Un homme raconte à son ancienne amoureuse ses démêlés auprès de terroristes de gauche qui tentent d’arrêter l’ascension d’une influente radio-poubelle.

Les premiers longs métrages sont l’endroit idéal pour expérimenter en toute liberté. Après les rafraîchissants Cette maison, Mistral spatial, Farador, Jour de merde et Phi 1618, c’est au tour du film Les pas d’allure, d’Alexandre Leblanc, de délirer comme le fait rarement le septième art québécois.

Ce n’est pourtant pas très palpable sur le plan narratif. Le scénario sent l’improvisation à plein nez et il enfonce des portes ouvertes sur le plan de l’engagement et des idéologies. Son cynisme et son ironie ne sont pas les plus subtils, alors que ses dialogues peuvent manquer de naturel.

PHOTO FOURNIE PAR BARBUTÈNE LTÉE

Scène du film Les pas d’allure

Le récit qui a remporté un prix du public à Fantasia l’été dernier possède cependant cette rare faculté de revenir à l’essence du cinéma, qui est de raconter des histoires. En ressassant ses aventures étonnantes, le narrateur (Jean-Sébastien Courchesne) rappelle la nécessité de la création, à la fois pour pimenter ses exploits et pour reconquérir son ex (Sophie Desmarais). Cela passe par des détours incroyables auprès d’une troupe de théâtre amateur et l’existence d’un disque vinyle hallucinogène capable de laver le cerveau de la population.

Cette fantaisie est exprimée par la réalisation qui s’en donne à cœur joie, mêlant les genres les plus discordants, que ce soit la satire, la romance, la science-fiction et le suspense paranoïaque. C’est ludique et psychotronique à la fois, teinté d’un esthétisme bédéiste qui offre son lot d’échappées magiques et même une scène de bagarre. On pense à Olivier Godin qui s’amuserait à revisiter Scott Pilgrim.

Le cinéaste Alexandre Leblanc est issu du montage – notamment sur Jeune Juliette et Prank – et il n’hésite pas à faire éclater la forme. Il sait surtout bien s’entourer, que ce soit de Peter Venne qui propose une trame sonore accrocheuse, de Vincent Biron qui cosigne une superbe direction photo en noir et blanc avec Alessandro LoBianco, et de tous ses comédiens qui jouent dans le ton.

Tenant autant de l’expérience singulière et décalée que de la proposition ténue et répétitive, Les pas d’allure est un objet unique dans notre cinématographie. Lorsque l’imagination est au pouvoir, on pardonne plus facilement ses écarts de conduite.

Les pas d’allure est présenté dès samedi au Cinéma Moderne et à Cinéma Public.

En salle

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Les pas d’allure

Comédie noire

Les pas d’allure

Alexandre Leblanc

Avec Jean-Sébastien Courchesne, Sophie Desmarais et Benoit Bourbonnais

1 h 23

6,5/10