Dans Dernière nuit à Milan, troisième long métrage d’Andrea Di Stefano, Pierfrancesco Favino incarne un policier intègre impliqué dans une situation dangereuse la veille de sa retraite. La Presse a rencontré l’acteur italien lors de son récent passage à Montréal.

Policier exemplaire depuis 35 ans, Franco Amore (Pierfrancesco Favino) s’apprête à prendre sa retraite. Or, à peine vient-il d’arriver chez lui, où sa femme Viviana (Linda Caridi) lui a préparé une fête surprise, que son supérieur immédiat lui ordonne de se rendre sur une sanglante scène de crime. La dernière nuit d’Amore, qui n’a jamais eu à se servir de son arme, risque d’être longue et périlleuse.

« Andrea Di Stefano a dit qu’il avait écrit ce rôle pour moi, confie l’acteur, très à l’aise dans la langue de Molière. C’est quelque chose qui fait plaisir et en même temps, c’est un peu étrange, car il faut se demander pourquoi il avait pensé à moi... On ne sait jamais ce que les autres voient de nous, ce que le public va voir ou découvrir de nous. C’est le destin d’un acteur, ce qui est à la fois amusant et très intéressant. Dès que j’ai lu le scénario, je l’ai trouvé tellement bien que je voulais immédiatement faire le film. »

Réalisateur d’Escobar (2014) et de L’informateur (2019), Andrea Di Stefano s’est d’abord fait connaître comme acteur ; on l’a notamment vu dans Avant que tombe la nuit (2000), de Julian Schnabel, et Ne te retourne pas (2009), de Marina de Van. Dans son premier film, Le prince de Hombourg (1997), de Marco Bellocchio, où il tenait le premier rôle, Andrea Di Stefano donnait la réplique à nul autre que Pierfrancesco Favino.

Question de confiance

L’idée de renouer avec son ancien partenaire à l’écran a plu à l’acteur : « Être en face de la caméra peut être traumatique, alors si tu travailles avec quelqu’un qui a ce type d’expérience, surtout si tu as joué avec lui, tu peux lui faire confiance sur plusieurs niveaux. »

Et de la confiance, il en fallait puisqu’une grande partie de l’action de Dernière nuit à Milan a été tournée sur une autoroute en pleine nuit, évidemment, au beau milieu de la circulation. En plus d’être tourné en format 35 mm, le film comporte plusieurs séquences tournées à 360 degrés.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Pierfrancesco Favino

Pendant huit semaines, on a bloqué une autoroute à Milan ; tout a été fait en totale sécurité. L’unité d’espace a beaucoup aidé sur le plan de la concentration, de la compréhension de ce que le personnage vit. On se sentait un peu comme sur la scène d’un théâtre ; on ne savait jamais où la caméra allait nous prendre.

Pierfrancesco Favino

« D’un côté, on éprouvait une certaine liberté, mais de l’autre, c’était très compliqué parce que les caméras tournaient à 360 degrés, donc tout le monde devait être prêt en même temps. En plus, avec le 35 mm, on voit la lumière partout, mais on ne sait jamais où finit le cadre. À l’image, ça donne une profondeur différente. Ça faisait longtemps que je n’avais pas tourné en 35 mm et je crois que ça ajoute beaucoup à la qualité du film. »

Loin des clichés

Au-delà des défis techniques qu’a entraînés le tournage de Dernière nuit à Milan, ce qui intéressait avant tout l’acteur, à qui on offre beaucoup de rôles de criminels (surtout hors de l’Italie où il est très demandé), c’était de prêter vie à un personnage qui s’éloigne des clichés. Même s’il devra faire des gestes auxquels il n’aurait jamais pensé au cours de cette nuit infernale, Franco Amore n’a rien d’un héros qu’on rencontre dans les films américains.

« Symboliquement, la nuit, c’est l’instant où on est forcé à faire des choix très importants dans notre vie. Dans ce type de film, surtout s’il vient des États-Unis, le héros sait toujours maîtriser ce genre de situation, mais là, on a un homme qui n’y est pas du tout préparé. Dans un thriller, cela ajoute beaucoup de tension, et dans ce cas-ci, une petite touche d’italianité ; quand on pense aux héros italiens du passé, comme ceux d’Alberto Sordi, on trouve des personnages surpris de découvrir leur force. Lorsque je choisis un rôle, c’est qu’il y a quelque chose dans l’humanité du personnage qui m’intéresse et qui peut intéresser le public. Je ne le fais pas pour ma carrière, mais pour y trouver quelque chose que nous voulons voir dans nos films. »

En salle

Qui est Pierfrancesco Favino ?

Né le 24 août 1969, à Rome, ce diplômé de l’Académie d’art dramatique rencontre la gloire internationale en 2005 grâce à Romanzo Criminale, de Michele Placido.

Jouant dans diverses productions étrangères, dont World War Z (2013), de Marc Forster, il remporte le prix de la meilleure interprétation masculine pour Padrenostro, de Claudio Noce, à la Mostra, en 2020.

En 2024, on le verra dans Maria, de Pablo Larrain, et Le comte de Monte-Cristo, d’Alexandre De La Patellière et Mathieu Delaporte.