Oui, je suis un Swiftie, un vrai. Pas un scoop fumant qui jaillit ici. Mon swiftisme a cependant ses limites de temps et d’argent. Commençons par le fric.

Comme tout Swiftie qui se respecte, mais qui refuse de porter des bracelets d’amitié en plastique (ugh !), j’ai essayé comme un damné d’acheter des billets pour le passage de la popstar de 34 ans à Toronto, en novembre prochain. Mission impossible. Découragement, remise en question et pleurs sur ma guitare, je me sentais comme dans une toune triste de l’album evermore, mais sans l’esthétique elfique de Loreena McKennitt.

Entre un remplacement de hanche en titane en clinique privée et un billet pour Tay-Tay sur le marché noir, il faut faire des choix pratiques plutôt qu’artistiques. Voilà.

Le temps, maintenant. La version bonifiée de la super tournée The Eras, en ligne sur la plateforme Disney+, dure près de trois heures et demie, soit une demi-heure de plus que la captation du même spectacle qui a pris l’affiche au cinéma l’automne dernier au coût de 19,89 $ l’entrée. On s’entend : trois heures et demie, c’est long, longtemps. C’est plus de deux semaines de STAT sans pause publicitaire.

Pour les fans et les stans qui ont déjà vu le film The Eras à sa sortie, sachez que Disney+ offre cinq chansons inédites, qui ont été coupées au premier montage, soit Cardigan (comment a-t-on pu l’enlever, au départ ? Franchement !), You Are in Love, Death by a Thousand Cuts, Maroon et I Can See You.

Oui, c’est très long, The Eras, mais c’est très, très bon. Même pour un Swiftie moins dévot, qui y découvrira l’immense talent et le charisme éclatant de cette auteure-compositrice-interprète prolifique, autant à l’aise dans la pop bonbon que dans l’indie-folk poignant.

La meilleure portion de ce concert épique demeure celle consacrée à l’album folklore, son plus abouti, où Taylor ramène son chalet rustique et ses robes victoriennes vaporeuses. Perchée sur un toit moussu, elle refait la nostalgique The 1 avec une justesse épatante. Elle empoigne sa guitare acoustique pour Betty et enchaîne avec The Last Great American Dynasty, August (je ne me tannerai jamais de celle-là), Illicit Affairs et My Tears Ricochet, qu’elle finit à genoux sur l’immense scène. C’est doux, émouvant et poétique.

Dans The Eras, la chanteuse américaine revisite ses neuf derniers albums et leur consacre chacun un espace bien défini, avec scénographies et couleurs attitrées. Le film démarre avec l’époque Lover, en paillettes pastel, et son succès le plus fulgurant reste Cruel Summer, que la foule de 70 000 personnes au SoFi Stadium de Los Angeles crie à en perdre connaissance. C’est le plus gros avantage d’assister à The Eras dans son salon : ne pas entendre ces hurlements aigus, perçants et insupportables, qui défoncent le tympan des personnes âgées.

Très courte, la période Fearless ne casse pas la baraque. La mégavedette n’y conserve que le titre éponyme, You Belong with Me et Love Story. Miss Americana balaie aussi très rapidement sa phase Speak Now, plus juvénile et romantique.

La section evermore, ma deuxième favorite de The Eras, met en lumière deux superbes pièces écrites par Taylor Swift, soit Marjorie, un hommage à sa grand-mère maternelle, qui était chanteuse d’opéra, ainsi que Champagne Problems, une ballade sur une demande en mariage avortée, qu’elle fait assise devant un piano recouvert de lichen. Ma-gni-fi-que.

L’environnement de forêt enchantée à la Zelda d’evermore évoque des nuits de magie noire, où la grande prêtresse des Swifties, cachée sous une cape en velours émeraude, convoquerait les esprits des morts et jetterait des sorts aux vivants décevants. J’ai tout aimé de ce kitsch druidique assumé.

Dans le segment consacré à l’album Red, de la couleur des semelles de ses bottes Louboutin, Tay-Tay propose sa plus belle création à vie, la chanson All Too Well, dans sa version de dix minutes. C’est un bijou musical, qui raconte la douloureuse rupture entre Taylor Swift et l’acteur Jake Gyllenhaal, ce qui n’a jamais été confirmé, d’ailleurs.

Depuis la sortie d’All Too Well en 2012, Taylor Swift, la meilleure raconteuse d’histoires de sa génération, se la joue mystérieuse à la Carly Simon, qui n’a jamais révélé l’identité de son amant qui passe au cash dans son classique You’re So Vain, paru en 1972.

Le passage à 1989, l’album qui l’a catapultée dans la stratosphère de la pop, ressuscite ses bombes telles Shake It Off, Style et Blank Space, et elle conclut son spectacle marathon de plus de trois heures avec Midnights, son dernier opus qui lui a valu le Grammy de l’album de l’année, en février.

Il n’y a rien d’improvisé dans ce gigantesque concert pétaradant. Taylor Swift ne bafouille jamais, elle ne fausse pas, elle exécute ses chorégraphies sans se tromper, elle sourit à la bonne caméra, elle se dirige à l’endroit approprié sur la scène, elle répète les mêmes gestes et prononce les mêmes paroles.

Le résultat final est brillant, quoique lisse. Contrairement à la litanie de défauts qu’elle s’attribue dans la pièce Anti-Hero, Taylor Swift n’exhibe aucune imperfection. Elle rougit quasiment quand elle prononce le mot « fuck » dans ses chansons. C’est mignon, mais ça manque un brin d’attitude de popstar d’aréna.

Je lévite

Avec Gisèle Michaud dans STAT

Campée par Carmen Sylvestre, cette sympathique patiente qui souffre d’alzheimer et de SLA amène des sujets à la fois drôles et graves dans le feuilleton médical de Radio-Canada. On l’a vue passer à travers le long processus pour obtenir l’aide médicale à mourir, mais on l’a aussi vue rigoler et danser avec Richard (Rémy Girard), le père d’Éric (Stéphane Rousseau), qu’elle mélange avec son mari Armand, décédé. Elle est extraordinaire, cette Gisèle, on l’adore et on ne veut pas qu’il lui arrive du mal !

Je l’évite

La pub de GM Paillé

La série noire des mauvaises publicités radiophoniques se poursuit avec celle de ce concessionnaire automobile de Berthierville, qui roule sans arrêt au 98,5 FM. Son slogan ? OK, OK, Paillé, Paillé ! Quand on l’entend 17 fois par jour, on a juste le goût de répliquer : OK, OK, cessez, cessez.