« Je suis comme Obélix : l’aluminium, je suis tombé dedans quand j’étais jeune », pouffe André Poulin, président de REMAC, entreprise de Chicoutimi fondée en 1986 et spécialisée en fabrication et installation de structures, de passerelles, de ponts et de quais en aluminium. « Mon père a travaillé 41 ans chez Alcan. J’ai entendu parler d’aluminium toute ma vie. » Portrait.

Un matériau dont le cofondateur de REMAC s’étonne de devoir encore vanter les mérites. « On en est encore à expliquer que l’aluminium résiste à la corrosion, qu’il est vert – 75 % de l’aluminium qui a été coulé depuis 100 ans est encore en circulation aujourd’hui. C’est phénoménal. »

Quand des camions de 2200 kg roulent à 120 km/h sur des jantes d’aluminium, personne ne se demande si c’est solide. Tout le monde se sent en sécurité. Mais dès qu’on parle d’amener des choses nouvelles, les gens sont sur leurs gardes.

André Poulin, président et cofondateur de REMAC

Concurrent de l’acier

Comment REMAC contribue-t-elle au développement économique du Saguenay ? « En apportant de l’innovation. On n’essaie pas de faire ce que nos voisins font », affirme M. Poulin.

L’entreprise a en effet fabriqué la toute première tour de transmission cellulaire autoportante en aluminium au monde, installée en 2021 à Saint-Honoré, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

« On pouvait débarquer à bras les deux dernières sections de la tour – ça vous donne une idée de la légèreté du matériau », dit le président de REMAC, qui a collaboré avec la Société de la Vallée de l’aluminium, l’Université de Sherbrooke, Rio Tinto et le Centre d’entrepreneuriat et d’essaimage de l’UQAC, notamment.

PHOTO FOURNIE PAR REMAC

Une tour en aluminium de REMAC en cours de route

Le téléphone s’est ensuite mis à sonner. « On a vendu beaucoup de tours en Nouvelle-Écosse, là où ils sont les plus exigeants au Canada parce qu’ils ont la queue des ouragans des États-Unis. »

En 2021, deux tours y ont été érigées ; l’année suivante, l’ouragan Fiona ravageait la province maritime ainsi que Terre-Neuve et l’Île-du-Prince-Édouard. Alors que des tours en acier se sont effondrées, celles en aluminium ont tenu le coup.

Certifiées, les tours de télécoms de REMAC, légères et hautement résistantes à la corrosion, respectent les mêmes normes que celles en acier. Préassemblées en usine, elles réduisent considérablement le temps d’installation.

PHOTO FOURNIE PAR REMAC

Certifiées, les tours de télécoms de REMAC, légères et hautement résistantes à la corrosion, respectent les mêmes normes que celles en acier.

Fiertés

Les gens rencontrés en cours de route et les innovations signées REMAC rendent André Poulin fier du chemin parcouru.

« Pour installer la passerelle du Circuit des bâtisseurs à Chandler [en Gaspésie], on a embauché des gens de là-bas extraordinaires », se souvient le président, qui se réjouit d’accueillir au sein de son équipe des personnes originaires de la Tunisie. « On les aide à s’intégrer, à apprendre la culture québécoise, la langue. »

Aujourd’hui, l’entreprise travaille sur des pylônes destinés à Terre-Neuve, en plus d’avoir reçu des demandes de tours des États-Unis et de la Barbade. « On est en train d’aller chercher un brevet dans plus de 30 pays », dit André Poulin.

En outre, dans le cadre du projet caquiste visant à étendre le réseau cellulaire à l’échelle du territoire, REMAC « est en discussion avec le gouvernement pour que les tours soient fabriquées au Québec en aluminium », indique M. Poulin.

« Notre produit est une belle niche. On s’assure d’une réputation à long terme de l’aluminium », dit André Poulin, qui, bien qu’il se voie piloter REMAC plusieurs années encore, a tout de même sondé l’intérêt de ses filles quant à une possible reprise des rênes un jour.