Cela faisait plusieurs années déjà que Stéphanie Jecrois œuvrait sur deux fronts : fonctionnaire de jour à la Ville de Montréal et bénévole à l’organisme Technovation Montréal, à raison de plusieurs heures par semaine.

Technovation Montréal – une filiale de l’organisation internationale du même nom – est un organisme à but non lucratif qui a pour vocation d’intéresser les jeunes femmes de 8 à 18 ans à l’entrepreneuriat et aux technologies, des domaines vers lesquels elles sont peu encouragées à se diriger. « Les femmes y sont encore beaucoup trop sous-représentées. »

Par ailleurs, un peu plus de 80 % des 250 à 300 participantes par année sont issues de la diversité. « Nous sommes surtout présents dans les milieux défavorisés. »

Et Technovation Montréal fait dans le très concret. Tout en apprenant les bases de la programmation, les jeunes doivent créer un jeu vidéo ou une application, élaborer un plan d’affaires, créer un prototype et présenter le tout devant des professionnels du milieu des technologies.

Le programme est offert en parascolaire sur une période de cinq mois, les participantes y consacrant de trois à cinq heures par semaine.

Ces dernières années, Mme Jecrois avait une décision à prendre. Si elle continuait à mener de front sa vie de fonctionnaire et à s’impliquer dans l’organisme qu’elle a cofondé, il allait poursuivre son petit bonhomme de chemin, sans plus. « Mais je croyais qu’il avait un bon potentiel de croissance. »

L’été dernier, elle a donc démissionné de son poste à la Ville de Montréal – un emploi en relations internationales qui lui plaisait – pour se consacrer à temps plein à Technovation.

Aujourd’hui, une centaine de professionnelles – et quelques hommes – agissent bénévolement à titre de mentores auprès des élèves. Les participantes mènent leur projet en partie en présentiel et en partie au sein de grandes entreprises technologiques qui ouvrent leurs portes aux jeunes.

« Au secondaire, il est rare qu’on ait accès à des entreprises. Ça aussi, c’est une belle expérience pour elles », souligne Mme Jecrois.

À leur arrivée, la presque totalité des participantes n’a jamais fait de codage.

À la fin du programme, « elles doivent faire un pitch en bonne et due forme devant un jury et devant 150 personnes – des gens de l’industrie, partenaires du programme, leurs parents, amis, etc. ».

Elles parlent de leur produit, se présentent comme présidentes, vice-présidentes, avec un aplomb que je n’avais pas à leur âge !

Stéphanie Jecrois, cofondatrice et directrice générale de Technovation Montréal

Mme Jecrois ajoute que plusieurs finissantes du programme ont choisi au fil des ans d’aller étudier en informatique, en programmation ou de suivre une formation en jeu vidéo au cégep.

Et cela fait grand plaisir à Mme Jecrois, qui estime qu’il faut en finir « avec l’idée que les technologies, c’est pour les geeks qui vivent dans leur sous-sol ! Les technologies, c’est très créatif et il faut montrer des modèles de femmes qui s’épanouissent dans ce domaine ».

Qui est Stéphanie Jecrois ?

Née à Port-au-Prince, en Haïti, en 1973

Diplômée en marketing et en gestion d’entreprise

Cofondatrice et directrice générale de Technovation Montréal