Si certains craignent les dérives de l’intelligence artificielle (IA), ses capacités d’apprentissage exponentielles peuvent être mises au service du bien commun. C’est le pari que fait la PME montréalaise Paraza Pharma, qui collabore avec plusieurs centres de recherche, dont le Mila, pour découvrir plus rapidement des médicaments plus efficaces et plus faciles d’utilisation.

« L’objectif est de développer plus de médicaments, qu’ils soient plus efficaces et qu’ils arrivent sur le marché plus rapidement. En fin de compte, nous faisons ceci pour les patients et le public », résume Aazer Siddiqui, chef de la stratégie et du développement d’entreprise chez Paraza Pharma.

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Arshad Siddiqui, fondateur et président-directeur général de Paraza Pharma

« Et évidemment, d’un point de vue commercial, renchérit Arshad Siddiqui, fondateur et président-directeur général de l’entreprise, réduire le temps nécessaire pour le cycle de recherche de 20 ans à potentiellement 5 ans seulement signifie de grandes économies. Celles-ci peuvent être réinvesties dans de nouvelles recherches, ce qui crée un effet multiplicateur des avantages de l’IA. »

Avec un parcours de plus de 30 ans comprenant plusieurs réussites marquantes, le scientifique devenu homme d’affaires s’y connaît en découvertes pharmaceutiques. Il faisait notamment partie de l’équipe qui a développé au début des années 1990 le 3TC, le premier médicament efficace contre le VIH.

La recherche pharmaceutique fonctionne selon la méthode d’essai-erreur, ce qui rend le processus long et ardu. Exploiter le potentiel d’une technologie qui apprend de ses propres erreurs prend donc tout son sens dans ce contexte.

Le premier avantage, souligne Aazer Siddiqui, est la diversité et l’éventail des molécules qui peuvent être testées ou envisagées pour résoudre un problème précis. « La recherche est actuellement basée sur les molécules que les scientifiques connaissent, ce qui est tout à fait normal. Mais il existe des milliers de molécules qui n’ont pas encore été explorées ou testées. L’intelligence artificielle peut donc apporter une grande aide au niveau de la créativité des avenues étudiées. »

Un autre avantage non négligeable se situe sur le plan de la sélectivité et de l’efficacité de la médication développée. En mots simples, l’IA peut aider à créer des médicaments qui atteindront plus précisément et plus fortement leur cible, ayant pour résultat de réduire les effets secondaires.

Plusieurs médicaments ont tendance à ratisser trop large, ce qui génère des effets indésirés. Toutefois, l’IA pourrait contribuer à développer une médication plus sélective en termes de cibles, ce qui la rend encore plus sécuritaire.

Aazer Siddiqui, chef de la stratégie et du développement d’entreprise chez Paraza Pharma

L’amélioration de la durée d’action des médicaments, qui aurait pour impact de réduire le dosage nécessaire, est un troisième bénéfice important apporté par l’utilisation de l’IA en découverte pharmaceutique, selon Arshad Siddiqui. « Personne n’aime prendre des pilules trois fois par jour, et les gens oublient parfois de les prendre. Alors, envisager des comprimés qui fonctionneraient durant 24 heures, plutôt que de six à huit heures seulement, faciliterait grandement les choses pour les patients. »

Une destinée très prometteuse semble donc se dessiner pour le mariage entre l’intelligence artificielle et les sciences de la vie, deux secteurs dans lesquels Montréal se démarque. Pour le fondateur de Paraza Pharma, Montréal est dans une position très avantageuse pour devenir la plaque tournante mondiale de la recherche pharmaceutique assistée par l’intelligence artificielle : « Nous sommes choyés d’avoir d’incroyables chercheurs en IA à Montréal. Les industries québécoises et canadiennes des sciences de la vie devraient donc capitaliser sur l’innovation qui a lieu ici pour améliorer leurs recherches et s’assurer de rester à l’avant-garde. »