Sa nounou adorée étant rentrée d’urgence au Cap-Vert, Cléo, une fillette de 6 ans, obtient la permission d’aller passer l’été avec Gloria et sa famille. Les retrouvailles avec cette mère courage seront à la fois joyeuses… et déchirantes.

Le cinéma, c’est l’enfance de l’art, dit-on. De Cria Cuervos, de Saura, aux 400 coups, de Truffault, en passant par E. T., de Spielberg, les films mettant en scène des enfants (ou de jeunes adolescents) touchent souvent une corde sensible dans le cœur des adultes.

C’est le cas avec Àma Gloria, de Marie Amachoukeli (Party Girl), présenté en ouverture de la Semaine de la critique au dernier Festival de Cannes. Après des courts métrages et des œuvres collectives, la réalisatrice et scénariste française signe ici son premier long métrage solo à 44 ans. Le résultat donne un beau petit film touchant et délicat.

Cléo, une fillette de 6 ans qui a perdu sa mère des suites d’un cancer, vit seule avec son père en banlieue parisienne. Mais elle a une nounou, d’origine cap-verdienne, qui s’occupe d’elle chaque jour. En apprenant la mort de sa vieille mère, Gloria doit retourner d’urgence au Cap-Vert, auprès de ses propres enfants. Au grand malheur de Cléo. Or, avec l’autorisation de son père, la fillette ira passer un été dans la famille de Gloria au Cap-Vert.

Àma Gloria est donc un récit d’apprentissage d’une enfant avec un immense besoin d’amour. La cinéaste s’est inspirée de sa propre enfance : une nounou l’a élevée jusqu’à 6 ans, avant de repartir subitement dans son pays auprès de sa famille. Elle lui dédie d’ailleurs son film.

Tout le film est tourné en plans serrés, caméra à l’épaule. Les scènes sont entrecoupées de séquences d’animation, avec des dessins colorés reflétant l’inconscient de Cléo. Si la réalisation, avec ce parti pris de suivre Cléo par-dessus l’épaule, peut nous agacer par moments, le jeu lumineux des protagonistes, deux actrices non professionnelles, force l’admiration.

Très bien dirigée, Louise Mauroy-Panzani (qui avait cinq ans et demi au moment du tournage) crève l’écran dans le rôle de Cléo. On se demande où la jeune actrice va puiser toutes ses émotions brutes. Ilça Moreno Zego, d’origine cap-verdienne, est aussi magnifique et authentique. Le calme et l’empathie de son personnage de mère courage rappellent le rôle social des femmes dans la transmission de l’amour familial. Pour des raisons inexpliquées, les hommes sont absents ou fuyants dans ce film ; tant en France qu’au Cap-Vert.

Le film commence par un examen de la vue. Cléo, très myope, a besoin d’une nouvelle paire de lunettes. Or, sa myopie deviendra un peu le fil rouge d’Àma Gloria. Au départ, par mécanisme de survie pour combler l’absence de sa mère disparue, Cléo voit l’amour uniquement comme quelque chose d’égoïste et d’exclusif. Or, elle découvrira que le bonheur se partage aussi. Avec les yeux du cœur.

En salle

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Àma Gloria

Drame

Àma Gloria

Marie Amachoukeli

Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno Zego, Arnaud Rebotini

1 h 24

7/10