Pour ScaleAI, supergrappe canadienne de l’intelligence artificielle (IA), le développement de l’IA doit impérativement se faire en incluant les PME, et pas seulement les grandes entreprises ou les géants du web. Depuis quelques années, elles ont un rôle clé à jouer dans le développement de cette technologie émergente – et il sera appelé à grandir. Survol.

Au Canada et au Québec, le tissu industriel est composé à 98 % de petites et moyennes entreprises. L’IA, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, constitue ainsi un « outil majeur de productivité et qui peut pallier le manque de travailleurs, affirme Julien Billot, président-directeur général de ScaleAI, en entrevue. Il faut absolument prendre en compte les petites entreprises ».

Pour ce faire, ScaleAI offre à la fois un financement à des PME spécialisées en intelligence artificielle et à des PME souhaitant intégrer l’IA à leurs processus, mais qui travaillent dans un tout autre domaine. Et l’objectif, des deux côtés, converge vers l’amélioration de la productivité.

Au Québec, il existe déjà plusieurs exemples de petites et moyennes entreprises qui offrent des produits et services dans le domaine de l’IA : Vooban, Ivado Labs, MoovAI, Videns, Airudi, Zetane, Explorai… elles font toutes partie de l’écosystème généré et entretenu par ScaleAI, créant ensuite à leur tour des partenariats partout dans la province.

« On demande qu’elles gardent la propriété intellectuelle autour de la solution développée. Non seulement elles reçoivent de l’argent, elles développent leur savoir-faire, mais ça leur permet de revendre des solutions », se réjouit M. Billot.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Julien Billot, président-directeur général de ScaleAI

Toutes les entreprises peuvent intégrer l’intelligence artificielle et y sont adaptables. Aucune entreprise ne devrait se dire : l’IA, ce n’est pas pour moi.

Julien Billot, président-directeur général de ScaleAI

Solutions concrètes

« L’autre fausse croyance, c’est que c’est réservé à des chercheurs. Qu’il faut tout le temps que ça passe par des laboratoires. Comme si on ne pouvait pas le mettre en place pour vrai », illustre Olivier Blais, cofondateur de MoovAI, PME montréalaise offrant des solutions d’optimisation par l’IA. « Mais en fait, tu peux l’utiliser. On peut régler de vrais problèmes, faire la livraison de solutions fonctionnelles. »

Sa société, fondée en 2018, possède déjà un beau palmarès. Son équipe a notamment conçu une solution pour l’approvisionnement chez les épiceries Metro, établi un engin de recommandations de recettes pour la plateforme Ricardo, ou encore donné un coup de main à la jeune pousse montréalaise de gestion de parcs d’attractions Connect & Go, afin que des promotions soient cadrées pour étendre les heures de pointe.

MoovAI a aussi imaginé un système de transcription des archives pour Radio-Canada et un algorithme de prévision de l’achalandage pour la Société de transport de Montréal, fait remarquer son autre cofondateur et vice-président marketing, Guillaume Petitclerc.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Olivier Blais et Guillaume Petitclerc, cofondateurs de MoovAI

« Sur la ligne orange, tu vas voir le nombre de personnes. Ç’a été développé durant la COVID-19 pour la distanciation sociale, mais ça peut être utilisé à toutes les sauces. Je suis bien fier de ça, parce que leur équipe est maintenant complètement autonome », ajoute Olivier Blais. Selon lui, il s’agit d’un bel exemple de démocratisation de cette technologie.

L’enjeu, c’est que le billet coûte encore cher. Si un produit prédéterminé existe déjà et fonctionne avec notre problématique, on peut s’en sortir pour quelques centaines de milliers de dollars. Par contre, l’implémentation d’une solution personnalisée, en fonction de sa complexité, peut entraîner une facture allant jusqu’à 10 millions de dollars.

« On est encore massivement dans une phase de consultation », pense Julien Billot, qui estime que nous assisterons à une évolution graduelle « vers un produit, une plateforme, pour lequel le coût d’implémentation va être plus accessible pour les plus petites entreprises ».

« C’est ce qui se passait avec la fabrication de sites web : ça a coûté cher entre 1995 et 2005-2010, puis c’est devenu faisable en quelques clics et pour quelques centaines de dollars. »