Sur le point de fêter sa retraite avec sa famille et ses amis, un policier est appelé d’urgence sur une scène de crime.

Présenté hors compétition à la dernière Berlinale, Dernière nuit à Milan, troisième long métrage d’Andrea Di Stefano (Escobar, L’informateur), envoûte le spectateur dès la séquence d’ouverture, tournée de nuit à partir d’un hélicoptère et non d’un drone. Jamais Milan n’aura été présenté ainsi sur grand écran. Dans la caméra de Guido Michelotti, qui a filmé le tout en 35 mm, la ville italienne, qui a inspiré tant de films policiers, se donne des airs de métropole américaine.

Ayant rencontré divers policiers, carabiniers et membres de la DIA (Direction des enquêtes antimafia), Andrea Di Stefano souhaitait explorer la criminalité telle qu’elle est vécue de nos jours dans le centre économique de l’Italie. Le scénario qu’il a tiré de ces témoignages est solidement ficelé et en tiendra plus d’un en haleine. Et ce, jusqu’au tout dernier plan, aussi bouleversant que glaçant.

Ce faisant, le réalisateur s’est plu à revisiter avec panache les codes d’un genre ayant fait les beaux jours des années de plomb, de la fin des années 1960 au début des années 1980, c’est-à-dire le poliziottesco ou polar spaghetti. En fait, le genre de film où le sang coule et qui se termine rarement bien. Le genre de polar où l’on croise des policiers atypiques. Le cinéaste devait ensuite trouver l’acteur parfait pour incarner Franco Amore, policier intègre qui, après 35 ans de carrière au cours de laquelle il ne s’est jamais servi de son arme, découvre le cadavre de son ami et collègue Dino (Francesco Di Leva) sur une scène de crime. Dans le rôle de cet antihéros dépassé par les évènements, Pierfrancesco Favino, l’intensité dans le regard, la fièvre au corps, s’est avéré le candidat idéal.

Dès lors, Di Stefano entraîne le spectateur sur de fausses pistes. Peu avant d’être appelé par son commandant chez lui, où sa femme Viviana (Linda Caridi, d’un jeu viscéral) lui avait préparé une fête surprise, Amore avait déjà été présent sur les lieux. Le récit fait alors un bond en arrière, permettant de faire ainsi entrer en scène des personnages à qui personne n’oserait donner le bon Dieu sans confession.

La pièce de résistance de Dernière nuit à Milan, voire le tour de force d’Andrea Di Stefano, c’est l’enchaînement de scènes, tournées avec des caméras à 360 degrés, se déroulant sur l’autoroute où gît Dino. Traqué de toutes parts, Amore arpente furtivement les lieux, tentant à chaque geste qu’il fait de devancer l’adversaire et d’échapper à son regard, tandis qu’il se prépare, en cette dernière nuit de service, à devenir l’homme qu’il n’aurait jamais pensé être. Puissant.

En salle

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L’Ultima Notte di Amore (V.F. : Dernière nuit à Milan)

Thriller

L’Ultima Notte di Amore (V.F. : Dernière nuit à Milan)

Andrea Di Stefano

Pierfrancesco Favino, Linda Caridi, Antonio Gerardi

2 h 04

8/10