En cette saison l’an prochain, nous serons en pleine campagne au leadership au Parti libéral du Québec. Une course qui, jusqu’ici, a suscité plus de manchettes à propos de ceux qui ne voulaient pas être candidats que des peu nombreux à se montrer intéressés.

Mais dans les coulisses, ça commence à s’activer au PLQ. Et même s’il n’y a pas encore de candidat déclaré, il y a beaucoup de téléphones et de rencontres qui se font.

Denis Coderre n’a pas encore déclaré sa candidature, mais c’est tout comme. Il a répété il y a quelques jours qu’il était à 95 % certain qu’il annoncerait sa candidature au retour de Compostelle. 

Le seul ennui pour lui, c’est que sa candidature suscite beaucoup plus de méfiance que d’adhésion au sein du PLQ. Mais on reconnaît ses talents d’organisateur – et on les craint ! Une élection au suffrage universel des membres peut vite devenir un concours de vente de cartes. « Et Denis, on sait qu’il est capable d’en vendre, des cartes », disait un militant libéral.

Coderre dit compter sur sa notoriété pour gagner. Mais, comme ç’a souvent été le cas dans sa carrière politique, il confond notoriété et popularité : tout le monde sait qui est Denis Coderre, mais c’est loin d’être tout le monde qui aime Denis Coderre. 

Quiconque a vu son passage à l’émission de Mario Dumont, il y a quelques jours, aura surtout vu un Denis Coderre hargneux et revanchard, qui avait plus envie de régler des comptes avec celle qui l’a battu deux fois, la mairesse Valérie Plante, que de parler de son avenir au PLQ. 

Par ailleurs, le seul député actuel qui ait manifesté son intérêt est Frédéric Beauchemin, mais sa candidature ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme chez ses collègues du caucus libéral. Et si les gens qui travaillent avec lui tous les jours ont des réserves, ce n’est certainement pas bon signe.

On parle souvent de François-Philippe Champagne, le ministre fédéral de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie. Mais ce « lapin Energizer » de la politique dit préférer la scène fédérale, et s’il envisage de se présenter à la direction d’un parti, ce serait plutôt le Parti libéral du Canada.

En plus, M. Champagne a un problème de calendrier. L’élection du chef du PLQ est prévue pour le printemps 2025. Et à moins que le gouvernement minoritaire de M. Trudeau ne perde la confiance de la Chambre des communes, les prochaines élections fédérales sont fixées au 20 octobre 2025.

L’ancien ministre Luc Fortin a laissé circuler son nom. Candidat défait à la mairie de Sherbrooke en 2021, il est devenu vice-président de l’agence d’affaires publiques et de relations gouvernementales TACT. Mais on dit que son intérêt se serait quelque peu refroidi.

Charles Milliard, le président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), a été approché par des militants libéraux et, s’il a admis être tenté, il ne semble pas vouloir quitter son emploi actuel.

Un nom qui circulait plus discrètement jusqu’à maintenant est celui de Karl Blackburn, actuel président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Il a, lui aussi, dit qu’il était très satisfait de sa situation actuelle. 

Mais la semaine dernière, son nom est revenu dans l’actualité dans la (toujours intéressante) chronique de Thomas Mulcair dans Montreal Gazette. En fait, Blackburn a reçu l’appui de Mulcair, qui l’a décrit comme « le meilleur espoir » du PLQ. Un appui très public qui a du poids dans la communauté anglophone, qui elle-même a beaucoup de poids au PLQ.

Il est vrai que M. Blackburn est le candidat potentiel qui coche le plus de cases du portrait-robot d’un futur chef du PLQ. 

Il a de l’expérience politique et, encore plus important dans l’état actuel du PLQ, l’expérience de l’organisation politique : il a été l’organisateur en chef du parti, puis son directeur général après un mandat comme député libéral de Roberval à l’Assemblée nationale, où il avait succédé à son père.

Un francophone parfaitement bilingue qui vient d’une région, qui a l’expérience du monde des affaires, qui est bon orateur. Bref, il coche vraiment pas mal toutes les cases.

M. Blackburn dit qu’il est très heureux au Conseil du patronat, mais il ajoute aussi qu’il n’est « pas insensible » aux appels qu’il reçoit depuis quelque temps.

Chose certaine, la conjoncture politique a beaucoup changé depuis quelques mois et le poste de chef du PLQ ne condamne plus nécessairement son titulaire à s’engager dans un travail de reconstruction à long terme sans véritable perspective de résultats à court terme.

Cela fait aussi que la course à la direction du Parti libéral du Québec pourrait aussi attirer d’autres candidats et donner lieu à des débats intéressants. 

C’est ce qui a le plus manqué à Dominique Anglade, élue par acclamation en pleine pandémie, et qui n’avait pas pu utiliser la course au leadership pour vraiment s’approprier le parti.

Qu’en pensez-vous ? Exprimez votre opinion