Si le Québec peut se targuer du poids de ses alumineries dans son économie, le secteur de la transformation de l’aluminium pèse encore plus lourd. Moins connues que les producteurs primaires, une multitude d’entreprises transformatrices contribuent au développement économique de plusieurs régions. Survol.

L’importance stratégique de l’industrie de l’aluminium au Québec ne s’arrête pas à la production des 2,9 millions de tonnes de métal gris réalisée chaque année par ses alumineries.

Si l’industrie de l’aluminium emploie 38 000 travailleurs dans la province, 80 % d’entre eux se trouvent dans les 1734 entreprises de transformation, qui en tirent des revenus annuels de 11,6 milliards de dollars, selon des données d’AluQuébec, la grappe industrielle de l’aluminium.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean domine

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean montre un dynamisme certain en matière de transformation de l’aluminium. Dans cette région, aux côtés des quatre alumineries de Rio Tinto, AluQuébec répertorie entre 50 et 75 entreprises de la transformation qui emploient 1500 travailleurs, générant des revenus annuels de 800 millions de dollars. « Probablement plus de la moitié du chiffre d’affaires est destinée à l’exportation », salue François Racine, PDG d’AluQuébec.

La concentration des producteurs primaires d’aluminium permet aux entreprises de la transformation d’être à l’avant-garde.

Lilianne Savard, directrice générale de la Société de la Vallée de l’aluminium (SVA)

C’est ainsi que se développe une production diversifiée, tournée vers des secteurs aussi variés que la construction navale, les ponts et passerelles, les pylônes électriques, les tours de télécommunications, ou encore le bâtiment et la construction.

Maibec à Québec

D’autres régions profitent de l’essor de la transformation de l’aluminium. Maibec fait partie des entreprises qui contribuent à la vigueur du secteur de la transformation. Pourtant, l’histoire de la firme installée à Lévis trouve son origine dans le bois. L’entreprise qui emploie 750 travailleurs, dont 500 au Québec, est un acteur d’envergure en matière de revêtements extérieurs de bâtiments.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

En décembre dernier, Maibec a fait l’acquisition des actifs de Signé Hurtubise, une firme de Drummondville spécialisée dans les produits de revêtement d’aluminium.

Maibec avait l’habitude de miser sur le bois pour équiper le marché des résidences, constitué avant tout de maisons unifamiliales.

À présent, les perspectives du marché du logement poussent Maibec à diversifier sa gamme de produits, en s’appuyant sur l’aluminium.

La solution à la crise du logement passe par la construction d’un nombre très important d’immeubles multilogements au Québec, dans tout le Canada et aux États-Unis.

Patrick Labonté, PDG de Maibec

Or, « des règles strictes contre le feu encadrent la construction des tours d’habitation, ajoute-t-il. Quand on dépasse une certaine hauteur, on a besoin de produits plus résistants au feu que ce que le bois peut offrir ».

Outre sa résistance au feu, l’aluminium bénéficie de son faible poids, ce qui nécessite des soubassements moins contraignants que ceux sur lesquels doivent s’appuyer le béton et l’acier, poursuit M. Labonté. L’avantage du poids s’ajoute à celui de la capacité de donner des formes plus variées, ainsi qu’à la résistance à la corrosion, et à la possibilité de recyclage à l’infini.

C’est ainsi qu’en décembre dernier, Maibec a fait l’acquisition des actifs de Signé Hurtubise, une firme de Drummondville spécialisée dans les produits de revêtement d’aluminium. « Hurtubise avait une combinaison unique au Québec, avec une chaîne de pliage automatisée et une chaîne de peinture moderne dans le même bâtiment, se félicite Patrick Labonté. C’est facilitant pour produire les commandes. »

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Patrick Labonté, PDG de Maibec, et Charles Tardif, vice-président, développement des affaires et approvisionnement

En janvier, l’usine du parc industriel de Drummondville a repris ses activités, interrompues précédemment par la faillite de Signé Hurtubise. Redémarrée avec une quinzaine d’employés, l’usine pourrait en compter deux ou trois fois plus d’ici trois ans.

Un an plus tôt, Maibec avait déjà racheté la firme Dizal, à Québec, spécialisée dans les imprimés de bois sur des revêtements en aluminium. « Dans les deux cas, notre choix s’est porté sur des entreprises existantes afin d’accélérer le développement de notre offre de produits en aluminium », souligne Patrick Labonté.

Maibec n’est pas une exception : le secteur de la construction offre de belles perspectives de croissance aux transformateurs de l’aluminium, confirme François Racine. Outre les qualités propres au métal blanc, celui-ci se réjouit que le travail de sensibilisation entrepris depuis plusieurs années auprès des ingénieurs et des architectes commence à porter ses fruits, y compris du point de vue financier. « On sait bien maintenant que l’aluminium est avantageux quand on fait l’analyse du cycle de vie et du coût total de possession », souligne-t-il, tout en rappelant que l’aluminium bas carbone produit au Québec avec l’hydroélectricité répond aux nécessités de la décarbonation.

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  • 29 800
    Nombre de travailleurs employés dans la transformation de l’aluminium au Québec.
    Source : AluQuébec