Avec les changements technologiques et les nouvelles préoccupations de la société, certaines professions se sont complètement transformées ces dernières années. Les universités sont bien placées pour voir ces tendances et doivent d’ailleurs constamment adapter leurs programmes en conséquence. Et on s’arrache les diplômés.

« Il y a 20 ans, on enseignait à faire des CD-ROM interactifs et des sites web, alors que maintenant, on crée des parcours technologiques interactifs : les étudiants ne savent pas ce qu’ils feront plus tard, donc ils doivent apprendre à apprendre et à travailler en collaboration », raconte Danny Perreault, professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qui enseigne dans le baccalauréat en communication (création médias – médias interactifs).

Par exemple, ils doivent réaliser un projet de fin d’études pour lequel on leur donne un thème large. « Un peu sur le mode start-up [jeune pousse] ou résidence d’artiste, le groupe doit arriver avec une proposition de projet et comme professeur, on les guide, on les accompagne dans la réalisation, explique-t-il. On est dans l’enseignement expérientiel qui permet d’explorer et de développer leur autonomie. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Hugues Sweeney, président de Thinkwell Studio Montréal

Hugues Sweeney, président de Thinkwell Studio Montréal, a réalisé une maîtrise dans le domaine à l’UQAM à la fin des années 1990. Ce qu’il fait aujourd’hui n’a évidemment rien à voir avec ce qu’il a appris sur les bancs d’école, mais une certaine base demeure. « La formation comprend un volet théorique, réflexif et critique pour apprendre à développer des concepts, puis il y a le volet technique pour pouvoir comprendre ce qu’on a besoin de livrer et le réaliser », indique celui qui, chez Thinkwell, peut compter sur quelques personnes qui viennent des médias interactifs et qui travaillent en collaboration avec des ingénieurs et des designers.

Comme Thinkwell, plusieurs autres entreprises embauchent des finissants en médias interactifs, de Moment Factory à l’Office national du film (ONF) du Canada.

Avant, notre domaine était niché, mais maintenant, il est beaucoup plus connu, alors que pratiquement toutes les municipalités veulent leur Foresta Lumina. Le marché a explosé et il y a énormément de perspectives d’emploi. Parfois, à la fin du baccalauréat, il faut même retenir les étudiants qui ont déjà un pied dans une entreprise.

Danny Perreault, professeur à l’École des médias de l’UQAM

Ce programme est d’ailleurs admissible pour les Bourses Perspectives Québec créées pour augmenter le nombre de personnes qualifiées dans les professions priorisées par le gouvernement du Québec où il y a une rareté de main-d’œuvre.

Hugues Sweeney confirme que le recrutement est hautement compétitif. « Il y a plusieurs projets à réaliser en création numérique dans le monde et Montréal est une ville importante dans le domaine, mais il n’y a pas assez de gens pour faire tout le travail », affirme celui qui vient de terminer, avec son équipe principalement installée à Montréal, le parc Harry Potter, à Tokyo.

La finance de plus en plus durable

Un autre domaine en profonde transformation actuellement est la finance qui doit de plus en plus tenir compte du développement durable. Pour cette raison, le Centre des dirigeants John-Molson de l’Université Concordia a créé la Certification professionnelle en placements durables en partenariat avec l’Initiative pour la finance durable.

« On demande de plus en plus aux gestionnaires de portefeuille d’intégrer dans leur processus décisionnel les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) parce que les clients le demandent », remarque Amr Addas, professeur au département de finance de l’École de gestion John-Molson.

Or, ce n’est pas si simple. « Si on s’intéresse au volet social d’une entreprise, il faut regarder les conditions de travail de ses employés et de ses partenaires, explique-t-il. On s’intéresse aussi aux entreprises qui ont un modèle d’affaires avec une faible empreinte carbone. Le tout, bien sûr, en maximisant le rendement. »

La certification d’une centaine d’heures est composée de trois cours en ligne. « Le programme donne l’occasion aux étudiants de profiter de l’expérience de gestionnaires de portefeuille de Manuvie à qui ils doivent présenter leurs décisions pour mettre à jour un portefeuille fictif en tenant compte des facteurs ESG », ajoute le professeur.

De grands besoins en sciences de l’information

Comme on est connecté pratiquement pour tout aujourd’hui, cela crée une quantité astronomique de données qu’il faut acquérir, conserver, organiser, gérer et diffuser. C’est le cœur de la maîtrise en sciences de l’information de l’Université de Montréal.

Le programme, offert par l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, est reconnu internationalement puisqu’il est agréé par l’American Library Association. Il est possible par la suite d’occuper une foule d’emplois, de gestionnaire des données de recherche à bibliothécaire, en passant par archiviste.