Les taux fixes pour cinq ans sont à un peu plus de 5 % actuellement. Ils étaient environ la moitié moins élevés en 2019. Les experts s’attendent à une baisse prochaine, mais quand ? Personne ne peut savoir. Chose certaine, les décisions prises par les consommateurs sont influencées par le marché actuel.

« Les taux d’intérêt ont fortement augmenté depuis deux ans, alors il y a un choc sur le marché pour les gens qui ont contracté un prêt hypothécaire il y a quatre ou cinq ans et qui doivent le renouveler », indique d’emblée Alexandre Bélanger, directeur du district de Montréal, spécialistes hypothécaires mobiles, TD Canada Trust.

En effet, la hausse des taux a un impact dans le budget des consommateurs. John Fucale, vice-président senior, relations courtiers, chez Multi-Prêts, a calculé la différence pour un prêt hypothécaire de 245 000 $ en 2019 avec un terme de cinq ans fixe amorti sur 25 ans. « Le paiement de 1096 $ par mois passera à 1445 $, illustre-t-il. Cette personne doit aussi absorber l’inflation sur tout le reste. Cela fait beaucoup. »

Résultat ? Les gens magasinent énormément. « Les consommateurs sont prêts à tout pour économiser 10 points de base (0,10 %) parce que cela fait une énorme différence avec les taux élevés », affirme Alexandre Bélanger.

Plus de taux fixes que de variables

Alors que les taux fixes sont déjà élevés, les taux variables le sont encore plus.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

John Fucale, vice-président senior, relations courtiers, chez Multi-Prêts

Les taux variables sont à un peu plus de 6 % en ce moment. L’écart est trop vaste avec les taux fixes pour intéresser beaucoup de clients. Mais comme on s’attend à une baisse de taux d’ici la fin de l’année, on commence à voir certains clients opter pour du variable.

John Fucale, vice-président senior, relations courtiers, chez Multi-Prêts

L’expert ajoute que ces consommateurs sont prêts à payer plus d’intérêts en ce moment en se disant qu’ils récupéreront ces sommes et plus les années suivantes.

Ce n’est pas tout le monde toutefois qui est prêt à prendre ce risque. « Ça prend des gens expérimentés assez solides financièrement et qui, généralement, ont beaucoup d’équité [de valeur nette réelle] sur leur propriété », explique Alexandre Bélanger.

De plus petits termes

Alors qu’historiquement, les consommateurs optent majoritairement pour les termes de cinq ans, les experts consultés remarquent que la baisse attendue des taux incite les gens à aller vers des termes plus courts, soit de deux ou trois ans.

Desjardins a même créé une promotion pour un terme de 39 mois (trois ans et trois mois).

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Jonathan Dion, représentant hypothécaire au Mouvement Desjardins

« Nous essayons de répondre le mieux possible aux besoins de nos membres avec ce nouveau terme », indique Jonathan Dion, représentant hypothécaire au Mouvement Desjardins.

Des solutions pour alléger le budget

Pour certaines personnes toutefois, la hausse des taux hypothécaires est tout simplement trop difficile à absorber. Plusieurs options existent pour elles.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Alexandre Bélanger, directeur du district de Montréal, spécialistes hypothécaires mobiles, TD Canada Trust

Si quelqu’un est en renouvellement et qu’il lui reste par exemple 20 ans d’amortissement, il est possible de refinancer et d’aller jusqu’à 30 ans pour pallier le choc. La personne aura un taux plus haut, mais son paiement mensuel restera sensiblement le même. Au bout du compte, sa propriété lui coûtera plus cher avec les intérêts.

Alexandre Bélanger, directeur du district de Montréal, spécialistes hypothécaires mobiles, TD Canada Trust

John Fucale voit aussi de plus en plus de clients faire de la consolidation de dettes avec leur prêt hypothécaire. Par exemple, pour y ajouter leur prêt auto et le solde de leur carte de crédit dont les taux d’intérêt sont beaucoup plus élevés.

Autre tendance qu’il remarque : l’intérêt pour les prêteurs alternatifs. « Ils prennent plus de risques, par exemple en acceptant des ratios de qualification plus élevés, mais ils ont des taux d’intérêt d’environ 1 % de plus que les prêteurs traditionnels », explique-t-il.

Magasiner d’avance

Des solutions, il en existe donc pour tous les besoins. Les experts s’entendent pour dire que l’idéal est de s’y prendre d’avance pour discuter avec son conseiller de son profil, de sa tolérance au risque et de ses projets à court, moyen et long termes.

« Le taux n’est pas le seul élément important, affirme Jonathan Dion. Il faut trouver le meilleur produit selon les besoins de la personne. »

Et le mieux est de magasiner tôt. « Je conseille de commencer de quatre à six mois avant la date du renouvellement, ajoute Alexandre Bélanger. Comme ça, la personne peut se faire geler un taux qui sera revu à la baisse si les taux descendent. Puis, la personne aura une idée claire de l’impact de la hausse des taux sur son budget et elle pourra se préparer en conséquence. »