Le Quartier d’innovation industrielle (QII) de Saint-Jérôme accueillera en 2025 la nouvelle usine de Maintenance Emric, spécialiste de la buanderie industrielle, qui s’apprête à investir 20 millions de dollars. L’entreprise jérômienne misera sur des équipements de haute technologie pour profiter de son positionnement géographique stratégique.

Stéphane Juteau n’est pas peu fier de parler de la future usine de son entreprise Maintenance Emric. Ce natif de Saint-Jérôme tient à faire grandir dans sa propre ville le Lavoir Jérômien, la division de buanderie industrielle de son groupe. Et ce n’est pas seulement par fierté jérômienne…

Huit ans après avoir racheté le Lavoir Jérômien, Stéphane Juteau s’apprête à investir 20 millions de dollars dans une usine de haute technologie, où les laveuses se chargeront et se déchargeront automatiquement, avec un séchage et un pliage tout aussi automatisés. « Nous pourrons récupérer l’énergie et l’eau de rinçage pour être beaucoup plus efficaces du point de vue énergétique », affirme Stéphane Juteau.

Les travaux du futur bâtiment de 60 000 pi⁠2 débuteront à l’été 2024 dans le nouveau Quartier d’innovation industrielle de Saint-Jérôme, avec pour objectif que l’usine soit opérationnelle à la fin de l’année 2025. Les revenus de l’entreprise devraient alors bondir de 4,5 à 10 millions de dollars, et le nombre d’employés doublera avec une trentaine d’embauches en perspective.

Au cœur d’un triangle stratégique

C’est que Saint-Jérôme est idéalement situé pour alimenter la croissance de Maintenance Emric. L’entreprise est placée au cœur d’un triangle reliant Montréal à Mont-Tremblant et à Ottawa. « C’est stratégique : je peux développer tranquillement les marchés à partir d’ici », explique Stéphane Juteau.

PHOTO FOURNIE PAR MAINTENANCE EMRIC

Les travaux du futur bâtiment de Lavoir Jérômien, une division de la buanderie industrielle du groupe Maintenance Emric, débuteront à l’été 2024 dans le nouveau Quartier d’innovation industrielle de Saint-Jérôme.

La buanderie industrielle est actuellement saturée de demandes par les hôtels, les centres sportifs et les établissements de santé. La future usine lui permettra d’avoir les moyens de poursuivre sa croissance.

C’est bien sur cet emplacement stratégique que mise la Ville de Saint-Jérôme en développant son Quartier d’innovation industrielle (QII), un territoire de trois millions de pieds carrés prêts à construire. « Nous souhaitons accueillir des entreprises avec de la valeur ajoutée qui amèneront de la richesse et des emplois de qualité », résume Martin Pigeon, conseiller municipal et responsable de la commission du développement économique et de l’électrification des transports à la Ville de Saint-Jérôme.

L’électrification et l’automatisation sont des points clés de la stratégie d’attractivité de Saint-Jérôme. La ville compte déjà des acteurs de renom dans ces domaines, tels que Lion Électrique et ses autobus, Doppelmayr, spécialisé dans les ascenseurs et les monte-charge, et Génik, spécialiste de l’automatisation industrielle. L’Institut du véhicule innovant (IVI) est implanté dans le Quartier d’innovation industrielle.

Nous nous déclarons la capitale de l’électrification des transports.

Martin Pigeon, conseiller municipal et responsable de la commission du développement économique et de l’électrification des transports à la Ville de Saint-Jérôme

Saint-Jérôme entend aller plus loin qu’uniquement héberger des entreprises. « Nous voulons favoriser des synergies entre le milieu universitaire et les entreprises », précise Martin Pigeon. L’élu confie que la Ville « pousse le ministre Pierre Fitzgibbon pour amener un pavillon universitaire de génie électrique à Saint-Jérôme », rattaché à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), qui dispose déjà d’un campus à Saint-Jérôme.

Pour concrétiser ses ambitions, la Ville de Saint-Jérôme bénéficie d’un atout dont les villes plus au sud commencent à manquer : des terrains vierges de toute construction, prêts à accueillir des édifices industriels et tertiaires.

Mais le Quartier d’innovation industrielle ne se concrétisera pas par des terrains industriels bradés. « Nous visons à créer des lieux de vie intégrés, avec des espaces verts, des pistes cyclables, des garderies et des secteurs résidentiels, pour faire un parc industriel de qualité supérieure », décrit Martin Pigeon. Des condos industriels sont mis à disposition aux quatre coins de la ville afin d’accueillir des projets entrepreneuriaux modestes.

Et ce n’est pas tout. Quatre millions de pieds carrés sont destinés à accueillir le pôle régional de santé, structuré autour de l’hôpital régional, des résidences pour aînés et des acteurs privés.

Ce développement ne fait que prolonger la transformation du paysage économique de Saint-Jérôme, entamée en 2020. « La réalité des entreprises a changé avec la pandémie », constate Cassandra Thériault, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Saint-Jérôme métropolitain. « Certaines ont fermé, d’autres ont changé, d’autres encore ont émergé ou connu une croissance imprévue. »

Et c’est sans compter sur les entreprises à la recherche de terrains pour développer leurs activités, et qui peinent à trouver ailleurs. « Les entreprises viennent de plus en plus vers le nord », observe Cassandra Thériault. « C’est une belle opportunité de continuer à développer la communauté d’affaires. »