En matière de finances, il n’y a pas de recette unique. Ainsi, au moment de la retraite, les cas de figure sont aussi nombreux que les individus. Malgré tout, après avoir géré votre épargne durant des décennies, certaines notions méritent d’être connues afin d’en profiter le plus possible. Survol.

Hélène Girard est à la retraite depuis six ans. Puisqu’elle était comptable de profession, l’épargne a toujours été très importante pour elle. « J’ai toujours été un écureuil. J’ai toujours mis le maximum de REER que je pouvais mettre chaque année, même si je devais couper ailleurs pour y arriver. » Même si elle a une bonne littératie financière, elle a fait affaire avec un planificateur financier pour planifier sa retraite, elle consulte régulièrement sa conseillère financière et elle fait un budget tous les mois afin de pouvoir s’ajuster au besoin. Malgré tout, certaines inquiétudes subsistent : « Est-ce qu’il m’en restera assez jusqu’à la fin ? Est-ce que l’économie sera de mon côté ou si on s’en va vers une catastrophe ? »

Il y a une multitude de choses à considérer au moment de prendre votre retraite : est-ce que vous avez une rente de l’employeur ? Combien aurez-vous de rentes de la part du Régime de rentes du Québec (RRQ) ? Quel montant de pension de la Sécurité de vieillesse (SV) recevrez-vous ? Serez-vous admissible au Supplément de revenu garanti (SRG) ? Selon vos besoins, quand et combien allez-vous retirer de vos REER, de vos CELI et de vos autres placements ? Aurez-vous une source de revenu d’appoint ? « C’est tout ça qui doit être regardé dans sa globalité », explique Benoît Gaumont, planificateur financier, fiscaliste, président de Gaumont Groupe Conseil.

Minimiser la facture d’impôt

« La fiscalité, ça va être certainement un élément très, très important pour faire en sorte que, au global, le net, ce qu’on utilise pour payer nos dépenses, qu’il nous en reste le plus possible. C’est en payant le moins d’impôt possible qu’on va y arriver », mentionne M. Gaumont.

Si vous êtes en couple, afin de minimiser la facture d’impôt globale, commencez par retirer les REER du conjoint qui a le taux d’imposition le moins élevé. « Le premier palier d’imposition, jusqu’à 15 000 $, il est à 0 %. Où on va le prendre va avoir son importance entre les mains de celui qui a déjà du revenu imposable ou entre celui qui en a moins ou qui n’en a pas », précise le planificateur et fiscaliste.

Si on est un couple, la pire chose à faire, c’est de faire les choses séparément.

Benoît Gaumont, planificateur financier, fiscaliste, président de Gaumont Groupe Conseil

Si vous n’êtes pas en couple, vous pouvez aussi retirer 15 000 $ à 0 % et, si vous n’en avez pas de besoin, les placer dans un CELI. Après avoir retiré 15 000 $, les prochains 2183 $ sont imposés à 12,5 %, ce qui n’est pas très élevé. « Ça veut dire que quelqu’un qui n’a aucun revenu imposable peut sortir environ 17 000 $ de REER sans payer grand-chose en impôt », conclut le planificateur et fiscaliste.

Cette stratégie comporte cependant un risque, celui d’affecter votre montant de SV et de SRG. « Quand tu arrives à la retraite, ta SV et ton SRG, ça dépend des revenus gagnés. Ça dépend de combien tu gagnes. Quand tu retires de ton REER, ça compte dans ton revenu gagné, mais quand tu retires de ton CELI, ça ne compte pas dans ton revenu gagné. Même si tu penses juste au taux d’imposition marginal, ce n’est pas suffisant parce que si tu te trouves exactement dans la région où tu as le droit à la SV, chaque retrait REER que tu fais de plus vient te couper 15 % sur la SV et le SRG », mentionne Philippe d’Astous, professeur agrégé au département de finance de HEC Montréal.

FERR et rente viagère

Le 31 décembre de l’année où vous aurez 71 ans, vous aurez l’obligation de convertir vos REER. Deux options s’offrent alors à vous : les convertir en fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) ou prendre une rente viagère. Le FERR est soumis aux risques du marché et est flexible alors que la rente viagère est inflexible, mais vous assure d’avoir une somme fixe tous les mois jusqu’à votre décès. « Des fois, les gens peuvent faire des combinaisons, donc un bout de REER s’en va en FERR et l’autre bout s’en va en rente viagère. De cette façon-là, on a un peu le meilleur des deux mondes : un bout de prévisibilité et un bout de flexibilité », souligne Benoît Gaumont.

Des détails qui changent tout

Retirer en FERR plutôt qu’en REER pour obtenir le crédit d’impôt pour revenu de pension et éviter des frais bancaires, faire des retraits REER plutôt que de demander la rente RRQ à 65 ans… plusieurs autres stratégies peuvent vous permettre de tirer profit de votre épargne-retraite, mais encore faut-il les connaître. Benoît Gaumont et Philippe d’Astous s’entendent pour dire qu’un conseiller ou un planificateur financier est votre meilleur allié. « Il ne faut pas faire l’erreur de penser qu’on peut tout faire ça soi-même si on n’a pas les compétences pour le faire. C’est important », souligne le professeur agrégé.