Quatre ans après Antoinette dans les Cévennes, la cinéaste Caroline Vignal dirige de nouveau l’actrice Laure Calamy dans Iris et les hommes, pétillante comédie où une femme se sentant négligée par son mari découvre avec délice les applications de rencontre.

Dentiste à la tête de son propre cabinet, mariée depuis 22 ans à Stéphane (Vincent Elbaz), mère de deux filles exemplaires, Iris (Laure Calamy) a tout pour être heureuse... sauf qu’il ne se passe plus rien dans la chambre à coucher. Ayant eu ouï-dire de la situation lors d’une rencontre à l’école, Sylvia (Olivia Côté, qui incarnait la femme de l’amant de Calamy dans Antoinette dans les Cévennes) suggère à Iris de s’inscrire à une application de rencontre. Dès lors, les notifications se multiplient sur le téléphone de la sage quadragénaire qui prendra plaisir à s’encanailler.

« J’avais envie que mon personnage n’ait pas un amant, mais une multitude. Et j’avais envie que ça se passe bien, c’était ça qui m’importait, un peu pour aller contre toutes ces histoires qu’on nous a racontées où, quand une femme a un amant, ça se termine de manière tragique. Là, il n’y a pas de tragédie du tout, pas de drame, no drama ! », explique Caroline Vignal, rencontrée en janvier aux Rendez-vous d’Unifrance à Paris.

La question de l’adultère

Si elle traite joyeusement de l’adultère, la cinéaste se garde bien de vouloir en faire la promotion ni d’avancer que c’est la solution idéale pour pimenter une vie de couple enlisée dans le train-train quotidien. « Aussi bizarre soit-elle, que trouve Iris dans cette solution ? Une part d’elle-même qu’elle a complètement perdue. C’est surtout ça que raconte le film. Les choses ne sont pas très dites, ça reste un peu implicite, mais on comprend qu’au-delà du fait qu’ils ne font plus l’amour, elle et son mari ont du mal à se parler aussi, ils ne communiquent plus beaucoup. En fait, en allant chercher ailleurs, Iris ramène de la vie chez elle, donc tout le monde y gagne au final. »

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Scène du film Iris et les hommes

Ayant en tête un personnage plus âgé que Laure Calamy, la réalisatrice a finalement cédé à la tentation de retravailler avec l’actrice qu’elle avait dirigée dans Antoinette dans les Cévennes, où elle incarnait une femme qui part en vacances au même endroit que son amant, qui y a emmené sa femme et leur enfant. Dans le rôle du mari, elle a volontairement choisi un acteur séduisant.

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Scène du film Iris et les hommes

« Je me disais que ça renforcerait le mystère parce que pour moi, la beauté n’a rien à voir avec le désir. Et du coup, le fait qu’il soit beau, ça raconte quelque chose sur, justement, le fait qu’on peut se perdre et que ce n’est pas parce qu’il a pris du bide ou je ne sais quoi qu’elle n’a plus envie de lui. Ce n’est pas non plus le fait que Stéphane est en télétravail, comme c’est le cas de beaucoup de gens maintenant, et que les sphères de l’intime et du travail se mélangent complètement. Voilà, c’est juste la vie qui provoque ça. »

Ce qui plaisait à Caroline Vignal dans le choix des acteurs, c’est la différence de taille, un peu moins de 30 centimètres, entre Laure Calamy et Vincent Elbaz, et entre l’énergie de la première et la placidité du second.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Caroline Vignal, cinéaste

Elle est face à quelqu’un qui est comme un clown blanc, qui ne dit pas grand-chose, qui est un peu ébahi devant son espèce de démonstration de folie permanente. Le fait d’avoir quelqu’un devant soi qui n’est pas conflictuel, ça rend encore plus fou. C’est ça qui fait monter la sauce, quoi.

Caroline Vignal, cinéaste

On connaît la chanson

C’est après qu’une amie, nouvellement célibataire et adepte des applis de rencontre, lui eut dit qu’« il pleuvait des hommes » que la cinéaste a eu l’idée d’écrire Iris et les hommes, qui a bien failli s’appeler Il pleut des hommes. En cours d’écriture, avec la scénariste et dialoguiste Noémie De Lapparent, Caroline Vignal s’est donné le défi d’inclure la chanson It’s Raining Men, des Weather Girls, reprise par l’ex-Spice Girl Geri Halliwell, dans le film. Elle l’a donc adaptée en français pour une scène où Iris chante le bonheur qui s’offre à elle.

« C’était vraiment génial à faire ! C’était un grand fantasme pour moi de faire de la comédie musicale. J’en ai écrit une il y a longtemps que je n’ai pas réussi à faire parce que ça coûtait très cher, et voilà, je me suis fait à moi-même ce cadeau de tourner cette scène de comédie musicale. J’avais déjà vu Laure danser dans des fêtes et je savais que c’est quelqu’un de très physique. Elle s’est énormément investie, elle a beaucoup travaillé avec une chorégraphe et avec une personne qui l’a aidée à chanter. Laure prend énormément de plaisir à travailler et elle nous le communique. »

En dehors de ce numéro musical, Iris et les hommes s’appuie sur des recherches que la cinéaste a menées en s’inscrivant elle-même sur un site de rencontre afin que son récit soit ancré dans la réalité. L’histoire ne dit pas si elle y a rencontré la perle rare, mais Caroline Vignal qualifie l’expérience de fascinante.

« Je n’étais jamais allée sur un site de rencontre. C’est un peu comme basculer dans un monde où, tout d’un coup, partout, il y a des hommes qui sont des amants potentiels. C’est Alice au pays des merveilles ! Ce qui est assez grisant si on ne se sent pas agressée par ça et qu’on utilise les applications de rencontre de manière, disons, récréative, et non pas pour chercher le grand amour, c’est qu’on a les commandes. Ce n’est pas comme quand on est emmerdée dans la rue ou quand on se fait draguer. Ça permet une liberté qu’on n’aurait pas forcément. J’ai l’impression d’avoir découvert un peu grâce aux applications de rencontre une façon d’être en relation avec les hommes, qu’on appelle avoir des sex friends, que je trouve géniale et qui me semble assez nouvelle. Comme on voit dans le film, chacun donne, chacun prend, et il n’y a pas de victimes. »

En salle le 29 mars

Les frais du voyage ont été payés par Unifrance.