L’adhésion à une théorie du complot, encouragée ou non par un dirigeant populiste, devient souvent un refuge inconscient face aux soubresauts de l’actualité.

« Ça existe depuis toujours. Mais le problème a été amplifié avec l’internet et on voit clairement qu’il a aujourd’hui un impact dramatique sur la société », souligne Lilian Negura, de l’Université d’Ottawa.

Alors que leur confiance envers les institutions traditionnelles s’érode, nombre de personnes se sentent submergées par le flux d’informations et la complexité des évènements et sont en quête de « cohérence ».

Beaucoup trouvent des réponses à leurs questions dans des « scénarios simplistes » qui ont le mérite d’être plus facilement accessibles, par exemple, que des explications scientifiques pointues, note M. Negura.

L’adhésion à ces théories permet souvent aux individus concernés de développer leur estime de soi et leur donne l’impression de « connaître la vérité » de concert avec un groupe restreint d’individus privilégiés.

Les discours contradictoires, même lorsqu’ils sont basés sur des faits, sont rejetés comme des tentatives de manipulation visant à dissimuler le complot prétendument découvert.

M. Negura souligne que les théories du complot montrent souvent du doigt un groupe donné pour en faire un bouc émissaire.

Les adhérents à la théorie cherchent un coupable dans l’altérité. Ça peut être l’élite ou des minorités comme les juifs, les musulmans ou des minorités raciales.

Lilian Negura, professeur à la faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa

La pensée conspirationniste est aussi souvent une bouée pour des personnes qui ont l’impression d’être les perdants de mutations économiques et technologiques.

Ils ne font confiance « à rien ni à personne » et tendent, affirme M. Negura, à se rabattre pour guider leurs choix sur les recommandations de leurs proches, qui ne sont pas nécessairement mieux outillés pour déceler le vrai du faux.