer les choses de la vie.

Je ne suis pas Fanfreluche, mais j’aime raconter des histoires, à mes enfants, à mes amis, à moi-même, qui se terminent bien ou qui laissent entrevoir une lueur d’espoir…