Elle était l’une des étoiles montantes de la radio publique, mais c’est finalement au 98,5 qu’elle pourra briller comme animatrice. Marie-Ève Tremblay occupera l’automne prochain le créneau de 10 h à 12 h actuellement détenu en semaine par Nathalie Normandeau. Cette dernière, avons-nous appris avant les Fêtes, formera un tandem dans une autre plage horaire avec Luc Ferrandez.

« J’ai fait beaucoup de choses passionnantes durant ma carrière, mais là, j’avoue que cette proposition me comble au plus haut point », m’a confié Marie-Ève Tremblay au cours d’un entretien que j’ai eu avec elle dans les bureaux de Cogeco.

Marie-Ève Tremblay fait partie de l’équipe du 98,5 depuis l’automne 2022. Après une dizaine d’années au service numérique et à la radio de Radio-Canada, elle a décidé de faire le grand saut en acceptant de devenir la collaboratrice de Bernard Drainville.

Le lendemain de cette annonce, elle apprenait toutefois que l’animateur quittait les ondes pour faire un retour en politique. C’est finalement avec Luc Ferrandez, qui a alors fait ses premiers pas comme animateur, qu’elle a fait équipe.

L’été dernier, les patrons du 98,5 lui ont demandé d’animer l’émission qui suit la matinale quotidienne. Cela a donné Radio Textos, un rendez-vous dont on devrait retrouver les mêmes couleurs en août prochain. « L’émission [qui conservera le même titre] que je vais présenter va me permettre d’avoir un pied dans l’actualité et l’autre dans les sujets de société. C’est ce qui m’intéresse le plus. »

Ceux qui suivent Marie-Ève Tremblay depuis des années savent que son approche est basée sur des expériences de terrain. Pour cela, elle s’en remet souvent aux propositions de « gens ordinaires » qui lui sont faites. Un exemple ? Un camionneur lui a récemment proposé de venir rouler avec lui en ville pour observer le comportement des automobilistes du point de vue de son véhicule.

« J’ai vu une femme conduire avec une cigarette dans une main, un café dans l’autre et son téléphone cellulaire sur la cuisse. Je n’en revenais pas », me dit-elle.

Cette animatrice et journaliste, formée à l’École supérieure en art et technologie des médias de Jonquière et à l’UQAM, a rapidement compris que les meilleurs sujets de reportage doivent directement venir de celui ou celle qui va les traiter. Mais surtout, ils doivent s’inspirer de la réalité des citoyens.

Après un stage à l’émission Enquêtes, où elle travaille à des dossiers chauds touchant la politique municipale, elle devient l’une des chroniqueuses attitrées des matinales d’ICI Première (elle travaille avec Marie-France Bazzo, Alain Gravel et Patrick Masbourian). Elle est souvent en contact avec les auditeurs. Elle tend l’oreille à leurs préoccupations.

Quand on a commencé à dire que des travaux sur l’ancien pont Champlain allaient bouleverser la vie des citoyens, elle s’est mise en tête de réaliser une carte interactive à partir de l’expérience de travailleurs du centre-ville et de la Rive-Sud.

Ce goût pour les reportages collés à la réalité des auditeurs l’amène à vivre une foule « d’expériences sociales » qui ont nourri l’émission web Cordes sensibles. « J’ai fait des recherches d’appartement avec mon nom et un nom à consonance arabe », explique-t-elle.

Une autre fois, elle a collé sur les murs de l’UQAM de fausses affiches à saveur nationaliste et d’autres véhiculant des valeurs woke pour tester la liberté d’expression en milieu universitaire. « J’allais vérifier tous les jours avec une prof quel traitement on réservait aux affiches. Un groupe de défense des Palestiniens a dénoncé les affiches nationalistes et a fait une publication sur les réseaux sociaux pour demander l’annulation de ma conférence [inventée], car on trouvait que c’était raciste. »

Après cela, Marie-Ève Tremblay est devenue l’un des porte-étendard des balados à la radio publique. Cela a donné Radical, une série sur des gens qui ont eu des positions extrémistes et qui ont fait un virage à 180 degrés, Secrets, où des hommes et des femmes dévoilent des choses qu’ils avaient toujours gardées pour eux, Pire idée de ma vie : sugar baby, sur le phénomène des sites qui mettent en contact de jeunes femmes avec des sugar daddies, mais qui sont en réalité des réseaux de prostitution déguisés, et Le village : meurtres, combats, fierté sur le Village gai de Montréal.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marie-Ève Tremblay

J’aime savoir de quoi je parle. Il faut que j’aille voir, que j’aille rencontrer les gens.

Marie-Ève Tremblay

Après une dizaine d’années à la radio publique, Marie-Ève Tremblay a reçu la proposition de se joindre à la famille de Cogeco. La séparation avec Radio-Canada s’est faite à l’amiable. « On a tenté de me retenir, mais mon idée était faite. »

À sept mois du lancement de cette nouvelle émission, j’ai senti la jeune animatrice déjà fébrile. Plusieurs fils doivent être attachés. Y aura-t-il des collaborateurs ? Si oui, lesquels ? De quelle manière va-t-on faire participer les auditeurs ? Tout cela reste à faire.

En attendant, celle qui est originaire de Chicoutimi savoure cet instant. Elle flotte visiblement sur un nuage. « Pensez-y, c’est un créneau qui a été occupé sur diverses ondes par des femmes extraordinaires comme Christiane Charette, Catherine Perrin, Marie-France Bazzo, Isabelle Maréchal et Nathalie Normandeau. Et on m’offre ça. »