Les courses à l’investiture des deux grands partis américains sont, de façon informelle, terminées. Pour le meilleur et pour le pire, ce sera donc un match revanche entre Joe Biden et Donald Trump. Mais les sondages récents nous donnent quand même de bonnes indications de ce qui pourrait arriver l’automne prochain. Voici donc quelques repères en vue de l’élection présidentielle du 5 novembre.

Biden est plus impopulaire qu’en 2020…

À la dernière élection présidentielle, en 2020, 42 % des électeurs avaient une mauvaise opinion de Joe Biden, ce qui, dans un pays aussi divisé, était dans l’ordre des choses. Aujourd’hui, selon le plus récent sondage du New York Times, 59 % des électeurs ont une opinion défavorable du président Biden⁠1.

Cela est dû en bonne partie à une situation économique chancelante depuis le début de son mandat, même si presque tous les indicateurs sont revenus au vert depuis. Au sein de la campagne Biden, on se dit sûr que les bonnes statistiques économiques des derniers mois vont se faire sentir dans le portefeuille des électeurs d’ici novembre. Peut-être. Mais peut-être pas.

PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le très probable candidat républicain à l’élection présidentielle, Donald Trump, est presque aussi impopulaire que le président Biden, avec 54 % d’opinions défavorables, selon le New York Times.

… mais Trump suscite toujours les mêmes réticences qu’en 2020

Les électeurs plus instruits, les électeurs des banlieues des grandes villes et les femmes en général avaient déserté le Parti républicain à cause de la personnalité de Donald Trump. Ils ne semblent pas en voie d’y revenir selon les derniers sondages.

M. Trump est presque aussi impopulaire que son rival (54 % d’opinions défavorables, selon le New York Times), mais il y a des divisions au sein même du Parti républicain qui sont apparues au cours des dernières semaines.

Nikki Haley n’a gagné que deux élections primaires, mais elle a reçu environ 30 % des votes au super mardi, selon les sondages de sortie des urnes. Presque le tiers des républicains ne voulaient donc pas voter Trump même s’il était à peu près certain de gagner ? Ce n’est certainement pas un bon signe pour lui.

Les plus sérieux adversaires de Trump sont les juges…

La grande question est de savoir si les ennuis judiciaires de M. Trump vont le rattraper avant le 5 novembre. Il est, rappelons-le, sous le coup de 91 accusations criminelles.

Actuellement, des sondages indiquent que M. Trump perdrait jusqu’à la moitié de ses appuis chez les électeurs républicains s’il était condamné. Pas étonnant que les avocats de M. Trump, avec l’aide – tacite ou non – de certains juges, ont réussi à repousser le plus possible les échéances.

La Cour suprême des États-Unis doit entendre à compter du 25 avril la requête de l’ancien président qui estime que le président doit profiter d’une immunité pleine et entière contre toute poursuite découlant de son mandat de président. La Cour d’appel du district de Columbia a déjà statué qu’il ne pouvait invoquer cette immunité.

… mais la plupart des procès ne pourront se tenir avant l’élection

La décision de la Cour suprême – qui pourrait arriver assez rapidement vu le caractère totalement exagéré de la prétention d’immunité totale de M. Trump – est, en quelque sorte, un préalable à plusieurs des causes criminelles, qui ne vont pas pouvoir procéder avant l’avis de ce tribunal de dernier ressort.

La plus sérieuse de ces accusations – celle d’avoir conspiré pour changer l’issue de l’élection de 2020 en Géorgie – est aussi retardée par les allégations sur la vie privée de la procureure responsable du dossier.

La justice fonctionne à son propre rythme et ne tient pas compte du calendrier électoral. D’autant que M. Trump a toujours été reconnu pour épuiser tous les recours afin de retarder ses procès.

Mais deux procès vont procéder plus rapidement : le 25 mars, dans la cause des paiements à une vedette porno pour cacher une liaison, et le 20 mai, dans la cause des documents traitant de secrets d’État retrouvés à son domicile de Floride.

M. Trump va donc faire campagne en étant accusé devant divers tribunaux, mais il n’est pas certain qu’il fasse l’objet d’une condamnation avant l’élection présidentielle. Et il pourra toujours faire appel.

L’âge de Joe Biden est un sérieux problème…

Pas moins de 70 % des électeurs croient que Joe Biden, à 81 ans, est trop vieux pour être président. Ses lapsus et son apparente fragilité ont fait les manchettes ces derniers mois. Mais quiconque a écouté le discours sur l’état de l’Union sait qu’il ne faut surtout pas sous-estimer ce vieux lion.

… mais Trump n’est pas beaucoup plus jeune

Le jour du scrutin, Trump aura 78 ans. Il est donc de la même génération que Biden et, lui aussi, a des problèmes de mémoire et il lui arrive d’être confus.

Pendant la campagne électorale, les médias vont nécessairement scruter plus minutieusement les déclarations de M. Trump – qui s’en est plutôt bien tiré jusqu’à maintenant – et les deux camps vont diffuser largement le moindre incident sur toutes les plateformes.

1. Consultez le sondage du New York Times (en anglais ; abonnement requis) Qu’en pensez-vous ? Exprimez votre opinion