Dans un monde pas si différent du nôtre, les cœurs sont des objets. Une femme décide d’arracher le sien à la suite d’une série d’évènements troublants.

À l’image de son titre, With Love and a Major Organ se déploie en deux temps.

La première partie dépeint une réalité dans laquelle la plupart des gens se fient à des applications et à des centres de soins ésotériques pour gérer leurs émotions. On se croirait dans un épisode de Black Mirror tellement cette façon de vivre semble être à nos portes.

La pétillante Anabel (excellente Anna Maguire) n’entre pas dans ce moule qui ne pourrait contenir son désir d’expression et sa spontanéité. On la voit peindre – avec son corps –, enregistrer sur cassette des poèmes, danser avec un partenaire imaginaire... c’est un esprit libre qui ne succombe pas à la futilité de son emploi de courtière d’assurances virtuelles – dans le cas où votre nuage et son contenu disparaîtraient. Sa collègue et meilleure amie Casey (convaincante Donna Benedicto) est son opposée, mais les deux s’aiment bien.

Un jour, Anabel s’éprend de George (étonnant Hamza Haq), qu’elle a remarqué au parc où elle prend ses pauses. Le sentiment de l’homme introverti qui habite avec sa mère autoritaire (Veena Sood) n’est pas réciproque. D’autres évènements dramatiques bouleverseront la femme pourtant si optimiste, ce qui la poussera à s’arracher le cœur, une lanterne. George en héritera et son regard face à la vie changera complètement.

L’approche artistique et quelque peu décousue de la première moitié cède alors la place à un récit plus conventionnel, mais qui touche davantage la cible. Le changement de perspective des deux protagonistes et les effets sur leur entourage mettent en lumière les petits détails qui font qui nous sommes. Anna Maguire et Hamza Haq livrent des performances inspirées qui vont au-delà de la simple substitution de personnalité : le nouveau cœur de George l’illumine, tandis qu’Anabel s’éteint graduellement.

La première réalisation de Kim Albright, qui a étudié l’architecture à Montréal, est rafraîchissante davantage dans son fond que dans sa forme. On imagine que les idées les plus novatrices se trouvaient déjà dans la pièce que Julia Lederer a elle-même adaptée pour le cinéma. With Love and a Major Organ, qui a reçu le prix du meilleur film décerné par le Canadian Film Fest, démontre tout de même suffisamment de maîtrise pour qu’on reste à l’affût des prochains projets de la cinéaste canadienne, britannique et philippine.

En salle

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With Love and a Major Organ 
(V. F. : L’objet de mon cœur)

Comédie dramatique

With Love and a Major Organ
(V. F. : L’objet de mon cœur)

Kim Albright

Avec Anna Maguire et Hamza Haq, Donna Benedicto

1 h 31

6/10