J’ai des collègues (allô, Chantal Guy !) qui dévorent tout ce qui concerne la princesse Kate Middleton, cette mariée qui serait en fuite telle Julia Roberts dans son film culte de 1999.

Moi, c’est la haute société qui me fascine. Genre, de façon compulsive et effrayante.

Les bals de débutantes, les scandales d’écoles privées en Nouvelle-Angleterre, les rivalités entre vieilles fortunes et nouveaux riches de la côte est américaine (The Gilded Age !), l’immobilier dans les Hamptons ou la « café society » de Manhattan, je dévore tout ce qui concerne le 1 % du 1 %, ces bourgeois déconnectés qui habitent un monde parallèle, aussi ostentatoire qu’inatteignable.

Si je pouvais, je vivrais dans les pages brillantes d’un magazine Vanity Fair, mais à Nantucket ou Martha’s Vineyard, avec un chandail en tricot blanc noué sur les épaules en permanence. J’aurais aussi un golden retriever qui s’appelle Poppy et une garde-robe complète de marinières chics et de pantalons en coton beige, roulés aux chevilles. Le luxe discret, tel serait mon mantra entre deux leçons de tennis au country club et une campagne de financement pour les cancers pédiatriques.

Après avoir été aspiré par les femmes mondaines de la très bonne minisérie historique Feud : The Swans vs. Capote, offerte sur Disney+, c’était logique que je m’immerge dans les eaux savonneuses de Palm Royale, la dernière offrande de la plateforme Apple TV+, qui nous ouvre les portes des manoirs de la luxueuse enclave de Palm Beach, en 1969.

Avec Kristen Wiig (Bridesmaids) comme tête d’affiche, quelle actrice formidable, Palm Royale se déploie comme une comédie amusante et rafraîchissante, à mi-chemin entre Desperate Housewives et Mad Men. Il s’agit d’un soap rempli de robes pastel, de mambo entraînant et de veuves qui gobent des barbituriques comme si c’était des Skittles.

Palm Royale réfère au nom du club privé le plus exclusif de Palm Beach, en Floride, qui regorge d’hommes influents et d’épouses qui lunchent et qui brunchent.

C’est le plus grand rêve de Maxine Simmons-Dellacorte (très comique Kristen Wiig) que d’être admise dans ce temple de la haute société floridienne, régimenté par la puissante Evelyn Rollins (Allison Janney, excellente), la reine des évènements caritatifs.

À peine débarquée en ville, la blonde Maxine n’a ni les moyens financiers, ni le statut social, ni les contacts pour pénétrer ce cercle haut de gamme. Comme elle y cogite depuis plusieurs années, son plan d’infiltration, limite Scooby-Doo, fonctionnera, bien sûr, mais à quel prix ?

Version floridienne de l’avocate Elle Woods du film Legally Blonde, Maxine est débrouillarde, rusée, ambitieuse et une bonne menteuse. Elle lit les chroniques mondaines du Palm Beach Daily News depuis son enfance et connaît donc le rang de chacune des dames qui la snobent et qui jugent ses tenues démodées à l’heure du cocktail.

Maxine dispose cependant d’une arme secrète au potentiel nucléaire. Son mari Douglas (Josh Lucas), un pilote d’avion de la TWA, a une tante agonisante et comateuse, Norma Dellacorte (la légende Carol Burnett), l’héritière de la fortune Dellacorte amassée dans le plastique et le rince-bouche. Seule et sans enfant, Norma lèguera-t-elle tout son fric, ses bijoux et son palace à Douglas et Maxine ?

Il faut dire qu’avant son embolie, Norma régnait sur la classe friquée de Palm Beach. C’est elle qui organisait la fête la plus exclusive du comté, qui clôturait, à la fin de chaque été, la saison des mondanités. Quand la reine des abeilles se retire, ses successeures se griffent pour le titre. Comme dans Mean Girls.

En plus de l’impériale Evelyn (Allison Janney), ça joue du coude entre Dinah (Leslie Bibb), élégante femme d’un ambassadeur, et la veuve Mary (Julia Duffy), qui ne refuse jamais une coupe de champagne et une pilule colorée.

Palm Royale regorge de personnages féminins intéressants comme celui défendu par la grande Laura Dern, une militante écologiste et féministe qui navigue entre les deux univers. Et dans le rôle de Raquel, l’héritière d’un empire du sucre valant 30 millions, vous reconnaîtrez la comédienne montréalaise Claudia Ferri, qui a récemment joué dans Faits divers, Transplanté et Arlette.

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY+

Ricky Martin dans une scène de Palm Royale

Le chanteur Ricky Martin campe un serveur du Palm Royale qui connaît les secrets de tous ses clients. Dans ce milieu prétentieux et hermétique, l’information, c’est le pouvoir.

Palm Royale est à son sommet quand elle ne se prend pas au sérieux. On y croit plus ou moins quand des extraits d’une allocution du président Richard Nixon interrompent l’intrigue principale. Comme s’il fallait absolument appliquer un vernis de respectabilité aux épisodes.

Comme bien d’autres œuvres avant elle, pensons à Gossip Girl, Le talentueux M. Ripley ou Inventing Anna, la série Palm Royale raconte une histoire vieille comme le monde, celle du désir d’ascension d’une personne aspirant à changer de classe sociale.

Ça se faisait à Versailles. Ça se faisait à l’époque victorienne. Et ça se fait aussi à Palm Beach, en sirotant, au bord de la piscine, un bon grasshopper, ce savoureux mélange de crème de cacao et de crème de menthe, santé à tous les aspirants VIP qui ont été refusés à la porte d’un bar huppé au moins une fois dans leur vie.