La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

L’expression « faire du sens », calquée sur l’anglais « to make sense », est toujours critiquée. On l’évitera si on cherche à s’exprimer soigneusement et on suivra plutôt les recommandations des ouvrages de référence.

De nombreuses expressions sont possibles, selon le contexte, pour traduire « it makes sense ». Cela a du sens, ça se tient, ça tient la route, c’est une bonne idée, ça paraît raisonnable. Et pour traduire « it doesn’t make sense » : ça n’a pas de sens, ça n’a aucun sens, c’est insensé, ça ne tient pas debout, ce n’est pas logique, ça ne rime à rien, c’est à n’y rien comprendre.

On emploie aussi la locution cela tombe sous le sens pour signifier cela va de soi, c’est évident.

Dans l’immense majorité des cas, le s final du mot sens se prononce. On est censé (et non sensé) le faire entendre dans des expressions comme en dépit du bon sens, ça n’a pas de bon sens, sans bon sens.

Il y a deux exceptions, soit les expressions sens devant derrière et sens dessus dessous (le mot orthographié sans est une erreur). Ici, sens est une altération graphique de l’ancien français, lit-on dans le Petit Robert de la langue française. À l’origine, ces deux expressions s’écrivaient c’en dessus dessous, « c’est-à-dire ce [qui était] en dessus… » et c’en devant derrière.

Une autre expression, faire sens, est elle aussi critiquée, mais également défendue, notamment par le linguiste belge Michel Francard. Dans sa chronique de langue « Vous avez de ces mots » (à laquelle il a mis fin en 2022), il s’est penché sur cette expression qu’on lui a reprochée. La construction était déjà employée en français au XVe siècle, signale-t-il. À cette époque, elle signifiait « faire quelque chose de sensé ». Aujourd’hui, on l’emploierait plutôt pour signifier « donner du sens, devenir intelligible ».

Il se peut bien que son emploi soit influencé par l’anglais (ce qui n’est pas condamnable en soi), mais cette expression ressemble à d’autres « expressions figées bien françaises comme faire appel, faire difficulté, faire silence, faire signe », fait-il remarquer.

Courrier

Le mot membre au féminin

Pourquoi le mot membre, lorsqu’il désigne une personne, est-il toujours masculin ? Lorsque j’écris « une membre », les correcteurs automatiques m’indiquent une erreur ou indiquent : ajouter au dictionnaire.

Réponse

On trouve membre au féminin dans certaines sources, par exemple le Petit Robert de la langue française ou le Multidictionnaire de la langue française, qui précise : « L’OQLF considère désormais comme épicène le nom membre en ce sens. Un membre, une membre. » Elle est membre agréée de cet ordre professionnel. C’est une membre active du comité.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.