Inquiets pour l’avenir de leur communauté et la santé de leur territoire, des habitants du centre nord du Mexique font face à des sociétés minières qui, selon eux, vont jusqu’au tuer pour imposer leur loi. Et faire taire ceux qui s’opposent à elles.

Le regard peut courir loin, loin, sur la terre de Roberto de la Rosa, dans le centre du Mexique. La caméra, patiente, lui emboîte le pas lorsqu’il va couper des courges et ne manque jamais de lever sa lentille comme on lèverait la tête pour embraser cet horizon fait de montagnes et de vallées abreuvées de soleil. Elle donne à voir la végétation sur laquelle passe le vent et le temps qui passe, simplement.

Ce serait beau si, au loin, là où le paysan porte son regard, il n’y avait pas eu cette explosion.

La nature n’est pas toujours paisible autour de chez Roberto de la Rosa. Ses terres sont en effet ceinturées par des mines. L’une d’elles appartient à Carlos Slim, explique-t-il. Cet homme est l’un des plus riches du monde. Ses activités minières ne sont qu’une partie de son empire. Il est aussi un poids lourd des télécommunications et des médias. Il possède même des parts dans la société propriétaire du New York Times

Roberto de la Rosa n’est pas qu’un agriculteur, c’est aussi un militant. Il tente depuis des années d’attirer l’attention sur les agissements des sociétés minières mexicaines, mais aussi américaines et canadiennes chez lui, au Mexique. Il dénonce les déplacements forcés de citoyens, les atteintes à l’environnement, les menaces faites à la population.

La garde blanche, de Julien Élie (Soleils noirs), raconte son histoire, mais aussi celle de plusieurs autres citoyens qui vivent dans la peur. Ils décrivent une dynamique funeste dans laquelle les entreprises minières marchent main dans la main avec les cartels mexicains qui se chargent d’intimider les habitants, sinon de les faire taire pour toujours, allègue le documentaire. La « garde blanche », ce sont ces hommes en camionnette blanche qui font régner la loi du plus fort.

Julien Élie raconte une histoire à la David et Goliath désespérante, mais avec un regard d’une grande finesse. Son film avance d’un pas lent, évoquant la lourdeur du quotidien pour ces gens qui ne voient pas le bout de la lutte qu’ils mènent. Si l’œuvre traîne un peu en longueur (on aurait pris 30 minutes de moins), ses images sont belles et éloquentes. La manière dont les lieux sont filmés impose un triste constat : même au grand air, Roberto de la Rosa et ses concitoyens vivent en prison.

La garde blanche est présenté en version originale en espagnol avec sous-titres français ou anglais. Une projection suivie d’une période de questions avec le cinéaste Julien Élie et la monteuse Xi Feng, animée par le rédacteur en chef de 24 Images, Bruno Dequen, est prévue vendredi soir au Cinéma Beaubien dès 18 h 45.

En salle

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La garde blanche

Documentaire

La garde blanche

Julien Élie

Avec Roberto de la Rosa et ses concitoyens

1 h 49

7/10