Dans le secteur minier comme ailleurs, les entreprises multiplient les efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Plusieurs minières prennent aussi des engagements ambitieux en matière d’empreinte carbone qui vont même jusqu’à la carboneutralité. L’adoption de l’hydroélectricité et d’autres types d’énergie verte devient donc incontournable.

ArcelorMittal, qui extrait du fer et produit du concentré de fer ainsi que des boulettes d’oxyde de fer destinées au marché de l’acier, a annoncé à la fin avril qu’elle était la première société minière au Québec à se doter d’un parc d’autobus électriques pour le transport de ses employés de Fermont à la mine Mont-Wright.

Alors que certains employés utilisent leur propre véhicule pour se rendre au travail, ArcelorMittal a aussi installé une douzaine de bornes de recharge à Mont-Wright et à l’usine de bouletage de Port-Cartier.

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Les nouveaux autobus électrique d’ArcelorMittal

L’entreprise, qui s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 25 % d’ici 2030 et à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, travaille aussi sur des projets de plus grande envergure. La plus importante source d’émissions de GES d’ArcelorMittal sur la Côte-Nord est le bouletage, avec plus de 1 million de tonnes de CO2 émises par année.

« Pas moins de 70 % de ces émissions viennent du charbon qu’on utilise dans le procédé et 30 % proviennent du mazout lourd qu’on utilise pour alimenter les fourneaux et d’additifs », indique Mapi Mobwano, président et chef de la direction d’ArcelorMittal Exploitation minière Canada.

L’an dernier, ArcelorMittal a commencé à utiliser de l’huile pyrolytique, produite à partir de résidus de l’industrie du bois d’œuvre, pour remplacer du mazout lourd. « Nous sommes la première usine de bouletage à utiliser de l’huile pyrolytique en continu et jusqu’à maintenant, nous en avons utilisé 8 millions de litres, ce qui équivaut à retirer l’équivalent de 2400 voitures de la circulation », affirme Mapi Mobwano.

« L’utilisation de l’huile pyrolytique nous permettra de réduire nos émissions de 25 % », affirme Mapi Mobwano.

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ArcelorMittal utilisera 32 millions de litres d’huile pyrolytique par année à Port-Cartier lorsque le projet sera achevé, ce qui éliminera 23 % du mazout lourd utilisé dans le procédé de bouletage.

Pour atteindre la carboneutralité, l’entreprise s’attaquera au charbon. « Nous regardons comment le substituer avec du biocharbon issu de la biomasse forestière, ajoute-t-il. Nous voulons aller chercher le bois affecté par la tordeuse des bourgeons de l’épinette. La technologie existe, notamment au Brésil, mais il y a très peu de producteurs au Québec. Nous sommes à la recherche de partenaires. »

Des défis très variables

Chaque minière doit adapter sa stratégie de réduction de GES en fonction de sa réalité. Par exemple, au Nunavik, où le réseau d’Hydro-Québec n’est pas accessible, Mine Raglan de Glencore a installé deux éoliennes de 90 mètres pour réduire sa consommation de diesel. Elles produisent 10 % de l’énergie consommée dans les opérations de la mine.

Les entreprises qui ont accès au réseau d’Hydro-Québec utilisent tout de même des énergies fossiles et tentent de trouver des solutions de rechange.

Par exemple, Agnico Eagle a installé un convoyeur électrique pour son minerai afin d’utiliser moins de camions à la mine Goldex, à Val-d’Or.

Mais Josée Méthot, PDG de l’Association minière du Québec, remarque qu’il reste du développement technologique à faire pour l’industrie. « Les équipements ne sont pas tous disponibles en version électrique, affirme-t-elle. Par exemple, les camions de 425 tonnes fonctionnent encore au diesel. Pour les convertir à l’électricité, il faudra des batteries très puissantes. »

Tout de même, la plupart des minières prennent l’engagement de la carboneutralité. Certaines pour 2050, d’autres avant. Par exemple, Nouveau Monde Graphite s’est engagée pour 2030. « Pour les nouveaux projets qui voient le jour, cet engagement est pratiquement devenu un standard, affirme Mme Méthot. Cela ne signifie pas que les minières ne produiront pas de GES, mais elles les réduiront au maximum et elles feront de la compensation. »