Le moment est certes propice pour vous questionner sur votre plan d’épargne en vue de la retraite. Les hausses de taux d’intérêt et l’inflation chamboulent les budgets et mettent une pression sur les objectifs d’épargne. Des experts nous expliquent comment éviter les mauvaises surprises au moment de la retraite.

Se faire accompagner

Beaucoup de gens sont sceptiques devant toute la publicité des institutions financières qui se fait autour du besoin d’être appuyé par un planificateur financier pour bien faire fructifier son patrimoine en vue de la retraite. Ils craignent des coûts élevés et doutent de l’efficacité de ces planificateurs. Que diriez-vous si c’était un groupe de recherche chevronné et indépendant qui vous conseillait de le faire ? Sophie Paquet, conseillère principale chez Financière Banque Nationale, rappelle que le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) publiait en 2016 un rapport étoffé démontrant que le rôle-conseil, malgré les frais associés, assurait aux épargnants une plus-value oscillant entre 2,7 et 3,9 fois, selon la conjoncture boursière. C’est en aidant les épargnants à maintenir une bonne discipline que les planificateurs leur permettent d’atteindre les objectifs, selon le CIRANO.

Le volet humain

Pour rendre la préparation de votre retraite non seulement plus efficace, mais aussi plus agréable, penchez-vous d’abord sur le volet humain de la chose, explique Noémie Sauvageau, planificatrice financière chez Dumais Sauvageau Garon, un cabinet en planification financière de Rivière-du-Loup. Avec ses clients, elle remplit d’abord un cahier dans lequel sont notés leurs goûts, leurs passions, ainsi que leurs objectifs à la retraite. « Établissez vos projets de vie à court, moyen et long termes et, surtout, parlez-en à votre entourage et à votre conseiller », dit-elle. Déterminez ensuite le moment où vous aimeriez prendre cette retraite. Mesurez alors les coûts que cela implique et l’accumulation d’épargne nécessaire.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Sophie Paquet, conseillère principale chez Financière Banque Nationale

Longévité, inflation et marchés boursiers

Les chiffres quant à l’espérance de vie ont bien changé. On estime que, pour un couple âgé de 60 ans actuellement, un des deux conjoints vivra jusqu’à 94 ans, note Sophie Paquet. Et c’est sans compter l’inflation. La période que nous traversons depuis un an nous rappelle que les changements de conjoncture économique, même temporaires, modifient ce que sera le coût de la vie à la retraite. Les ressources financières nécessaires pour affronter cette nouvelle étape de vie sont donc beaucoup plus élevées aujourd’hui qu’il y a 10 ou 20 ans. « Il faut protéger son pouvoir d’achat en investissant dans des actifs qui assureront la croissance du patrimoine », dit-elle. À long terme, malgré des passages parfois pénibles, les marchés boursiers ont réalisé des rendements annuels moyens de 9 %, rappelle-t-elle.

Contrôle du budget et de l’endettement

Il faut à la retraite avoir un budget bien établi et le moins de dettes possible, explique Noémie Sauvageau. « Et pourquoi ne pas utiliser les trois ou cinq dernières années avant d’y arriver pour appliquer tout de suite cette discipline ? », dit-elle. Cela consiste à mesurer le coût de vie anticipé à la retraite, à l’appliquer dès maintenant à votre budget et à voir ainsi ce qu’il vous reste à l’épargne. Cela vous permettra de réaliser si le tout fonctionnera au moment de la retraite et éliminera le stress que l’incertitude peut créer. Il faut aussi réduire si ce n’est éliminer l’endettement. « Attention entre autres aux crédits ouverts telles les marges de crédit », dit Mme Sauvageau.

Profiter de l’argent gratuit

À l’approche de la retraite, vous serez d’autant plus en bonne position si vous avez profité de l’argent gratuit qui s’offrait à vous, explique Sophie Paquet. « Pendant les années d’accumulation d’épargne, recherchez ces occasions », dit-elle. Par exemple, en plus de profiter des régimes d’épargne enregistrés, n’oubliez pas les programmes d’épargne-études, ainsi que les programmes de votre employeur si cette situation se présente. « De bonnes occasions d’accumuler de l’épargne sont aussi disponibles si vous avez les moyens financiers de retarder le moment où vous déciderez de toucher vos rentes gouvernementales, telles les prestations du Régime de rente du Québec (RRQ) », ajoute Noémie Sauvageau.