Pierre-Antoine Fournier insiste : il ne fait pas pitié. Propriétaire d’un condo et d’un chalet, ce réalisateur pigiste de 46 ans est bien conscient que la hausse des taux hypothécaires est beaucoup plus catastrophique pour certains ménages que pour lui… mais il ne cache pas que son récent renouvellement de prêts hypothécaires fait un peu mal.

Le réalisateur a trois prêts hypothécaires : deux sur son chalet dans les Laurentides et un sur son condo de Rosemont, à Montréal. S’il compte deux prêts sur son chalet, c’est parce que des travaux majeurs, nécessaires à la suite d’une inondation, l’y ont forcé. « J’ai dû flipper ma marge de crédit hypothécaire en prêt hypothécaire pour avoir un meilleur taux », explique-t-il.

Dans les 18 derniers mois, ce travailleur autonome et père seul a dû renouveler ses trois prêts hypothécaires. Et faire des choix.

De variable à fixe

Avant son renouvellement hypothécaire, Pierre-Antoine Fournier avait, pour ses trois prêts, des taux variables renouvelables tous les ans pendant cinq ans. « J’avais un taux pendant un an, qui se renouvelait cinq fois. J’ai eu du 2,5 % pendant les quatre premières années. Ça a monté à 5 % dans la dernière année. » Et maintenant ? « J’ai signé à 4,6 %, fixe pour quatre ans sur le condo, mais j’ai signé plus court et plus haut – 6 % – sur le chalet parce que je pense que ça va redescendre, et aussi parce que comme c’est un revenu locatif, les intérêts sont déductibles d’impôt, donc sur le coup ça fait mal, mais à la fin de l’année j’en récupère une partie. »

Pierre-Antoine Fournier avait l’habitude de négocier ses hypothèques avec Desjardins. Cette fois-ci, il a fait affaire avec un courtier.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Pierre-Antoine Fournier

Le condo est ma plus grosse dette et juste un point de pourcentage, ça faisait une grande différence. Je suis allé chercher 1,5 de pourcentage avec un courtier, ça veut quand même dire 3000 $ par année.

Pierre-Antoine Fournier

Malgré tout, il souligne qu’il lui serait impossible de rester propriétaire de son chalet – une propriété familiale qu’il a achetée à la suite de la mort de sa grand-mère, il y a 20 ans – s’il n’en retirait pas des revenus de location ; revenus qui ont baissé de 15 % à 20 % depuis la fin de la pandémie.

Prolonger l’amortissement

Afin d’alléger ses paiements mensuels, Pierre-Antoine Fournier a également dû prolonger l’amortissement de ses prêts hypothécaires. « J’ai repoussé l’échéance de deux de mes prêts de 5 ans, dont le condo sur 25 ans. Je me suis quand même ramassé, globalement sur les trois prêts, à payer de 400 $ à 500 $ de plus par mois. Si je n’avais pas bougé les termes, j’aurais payé de 600 $ à 800 $ de plus par mois. » Une somme qui a une grande incidence sur son budget. En contrepartie, à long terme, cette stratégie lui fera payer plus d’intérêts. Mais le réalisateur a bon espoir de pouvoir rajuster l’amortissement une fois que les taux auront baissé. « Si ça redescend à 3,5 %, je vais probablement briser mon prêt et payer une pénalité. Tout va être une question de calcul. »

Garder espoir

Avant la hausse des taux hypothécaires, Pierre-Antoine Fournier avait le projet de vendre son condo, un petit 4 et demie, pour acheter plus grand. Aujourd’hui, ce projet n’existe plus. « Le petit condo, avec le petit compte d’Hydro et les petits frais de condo, c’est ça pour au moins quatre ans. » Mais le père seul le répète : il ne fait pas pitié. « Je suis conscient que mes problèmes, ce sont des problèmes de gens aisés. »

Quand il pense à l’avenir, il est un peu stressé, mais pas pessimiste. « Ce qui me sauve pour le moment, c’est que mes propriétés ont pris de la valeur. Ma dette est beaucoup plus petite que la valeur, donc je reste les pieds sur terre en me disant : au pire, j’en vends un des deux, je place l’argent et je suis correct pour un bout... mais c’est sûr que si mon chalet est réinondé, il n’y a plus de calcul qui tient. Je suis financièrement mort. »