(Montréal) Après une contre-performance pour son entrée en scène aux Championnats du monde, le patineur artistique montréalais Nikolaj Sørensen a été rattrapé par la controverse qui entoure sa participation à la compétition de danse avec sa partenaire Laurence Fournier Beaudry, vendredi après-midi, au Centre Bell.

Au lendemain du triomphe de Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps en couple, l’équipe canadienne était représentée par trois duos en danse, épreuve où elle peut viser un autre podium. Cinq heures après le début de la danse rythmique, les regards étaient tournés vers Sørensen et Fournier Beaudry, premiers à s’élancer dans le huitième et dernier groupe.

Fournier Beaudry a perdu l’équilibre sur la séquence de voltes, une erreur qui a plombé le reste de la chorégraphie livrée sur un medley de la musique du film Top Gun. Sørensen a fermé les yeux à la conclusion de la prestation, probablement conscient que cet accroc leur coûterait cher.

Dans la zone du « kiss and cry », les danseurs ont attendu le dévoilement du pointage d’un air stoïque, accompagnés de leur entraîneur Patrice Lauzon. Les cinquièmes des derniers Mondiaux n’ont à peu près pas réagi à l’affichage de leur score de 75,79 points, soit sept de moins que leur sommet cette saison.

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Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sørensen

Les médaillés d’argent des Championnats des quatre continents se sont ensuite présentés devant les journalistes.

« On était super excités de venir ici au Centre Bell pour performer devant tout le monde du Canada et toute la famille », a entamé Fournier Beaudry, les yeux plantés dans ceux de Sørensen, qui est aussi son conjoint.

C’est sûr qu’on a un petit peu une déception par rapport à l’erreur technique qui est arrivée aujourd’hui durant notre performance. Mais c’est une erreur du moment et on veut juste continuer de regarder vers l’avant.

Laurence Fournier Beaudry

Sørensen a enchaîné en évoquant son bonheur d’évoluer à la maison devant un public qui n’a pas souvent la chance d’assister à des compétitions internationales de cette envergure en patinage artistique.

  • Nikolaj Sørensen et Laurence Fournier-Beaudry ont dû se contenter du 10e rang, vendredi, avec leur programme court en danse rythmique dans le cadre des Championnats du monde de patinage artistique.

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    Nikolaj Sørensen et Laurence Fournier-Beaudry ont dû se contenter du 10e rang, vendredi, avec leur programme court en danse rythmique dans le cadre des Championnats du monde de patinage artistique.

  • Le couple canadien a livré une performance sur un medley de la musique du film Top Gun.

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    Le couple canadien a livré une performance sur un medley de la musique du film Top Gun.

  • Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

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    Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

  • Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

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    Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

  • Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

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    Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

  • Nikolaj Sørensen et Laurence Fournier-Beaudry en action

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    Nikolaj Sørensen et Laurence Fournier-Beaudry en action

  • Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

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    Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sørensen en action

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« C’est avec une grande fierté qu’on a réussi quand même 95 % de notre programme, a-t-il ajouté. On va se tenir la tête haute, puis on va revenir. »

Comme l’avait admis leur entraîneuse Marie-France Dubreuil plus tôt cette semaine, Sørensen a reconnu que les accusations de viol portées par une ex-patineuse et entraîneuse américaine devant le Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport (BCIS), une instance canadienne, avaient représenté un dur coup, tant pour lui que pour sa partenaire, qu’il n’a pas lâchée du regard à chacune de ses réponses.

« Ça a joué beaucoup sur notre mental, c’est sûr, a-t-il déclaré en français. On est un couple très, très, très soudé, très, très fort, mais avec un petit peu de pression, comme vous le savez, c’est sûr que ça a été un peu plus difficile que dans des circonstances normales. On est toujours là, on se sent prêts et on est très fiers d’être ici. On garde la tête haute pour demain. »

Représailles ?

Le Danois d’origine a été rattrapé par ses premières déclarations publiques, deux semaines plus tôt, depuis le dévoilement de cette affaire par le quotidien américain USA Today, le 4 janvier. Réaffirmant son innocence, il avait formulé ceci en mêlée de presse auprès de journalistes québécois : « Quand ça sort dans les médias, le dommage est déjà fait. Je pense que c’était ça l’intention plus qu’autre chose. »

Cette déclaration constitue un cas de « représailles » à l’endroit de la victime alléguée, a tonné l’avocate de cette dernière dans un article de USA Today publié jeudi. Ces commentaires « ont mis en doute les motivations de la personne signalant un viol au BCIS, une forme de représailles interdite par le BCIS », a-t-elle affirmé à Christine Brennan, la journaliste qui a dévoilé l’affaire.

Questionné à ce sujet, Sørensen a assuré qu’il ignorait l’existence de ce nouvel article. « Je ne suis pas au courant du tout, a-t-il dit. Moi, j’ai suivi tous les règlements et c’est pas mal tout ce que je peux dire là-dessus. »

Relancé en anglais par Mme Brennan, le patineur de 35 ans a indiqué qu’il ne pouvait répondre à sa question. Quelques secondes plus tôt, il avait expliqué que l’accusation portée par la victime alléguée pouvait être « vraiment traumatique » quand une personne « a le sentiment de n’avoir rien fait de mal ». C’est pourquoi, a-t-il exposé, sa partenaire et lui s’étaient retirés des Championnats canadiens de Vancouver, quelques jours après la publication de l’article original.

Fournier Beaudry, une Montréalaise de 31 ans, a rappelé qu’ils « se sont entraînés vraiment fort pour être ici et avoir la chance de performer » à Montréal.

