Afin de sauver son fils d’un mauvais pas, Pamfir, père de famille ukrainien, est forcé de renouer avec ses activités illicites.

Les films ukrainiens distribués au Québec sont peu nombreux. Surtout ceux du calibre de Pamfir, qui a été tourné avant l’invasion russe.

Ce premier long métrage qui se déroule dans une région rurale de l’Ukraine prend rapidement des proportions bibliques et mythologiques. Un père fera tout pour secourir la chair de sa chair, même se mesurer à un Dieu tout-puissant qui s’enracine dans le capitalisme sauvage.

Très symbolique, le récit, qui flirte allègrement avec le polar et le western, fait s’affronter les destinées des populations jeunes et vieillissantes, métaphore d’un pays à la croisée des chemins qui hésite à tourner le dos à son passé pour embrasser l’Union européenne. Le scénario, sur fond de contrebande et d’émigration, agit comme une épée de Damoclès sur son héros. Un engrenage qui rappelle le cinéma de Cristian Mungiu et principalement son excellent R.M.N., sans pour autant atteindre le même niveau de subtilité et de maturité.

Son cinéaste Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk n’a pourtant rien à envier à celui-ci sur le plan formel. Sa mise en scène virtuose multiplie les plans-séquences magnifiques qui nous laissent béats. Les images sont baignées d’une lumière unique qui confère à l’ensemble un climat hostile d’apocalypse.

Le tout atteint son apogée lors d’une fête endiablée que n’aurait pas reniée le cinéaste Emir Kusturica. Un moment capital où l’homme se transforme en bête pour mieux affronter la fatalité. Une dualité quasi constante dans l’œuvre, qui commence justement par un sublime plan évocateur où le protagoniste revêt le masque d’un animal.

Tenant le film sur ses épaules, Oleksandr Yatsentyuk est une véritable force de la nature. L’acteur tout en muscles en impose, séduisant autant par sa force physique – la violente scène de combat n’est pas sans rappeler Oldboy – que par sa fragilité. Il puise au cœur même de sa masculinité parfois toxique pour éviter de courber l’échine.

Très maîtrisé malgré quelques errances narratives, Pamfir est une création à ne pas manquer. Le film donne le goût de se plonger dans le cinéma ukrainien qui ne manque pas de joyaux à chérir, que ce soit Réflection et Atlantis, de Valentyn Vasyanovych, ou encore The Tribe, de Myroslav Slaboshpytskiy.

Pamfir sera présenté avec sous-titres anglais au cinéma du Parc et avec sous-titres français au cinéma du Musée.

En salle

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Pamfir

Drame

Pamfir

Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk

Avec Oleksandr Yatsentyuk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova

1 h 40

8/10