Richard Langevin a profité de la pandémie pour replonger au cœur de son parcours d’artiste. Le résultat prend la forme d’une exposition qui mérite largement le déplacement jusqu’au Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny.

Au cours des derniers mois, le sculpteur, scénographe et pédagogue a recréé quelques œuvres marquantes de son corpus. Fait étonnant, même si l’origine de certaines pièces remonte aux années 1970 et 1980, on a l’impression que le tout semble ancré dans notre époque.

« Ça me fait plaisir d’entendre ça, m’a-t-il dit lors d’une visite que j’ai faite en sa compagnie. J’ai appelé cette exposition Continuum pour justement éviter la notion de rétrospective, de retraite. Je n’avais pas envie de sentir la finalité. C’est mon travail, mais dans une version augmentée. »

Pour plusieurs, Richard Langevin est l’homme qui évolue dans l’ombre de sa femme, Diane Dufresne. Je ne crains pas de le préciser, car lui-même évoque rapidement la chose dans notre conversation.

Ces deux êtres partagent beaucoup de choses dans la vie, y compris l’amour de la création sous toutes ses formes. « À la maison, on travaille chacun de notre côté. Je vole souvent un coin de son atelier », dit-il en riant.

Depuis qu’il est dans la vie de la chanteuse et peintre, Richard Langevin est celui qui imagine des scénographies, des projections et des ambiances visuelles pour les spectacles de celle qui vient d’être intronisée au Panthéon de la musique canadienne.

Mais avant de croiser son chemin, Richard Langevin s’est d’abord bâti une solide réputation d’artiste dans son Saguenay natal avant de devenir enseignant en arts graphiques au département d’art et technologie des médias (ATM) du cégep de Jonquière. C’est à ce moment que la société Softimage lui a mis le grappin dessus et qu’il a plongé dans l’univers du numérique.

  • Œuvre de l’exposition Continuum

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Œuvre de l’exposition Continuum

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    Œuvre de l’exposition Continuum

  • Œuvre de l’exposition Continuum

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    Œuvre de l’exposition Continuum

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    Œuvre de l’exposition Continuum

  • Œuvres de l’exposition Continuum

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    Œuvres de l’exposition Continuum

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    Œuvre de l’exposition Continuum

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    Œuvre de l’exposition Continuum

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    Œuvre de l’exposition Continuum

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Ses nombreuses années à la Société des arts technologiques de Montréal (SAT) ont fini par nous faire croire qu’il ne pouvait créer qu’à partir d’un ordinateur et de logiciels. Or, ce n’est pas ce que l’on peut voir à Repentigny. Le bois, naturel ou usiné, triomphe partout, à commencer par l’impressionnante sculpture Les bélugas, d’abord imaginée dans les années 1980, qui nous accueille.

Un banc de baleineaux est formé avec des lattes de bois aggloméré aux mouvements ondulatoires. « J’ai utilisé des feuilles de Masonite que j’ai fait couper en lattes de deux pouces, m’a-t-il expliqué avec une simplicité désarmante. Je me suis mis chum avec les gars du Home Depot. Ils n’avaient jamais fait quelque chose comme ça. »

Si la démarche de Richard Langevin repose sur de solides réflexions, l’artiste se tient loin des fioritures intellectuelles pour la décrire. C’est ce que j’ai aimé de lui. Son discours m’a rappelé celui d’Armand Vaillancourt.

Ce côté « je travaille sérieusement, mais je ne me prends pas au sérieux », Richard Langevin l’a eu aussi quand il m’a présenté Embâcle/Débâcle, une installation réalisée en hommage aux draveurs du Saguenay. Composée de billots de sapin et d’épinette, la structure a été réalisée grâce à une technique d’assemblage qui s’apparente au pont autoportant de Léonard de Vinci.

« Pascal, un technicien du centre d’art, m’a dit que ce travail est la rencontre d’un scientifique et d’un scout, dit Richard Langevin. J’aime beaucoup cette définition. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Richard Langevin et une de ses œuvres

Cette idée de l’équilibre et du danger, on la retrouve également dans l’œuvre 2 rangées de trois colonnes que Richard Langevin a créée à la fin des années 1970. Cet assemblage de blocs de ciment qui défie la gravité par la présence de chevilles de bois a été acquis par le Musée d’art contemporain lors de sa présentation initiale. Il est aujourd’hui présenté comme s’il s’était écroulé.

« J’avais envoyé les morceaux de l’œuvre dans des caisses au musée, se souvient Richard Langevin. Un jour, un responsable m’appelle un peu en acte de contrition. Comme on effectuait des rénovations dans le musée, des ouvriers ont pensé que ces blocs étaient pour eux. » Nullement vexé par ce faux pas, l’artiste a simplement retourné de nouveaux blocs à l’institution.

La salle d’exposition du Centre d’art Diane-Dufresne, dont l’éclairage et l’ambiance sonore (celle de Toby Gendron) font l’objet d’un grand soin, nous montre aussi Porte-épique, des moulages de ciment et de bois qui ont un côté « post-apocalyptique », La mécanique céleste, un tableau composé de scies mécaniques, et Les sentinelles, une série de sculptures faites à partir d’un chêne qui est tombé dans la cour du couple Langevin-Dufresne.

L’exposition de Richard Langevin sera accompagnée à compter du 24 juin par une autre des sculptures de Diane Dufresne appelée Artchéologie. L’artiste a délaissé les pinceaux pour plonger ses mains dans la glaise. « Elle a choisi des matières qu’elle aime et s’est mise simplement à travailler, explique Richard Langevin. On va faire une sorte de caverne avec les têtes qu’elle a réalisées. »

Richard Langevin a eu 68 ans. Il reconnaît que la préparation de cette exposition lui a fait beaucoup de bien. « Dans ma tête, tout cela était éparpillé. Plus tu avances en âge, plus tu as des regrets. Mais il faut savoir accepter tes gestes. Cette expo est mon avant et mon présent. C’est une incroyable thérapie. »

Continuum, jusqu’au 1er octobre, au Centre d’art Diane-Dufresne

Le nouveau cœur culturel de Repentigny

Depuis mai 2021, le Centre d’art Diane-Dufresne a comme voisin le Théâtre Alfonse-Desjardins. Entre les deux immeubles se trouve une place publique qu’on souhaite rendre vivante durant la belle saison. Je m’y suis arrêté jeudi dernier alors qu’il faisait un temps magnifique. Ce lieu est maintenant le cœur culturel de Repentigny. Chapeau à cette municipalité de 90 000 habitants qui offre avec autant de goût à ses citoyens un écrin pour la culture. Cela devrait servir d’exemple à d’autres villes du Québec.

Consultez le site du Centre d’art Diane-Dufresne Consultez le site du Théâtre Alfonse-Desjardins