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Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Soerensen

Dans sa déposition au BCIS, l’ex-patineuse américaine, dont l’identité est inconnue, affirme avoir « craint pour sa vie » quand Sørensen l’a forcée à avoir une relation sexuelle lors d’une fête à Hartford en 2012. Dans un message envoyé à Christine Brennan, elle a précisé que sa plainte était motivée par sa peur profonde que Sørensen ne fasse d’autres victimes, en particulier s’il devenait entraîneur. L’enquête est toujours en cours. Si des sanctions sont infligées, elles seront rendues publiques.

Erreur coûteuse

Au terme d’une journée bien remplie – ils dirigeaient en tout ou en partie plus du tiers des 36 duos en lice –, Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon ont souligné à quel point la pression a été lourde à porter pour Fournier Beaudry et Sørensen.

« Ça n’a pas été facile de les amener jusqu’ici, ont-ils indiqué à La Presse. C’est déjà un succès qu’ils y soient arrivés et qu’ils puissent se battre comme il faut. »

La coach de performance de leur école I.AM, sise à l’aréna Gadbois, dans Saint-Henri, s’est assurée de tenir les deux athlètes loin de ce qui se disait et s’écrivait dans les médias. « Ils ont quand même eu du support de la foule, a souligné Dubreuil. Seulement, leur vie n’a vraiment pas été facile depuis que l’article est sorti. »

Sur le plan sportif, les voltes ont causé des ennuis toute la semaine à Fournier Beaudry, a révélé Lauzon.

« Elle n’a pas réussi à les contrôler ce soir [vendredi]. Les twizzles, c’est un élément risqué en danse. C’est là où la plupart des erreurs se font. La moindre erreur coûte cher, surtout comme aujourd’hui, où à peu près personne n’en a fait. »

« Incroyable, magique ! »

Les Américains Madison Chock et Evan Bates, deux membres d’I.AM, ont dominé la danse rythmique avec un pointage de 90,08, se donnant une bonne option pour un deuxième titre mondial en prévision du programme libre de ce samedi. Les Italiens Charlène Guignard et Marco Fabbri ont suivi avec 87,52, tout juste devant les Canadiens Piper Gilles et Paul Poirier (86,51).

  • Les Canadiens Piper Gilles et Paul Poirier ont pris le troisième rang provisoire avant les programmes libres de samedi.

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    Les Canadiens Piper Gilles et Paul Poirier ont pris le troisième rang provisoire avant les programmes libres de samedi.

  • Piper Gilles et Paul Poirier

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    Piper Gilles et Paul Poirier

  • La paire canadienne formée de Marjorie Lajoie et de Zachary Lagha s’est installé au cinquième rang grâce à leur performance inspirée de Thriller.

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    La paire canadienne formée de Marjorie Lajoie et de Zachary Lagha s’est installé au cinquième rang grâce à leur performance inspirée de Thriller.

  • Marjorie Lajoie et Zachary Lagha

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    Marjorie Lajoie et Zachary Lagha

  • Les vainqueurs de la journée, Madison Chock et Evan Bates, des États-Unis

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    Les vainqueurs de la journée, Madison Chock et Evan Bates, des États-Unis

  • La paire néerlandaise formée de Hanna Jakucs et d’Alessio Galli

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    La paire néerlandaise formée de Hanna Jakucs et d’Alessio Galli

  • Les Américains Christina Carreira et Anthony Ponomarenko

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    Les Américains Christina Carreira et Anthony Ponomarenko

  • Le tandem britannique formée de Lewis Gibson et de Lilah Fear

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    Le tandem britannique formée de Lewis Gibson et de Lilah Fear

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Le jeune duo composé de Marjorie Lajoie et de Zachary Lagha, 23 et 24 ans, deux autres protégés de Dubreuil et Lauzon, ont causé la surprise en s’installant en cinquième position grâce à un dynamique medley sur Thriller, de Michael Jackson.

Victime d’une sérieuse commotion cérébrale au début de l’année, la patineuse de Boucherville a eu très peur de rater le rendez-vous mondial, mais elle a reçu le feu vert à la dernière minute.

« C’est vraiment touchant parce que je n’étais même pas sûre que j’allais être capable d’être ici, a dit Lajoie, tout sourire. Ça fait deux mois et demi que j’ai eu ma commotion et j’ai eu le go du médecin une semaine avant la compétition. J’ai suivi le protocole à la lettre et c’est grâce à ça que j’ai pu y être. On a eu deux, trois semaines pour se préparer. De réussir un sommet personnel cette saison, c’est magique, c’est incroyable ! »

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Marjorie Lajoie et Zachary Lagha

Pourtant, l’intense Lagha a affirmé qu’il n’avait « pas hâte » de fouler la glace du Centre Bell ce samedi. « On va en profiter [aujourd’hui] parce que vous devez comprendre que pour la plupart des patineurs, je dirais qu’un bon 90 % – d’autres ne le diront peut-être pas – n’aiment pas vraiment patiner, a-t-il exposé. C’est tellement stressant que tout le monde met ses patins et se demande : pourquoi on fait ça ? »

Si tel est le cas, le jeune homme de la Rive-Sud de Montréal, pianiste émérite et étudiant en danse, l’a bien camouflé au public vendredi. Ce samedi, pour le programme libre, 11 des 20 couples de danseurs en lice sont issus de l’Académie de glace de Montréal. « Qu’ils soient du Canada ou d’un autre pays, pour eux qui s’entraînent et vivent ici toute l’année, c’est une compétition locale », a insisté Patrice Lauzon, un peu jaloux de n’avoir lui-même jamais eu une telle occasion comme patineur.