Deux hommes surendettés rejoignent sans conviction les rangs d’un groupe de militants écologiques dans l’espoir d’y faire quelques profits.

Maîtres de bienveillantes comédies à teneur sociale, Eric Toledano et Olivier Nakache (Intouchables, Samba, Le sens de la fête) se plaisent cette fois à se moquer gentiment du capitalisme et de l’environnementalisme. Comme ils le rappellent d’emblée, depuis 1974, chaque président de la République, de Pompidou à Macron, affirme que l’année a été ou sera difficile. Et elle l’est certainement pour l’irrésistible tandem que forment Pio Marmaï (récemment vu en acteur médiocre dans Yannick, de Quentin Dupieux) et Jonathan Cohen (Graindemaïs dans Astérix et Obélix : L’empire du Milieu, de Guillaume Canet).

Surendettés, Albert (Marmaï) et Bruno (Cohen) ne savent plus quoi inventer pour rembourser l’argent qu’ils doivent aux établissements bancaires, à leur famille et à leur entourage. Cela ne les empêche toutefois pas de s’élancer au Black Friday. « Est-ce que j’en ai besoin ? Est-ce que j’en ai vraiment besoin ? Est-ce que j’en ai vraiment besoin maintenant ? », leur répète en vain Henri (Mathieu Amalric), bénévole œuvrant pour un organisme venant en aide aux surendettés... qui n’est pourtant pas un modèle de vertu.

Flairant la bière gratuite à volonté, tous deux s’enrôlent bientôt dans un groupe de militants écolos qui organisent des manifestations pour dénoncer la surconsommation. Contraints d’y participer, Albert et Bruno y voient l’occasion de faire un coup d’argent. Or, Albert en pince bientôt pour l’intense Cactus (Noémie Merlant), au grand dam de Quinoa (Grégoire Leprince-Ringuet), qui doute des réelles intentions du premier.

Avec ses spectaculaires scènes de manifestations, auxquelles de vrais militants ont collaboré, Une année difficile se présente d’abord comme une festive dénonciation de la surconsommation dans les sociétés occidentales, au son de succès de Nile Rodgers et des Doors, doublée d’un hommage sincère aux défenseurs de la planète. Or, plus le récit avance, à coups de querelles et de quiproquos jusqu’à plus soif, Toledano et Nakache semblent se moquer des deux camps. Et de l’un plus que de l’autre.

Frisant la caricature, surtout du côté des écolos, dont l’on devine les origines gauche caviar ou la nostalgie de Mai 68, les personnages suivent une évolution qui les transporte à peine plus loin que leur point de départ. Dans certains cas, aucun enseignement ne semble avoir été tiré dans un camp comme dans l’autre. Puis déboule une conclusion certes charmante mais cousue de fil blanc, portée par La valse à mille temps, au cours de laquelle force est de se demander où ont voulu en venir Toledano et Nakache. Cela pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi Une année difficile s’est cassé les dents au box-office français.

En salle

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Une année difficile

Comédie

Une année difficile

Eric Toledano et Olivier Nakache

Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant

2 h

5/10