Prisonnière d’une vieille maison en compagnie de deux femmes aux caractères opposés, une femme cherche désespérément son mari.

Avec son cinquième long métrage, et premier long métrage en anglais, le cinéaste québécois d’origine turque Onur Karaman (Là où Attila passe..., Respire) offre ce qu’il appelle de la « poésie visuelle ». Certes, les images en noir et blanc, ponctuées de plans envahis de rouge, que signe le directeur photo Tom McNamara possèdent un envoûtant charme gothique et l’ambiance tour à tour anxiogène et mélancolique que crée le réalisateur peut évoquer à certains moments la poésie d’Edgar Allan Poe. Hélas, malgré d’indéniables qualités visuelles, Emptiness ne convainc guère.

Campé dans une vieille maison de campagne dans un temps indéfini, ce drame d’horreur met en scène trois femmes dont les liens et les raisons qui les unissent demeureront un mystère – malgré quelques éléments télégraphiés. En proie à d’inquiétantes, à défaut d’être horrifiques, visions, Suzanne (Stéphanie Breton) réclame constamment son mari. Exaspérée de l’entendre, Nicole (Anana Rydvald) ne cesse de la rabrouer et lui interdit de sortir et, surtout, de se rendre dans la grange. Pour sa part, la discrète et bienveillante Linda (Julie Trépanier) fait montre d’empathie envers Suzanne. S’ensuivent d’assommants dialogues qui sonnent creux et qui dévoilent si peu sur les personnages et les enjeux dramatiques que peu nous chaut de savoir quel sort leur réserve Onur Karaman, également scénariste, monteur et coproducteur du film.

Si la conception sonore de Michael Binette et les effets spéciaux de Simon Harrison s’avèrent efficaces, force est d’admettre qu’Emptiness distille bientôt l’ennui. La progression du récit est si laborieuse, les scènes étant platement et inutilement répétitives, que le scénario aurait eu avantage à être condensé en un court métrage pour être réellement prenant et digne d’intérêt.

Doué pour le drame social et les peintures de mœurs, où il s’intéresse aux jeunes laissés-pour-compte et aux difficultés des migrants, Onur Karaman échoue à esquisser un portrait de femme crédible. Tandis que se termine abruptement cette plongée dans la psyché féminine doublée d’une réflexion sur le manque et la perte, les carences scénaristiques se révèlent encore plus criantes. Perdues dans cet univers aux contours flous, les trois actrices parviennent à tirer leur épingle du jeu malgré une partition manquant de chair et d’âme.

En salle

Consultez l’horaire du film
Emptiness (V. O. de Le vide)

Drame d’horreur

Emptiness (V. O. de Le vide)

Onur Karaman

Stéphanie Breton, Anana Rydvald, Julie Trépanier

1 h 16

5/10