C’est le film qu’elles auraient voulu voir à 16 ans. Un film vrai sur les vraies choses de la vie. Entretien avec les créatrices de Cœur de slush, en salle ce vendredi 16 (non, ça n’est pas fortuit).

« Complètement », confirme Mariloup Wolfe (Arlette), qui signe ici son quatrième long métrage, rencontrée dernièrement au chic bar à vin Roseline, boulevard Saint-Laurent, dont elle est nouvellement copropriétaire. « J’aurais voulu voir un film comme ça parce que le personnage de Billie est inspirant, elle est candide, attachante. On veut être comme elle : elle est le fun, elle a un beau cercle d’amis, une belle sororité, et elle fait rêver avec son histoire d’amour. »

Rappelons que le film, qui met en scène Liliane Skelly dans le rôle de Billie, raconte l’été de ses 16 ans, de son premier amour à sa première peine, en passant par sa première fois.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Liliane Skelly incarne Billie.

Propos « intemporel et universel »

La réalisatrice, grande amatrice de films du genre coming of age, n’avait volontairement pas lu le roman à succès de Sarah-Maude Beauchesne (publié en 2014 et vendu à plus de 30 000 exemplaires), avant de se plonger dans le scénario, à l’invitation de l’autrice. C’est en partie sa « poésie » qui l’a charmée : « sa voix poétique qui fait qu’on se laisse porter par la narration », explique-t-elle, une « voix » par ailleurs habilement transposée à l’écran, en textes, mais aussi en images – émotions, vertiges et flottaisons incluses (on ne vous en dit pas plus !).

Il faut dire que même si le texte a près de 10 ans, le propos demeure « intemporel et universel », précise la réalisatrice, qui a glissé ici et là, en esthétique et en musique, une touche d’intemporalité au récit, question d’« élargir le public ». Dur d’être largué par le propos, qu’on ait 16, 36 ou 66 ans, et c’est voulu ainsi. Après tout, on a tous eu 16 ans. Et on s’en souvient généralement longtemps.

En fin de compte, « je pense qu’on envoie un message positif de l’adolescence, poursuit Mariloup Wolfe, du respect, du consentement, et de la première relation [sexuelle], sans lunettes roses ». Avec un réalisme inédit, et ça aussi, c’est évidemment voulu, de la durée de la chose à sa désillusion : « quoi, c’est juste ça ? » Eh oui : « c’est ça, la vraie vie ! », dit la réalisatrice en riant, complice.

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Mariloup Wolfe

J’aurais aimé voir ça à 16 ans parce que je m’y serais identifiée, j’aurais rêvé à travers Billie, j’aurais eu des réponses à mes questions ! […] La première fois ? C’est correct si ça n’est pas si extraordinaire, si, non, je ne me sens pas davantage femme après, ça aurait démystifié bien des choses !

Mariloup Wolfe, réalisatrice

Une démystification qui n’est pas étrangère à l’origine même du texte, comme le savent les lecteurs de Sarah-Maude Beauchesne, qui a fait de l’authenticité sa marque de commerce. « C’est exactement pour ça que j’ai écrit Cœur de slush à la base ! », rappelle l’autrice, qui signe ici le scénario. « Mon but, c’était de raconter le désir, la sexualité de mon point de vue, complètement authentique ! »

Ce qui n’est pas le cas de bien des films pour adolescents, soyons francs. « Moi, j’ai grandi avec les films pour adolescents où c’est toujours la fille un peu nerd qui finit avec le gars populaire ! », signale à son tour Camille Felton (Noémie – Le secret), qui incarne ici Annette, la grande sœur parfaite, également rivale amoureuse de Billie. « Mais fuck les gars gossants ! », lance-t-elle en se félicitant de la morale enfin réjouissante de Cœur de slush : « L’amitié et la fraternité règnent avant tout ! résume-t-elle. L’important, c’est d’être bien entouré. »

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« Fuck les gars gossants ! », lance la comédienne Camille Felton

Même si elle n’a que 23 ans, Camille Felton n’aurait pas détesté entendre ce genre de message plus jeune : « Tellement, dit-elle. Ça aurait peut-être changé ma façon de voir certaines choses : la fameuse approbation des gars qui nous valorise tant, les femmes. High School Musical, c’était ça ! », déplore-t-elle.

Ressemblance

Quant à Liliane Skelly, qui incarne la fameuse Billie, avec une ressemblance aussi juste que frappante (un peu de maquillage et de teinture en sus), elle confirme être très proche du personnage dans la vie également. « Par rapport au fait de vivre sur le tard par rapport à ses amis, au fait de vouloir vivre des moments magiques », glisse l’actrice de 18 ans, vue dans District 31.

Elle ne le cache pas, elle a drôlement grandi avec ce film. En bien. « J’ai appris à m’aimer à travers Billie, dit-elle. Elle a mon corps, elle est maladroite, mais même si elle n’est pas parfaite, elle s’assume. » Et puis elle a appris plein de choses sur la vie, aussi. Et pas des moindres. « C’est correct de ne pas être parfait, il y a des histoires d’amour imparfaites ; il y a du beau, il y a du laid, mais même si ce n’est pas parfait, conclut-elle, ça ne veut pas dire que ça ne mérite pas d’être vécu... »

En salle