L’arrivée de H55 au Québec va au-delà de la fabrication de blocs-batteries pour aider l’industrie aéronautique à prendre le virage électrique. Pour l’aéroport Montréal Saint-Hubert, l’implantation de cette entreprise en bordure de ses pistes illustre le changement de vocation souhaité par la direction et l’administration Fournier.

Cofondée par André Borschberg — détenteur du record du monde pour le plus long vol en solitaire sans ravitaillement avec un avion sans carburant à l’aide de Solar Impulse —, la jeune pousse érigera son usine de fabrication de blocs-batteries sur la Rive-Sud de Montréal.

L’endroit approvisionnera les premiers clients canadiens : Pratt & Whitney Canada, CAE ainsi que Harbour Air. Le fabricant de blocs-batteries prévoit investir jusqu’à 100 millions sur cinq ans dans la production ainsi que la recherche et développement.

« Nous avons étudié plusieurs sites potentiels sur la Rive-Nord et la Rive-Sud de Montréal et on a finalement décidé de s’installer près de l’aéroport de Saint-Hubert, expliquent en entrevue M. Borschberg et Martin Larose, directeur général de H55. C’est près de nos clients et d’un bassin de main-d’œuvre spécialisée. »

PHOTO FOURNIE PAR AIR-TO-AIR. CH

André Borschberg a cofondé H55 en 2017.

En présence, notamment, du ministre fédéral des Transports Pablo Rodriguez, du ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon ainsi que de la mairesse de Longueuil Catherine Fournier, MM. Borschberg et Larose ont officialisé le début des travaux, mercredi, en banlieue sud de la métropole.

L’accès aux pistes de l’aéroport de Saint-Hubert a pesé dans la balance chez H55. À court terme, le constructeur suisse livrera des blocs-batteries à ses clients et achèvera son site de production automatisé. Sur un plus long horizon, on souhaite aller beaucoup plus loin que la fabrication en usine.

« En Suisse, nous pouvons être appelés à développer l’intégration du système de propulsion dans un appareil spécifique, explique M. Borschberg. C’est une valeur ajoutée que l’on offre. Nous sommes autorisés à effectuer des vols tests. On ne veut pas construire d’avions, mais puisqu’il s’agit de nouvelles technologies, il faut être en mesure de conseiller nos clients pour les intégrer. »

Déjà des clients

H55 a déjà noué des partenariats avec Pratt & Whitney Canada pour lui fournir les systèmes de batteries pour la réalisation d’un moteur hybride électrique qui doit propulser un avion à hélices Dash 8 construit par De Havilland Canada. La société est aussi un fournisseur du partenariat formé par CAE et Piper pour développer une trousse de conversion électrique destinée au modèle Archer de l’avionneur américain. Finalement, elle collabore avec Harbour Air afin d’électrifier ses appareils Beaver.

Pour l’aéroport Montréal Saint-Hubert, l’annonce faite par H55 marque la concrétisation d’efforts échelonnés sur plusieurs mois. Ses représentants avaient entre autres rencontré M. Borschberg et son équipe pendant le Salon de l’aéronautique du Bourget, en France, en juin dernier.

Connu pour ses écoles de pilotage — une source de nuisance sonore pour les résidants des environs —, l’aéroport de Saint-Hubert souhaite s’éloigner de sa vocation d’aviation générale au profit de l’innovation ainsi que de la recherche et développement.

H55 en est un bon exemple, affirme le vice-président, affaires corporatives, communications et marketing de l’aéroport, Simon-Pierre Diamond.

« Ici, il y a une proximité avec beaucoup d’acteurs de l’industrie et un accès à la piste, dit-il. Lorsque l’on doit tester de nouveaux prototypes, c’est un facteur déterminant. H55 marque le départ de notre nouvelle vocation. »

À cela s’ajoute la construction d’une nouvelle aérogare, un projet de 200 millions qui doit accueillir ses premiers passagers avant l’été 2025. Ce projet est piloté par Porter Airlines, qui sera son principal utilisateur avec Pascan Aviation.

Par écrit, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a estimé que le site construit par H55 « renforce » le positionnement de la municipalité dans l’industrie aérospatiale, mais qu’il envoie « un message clair que Longueuil entend jouer un rôle de leader dans la décarbonisation de l’aviation ».

Une étape à la fois

Bon an, mal an, le secteur du transport aérien représente environ 2 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Les vols transatlantiques dans un avion 100 % électrique ne sont pas pour demain, mais l’électrification est néanmoins en marche dans la « petite aviation », affirme le cofondateur de H55.

« C’est plus rapide et plus simple, affirme M. Borschberg. Nous pouvons introduire de nouvelles technologies dans ce créneau pour démontrer son utilité pour l’aviation. L’aviation commerciale de transport régional sera la prochaine étape. »

H55 a obtenu un prêt de 10 millions du gouvernement Trudeau pour s’implanter au Québec. L’entreprise discute toujours avec le gouvernement Legault à propos d’un soutien financier.

En savoir plus
  • 2017
    Année de fondation de H55
    Source : h55
    65 millions CAN
    Taille de la plus récente ronde de financement de H55
    Source : h55