Clara vit dans une communauté religieuse isolée, à Maniwaki. Un jour, elle saute dans un bus pour Montréal, à la recherche de sa grande sœur évadée. Un choc des cultures, des croyances et des certitudes l’attend dans la métropole.

C’est une histoire d’évasion, mais surtout d’émancipation que nous propose ici Nathalie Saint-Pierre (Ma voisine danse le ska, Catimini), avec ce troisième long métrage indépendant qui s’attaque une fois de plus à des personnages marginaux. Ici, avec Clara, incarnée par une étonnante Lou Thompson (premier rôle au cinéma, dans un long métrage) désarmante de vérité avec ses sourcils froncés et son air déterminé, disons qu’on est dans l’inédit. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit des communautés orthodoxes du genre au cinéma québécois, obsédées par leur droit chemin. Gare à vous, les « égarés »...

Clara se retrouve rapidement parachutée chez sa tante Louise, hilarante Édith Cochrane à la répartie savoureuse, dans un rôle plus complexe qu’il n’y paraît, qui lui va comme un gant. Les deux forment un surprenant duo. Mention spéciale à plusieurs dialogues, parfois un brin attendus, mais non moins savoureux, entre la « petite maison dans la prairie » et sa tante pas si bienveillante, au bout du compte attachante. Sous le couvert de la légèreté se diront ici des choses fondamentales sur l’importance du doute et le danger des idées arrêtées.

Soulignons la justesse des personnages secondaires (Philomène Bilodeau, Dominik Dagenais et Édith Dandenault), tous également dirigés de main de maître.

Certes, on a déjà vu des récits d’émancipation dans le même ton, plus souvent en lien avec la communauté juive orthodoxe. Il suffit de penser à Félix et Meira (Maxime Giroux) ou à la série Unorthodox (Netflix), plus récemment. Mais si vous vous attendez à une plongée dans un univers méconnu, vous allez être déçu. On ne saura pas grand-chose de cet autre monde, pour tout dire, on n’en verra presque rien. Or, on en aurait pris résolument plus, ne serait-ce que pour sauter à pieds joints dans l’aventure avec Clara, et comprendre certaines invraisemblances. Tout au plus l’entendra-t-on réciter des bouts de la Bible, sur l’« infinie bonté de Dieu », bras levés au ciel.

Cela dit, l’essentiel du propos (inspiré d’un fait vécu) est ailleurs : dans la découverte du tourbillon de la ville, telle une magnifique carte postale, avec ses couleurs, son énergie et ses petits plaisirs. La caméra épouse les œuvres murales, les ruelles et les gratte-ciel à merveille. Mais tout n’est pas fleuri ici, et Clara devra affronter la froideur, l’anonymat et une troublante indifférence.

Malgré son petit budget, mentionnons enfin que la production a mis le paquet sur la musique du film, quasi omniprésente et partie prenante du scénario. On reconnaîtra, entre autres, Lhasa de Sela, Lisa LeBlanc et Salomé Leclerc, qui ajoutent une bonne dose d’émotion à un film étonnant qui n’en manque pas.

En salle

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Sur la terre comme au ciel

Drame

Sur la terre comme au ciel

Nathalie Saint-Pierre

Lou Thompson, Édith Cochrane, Philomène Bilodeau

1 h 59

7/10