Directeur du CEUM, Laurent Vernet a divisé les aires d’exposition d’Occurrence en quatre zones au sein desquelles les artistes ont réalisé leur contribution à Ouvrages, qui associe divers regards sur l’art de la construction.
Dans l’entrée, on ne peut manquer l’œuvre en bois d’Alexandre David, connu pour des créations que le public s’approprie. On monte ainsi sur son estrade puis sur le « belvédère » pour admirer l’installation contiguë de Stéphane Gilot et Sabrina Ratté. On peut s’asseoir sur sa base pour consulter des documents d’architecture et des archives du Torontois Adrian Blackwell que les étudiants en arts ou en architecture devraient fortement apprécier. Finalement, l’œuvre est une estrade-belvédère-banc-bibliothèque. Architecture multifonctions.
« J’ai aussi voulu créer quelque chose qui permet de regarder à travers la construction. Que les gens du corridor voient les visiteurs qui voient les œuvres et voient aussi les gens du corridor ! », explique Alexandre David.
À côté, Stéphane Gilot et Sabrina Ratté ont combiné leurs idées. Gilot a construit Doublure du monde, sorte de pavillon inspiré d’un module construit en insulite (un panneau aggloméré industriel) lors d’une foire internationale en Belgique, en 1930.
Sabrina Ratté projette à l’intérieur deux vidéos, dont une inspirée des « villes nouvelles » créées autour de Paris dans les années 1960 et 1970, telles que La Grande Borne ou Montigny-le-Bretonneux. Négligés, ces ensembles urbains ont mal vieilli. Pour illustrer ces espaces standardisés, elle a sculpté une petite maquette en impression 3D, sur laquelle sont diffusées leurs façades.
Tout près, les œuvres de l’artiste métis albertaine Tiffany Shaw évoquent le territoire et les traditions architecturales de sa famille. Avec des panneaux gravés ou modélisés. Et des cabines de trappage de son grand-père réalisées en peau de cerf, en tissu ou dans des matériaux industriels.
Votre âme d’enfant sera mise à profit avec Machine à serrer de Jacques Bilodeau. L’installation déstabilise le corps comme celle qu’il avait exposée au Musée d’art contemporain de Montréal durant la pandémie, dans le cadre de l’expo La machine qui enseignait des airs aux oiseaux. On monte sur l’œuvre ou on se laisse serrer par des plaques de caoutchouc qui vibrent. Les enfants (sous surveillance) vont adorer.
Autour de l’installation, Josée Dubeau a créé un environnement de fils de nylon, d’épingles et de fils métalliques. Champ d’observation habite discrètement le lieu, créant des ombres sur le mur à la façon subtile d’un dessin presque invisible. Un environnement construit délicat qui a nécessité sept jours de travail.
La visite de ces œuvres plaira aux passionnés d’architecture. On se sent happé, enveloppé par les installations. C’est plus une expérience immersive convaincante qu’une exposition.
Consultez les informations sur OuvragesPierre Granche
La deuxième partie de l’expo est au CEUM, avec la présentation des réalisations de Pierre Granche (1948-1997), sculpteur, professeur à l’Université de Montréal, passionné d’art public et très influencé par l’architecture.
Entrevue de Pierre Granche sur l’intégration des arts à l’architecture en 1991
Une vingtaine de ses projets est expliquée avec du matériel d’archives disposé sur du mobilier de présentation conçu pour l’expo par des étudiantes en design et conforme au vocabulaire formel de Pierre Granche, qui a toujours été très axé sur la pyramide tronquée.
Ouvrages, jusqu’au 10 juin à la galerie Occurrence
Granche/Atelier/Ville, jusqu’au 12 août au Centre d’exposition de l’Université de Montréal