Les idées préconçues quant à la situation qui nous attend au moment de prendre notre retraite sont nombreuses. Mais plusieurs ne sont que des mythes qui peuvent malheureusement nous inciter à faire de mauvais choix. Le point avec deux expertes.

Ce n’est qu’une grosse question d’argent

Combien faudra-t-il ? Un million de dollars, deux millions, trois peut-être ? Oublions tout de suite que la préparation de la retraite n’est qu’une grosse question d’argent. C’est un mythe. « Oui, il faut bien prévoir l’aspect financier. Mais il n’y a pas que ça. La réalité est plutôt que la retraite est d’abord un grand projet de vie », affirme Léa Saadé, planificatrice financière et vice-présidente régionale, gestion de patrimoine, à la Financière des professionnels. Si vous êtes captivé par ce que vous faites maintenant, travail, famille, voyages, etc., vos intérêts ne changeront pas soudainement parce que vous devenez un retraité. Certes, il y aura des changements et il importe de bien préparer l’aspect psychologique que comporte le fait de passer à une autre étape de votre vie. C’est pourquoi, d’ailleurs, il existe des cours de préparation à la retraite. Quant à savoir combien il vous faudra d’argent, c’est du cas par cas, dit Léa Saadé.

Le coût de la vie diminuera

N’y comptez pas trop. Bien sûr, vous n’aurez plus à assumer les dépenses liées au fait d’avoir à vous rendre au travail (transport, vêtements, lunch. etc.). « Mais dans l’ensemble, on n’a pas nécessairement tout le contrôle nécessaire sur ses dépenses et sur les coûts, d’autant plus que c’est aussi une question de longévité », dit Nathalie Bachand, de Bachand Lafleur Groupe conseil. On peut diminuer ses dépenses de loisirs, mais celles pour les soins de santé risquent fort d’augmenter en même temps. Léa Saadé abonde dans le même sens. Plusieurs avancent la règle de 70 % qui veut que les dépenses à la retraite tombent à 70 % de ce qu’elles étaient avant. « Mais cette règle n’est pas applicable », croit-elle. Il n’est pas sûr que le train de vie diminuera ; il pourrait tout simplement se déplacer vers d’autres activités, croit-elle.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Nathalie Bachand, planificatrice financière chez Bachand Lafleur Groupe conseil

Faire des placements plus sûrs

Tant de gens vous diront qu’en arrivant à la retraite, il importe de modifier son portefeuille de placements afin de diminuer le risque et de s’assurer ainsi que l’on ne perdra pas l’épargne accumulée. Il s’agit bien, dans la plupart des cas, d’un mythe qu’il importe de déboulonner. « Le portefeuille doit continuer d’être géré en fonction de la tolérance au risque », dit Léa Saadé. La longévité est aussi un facteur important à considérer, reconnaît Nathalie Bachand. « Le portefeuille d’un retraité doit tenir compte des besoins de liquidités », dit-elle. Mais cela ne veut pas dire qu’il doit être constitué uniquement de placements sûrs. Une espérance de vie plus longue fait en sorte que le retraité doit aussi penser en fonction de la croissance de son patrimoine, et non pas simplement se préoccuper de l’aspect sécuritaire du portefeuille.

Reporter vos rentes

Plusieurs vous diront qu’il faut reporter le plus loin possible le moment où l’on commencera à toucher ses rentes du gouvernement, car elles seront d’autant plus élevées. Ce serait perdre de l’argent que de se priver de cette épargne que l’on touchera. Mais à certains égards, il s’agit probablement d’un mythe qui doit aussi être déboulonné. « Faire les bons choix n’est pas facile, car tout dépendra en fin de compte du temps que vous allez vivre », explique Nathalie Bachand. Mais on peut facilement imaginer des facteurs, telle une santé fragile, qui feraient que les perdants seront plutôt ceux qui n’en auront pas profité dès que cela leur était possible. Toutefois, le choix dépend également des autres ressources à la disposition du retraité.