L’entrée en vigueur de l’interdiction des plastiques à usage unique à Montréal n’a pas pris de court Emballages Carrousel. Au contraire, l’entreprise s’y préparait depuis des années. Plus gros distributeur indépendant d’emballages au Canada, elle avait lancé son ambitieux programme Engagement 500 Plus pour ajouter au moins 500 produits écoresponsables par année à son offre. Ce pari réussi, elle a récemment inauguré son centre Éco-Innov.

Quels sont les impacts des nouvelles réglementations sur les entreprises ? Comment agir pour être en règle ? Comment se positionnent les autres municipalités ? Autant de questions auxquelles les 18 000 clients d’Emballages Carrousel font face. Tous les mois, l’entreprise de Boucherville organise un webinaire afin de les aiguiller. À cela s’ajoutent un guide des objets de plastique à usage unique autorisés ou interdits tant au fédéral qu’au provincial et son vaste catalogue de produits écoresponsables.

« Les clients sont fâchés, découragés et inquiets, et oui, les produits substituts sont plus chers et cela joue sur les marges de profit. C’est pour cela que notre rôle est de les accompagner à travers tous ces changements parce qu’ils sont démunis et ne trouvent pas de réponses à leurs questions. Nous ne sommes pas uniquement un déplaceur de boîtes », souligne Brigitte Jalbert, présidente d’Emballages Carrousel.

Se réinventer continuellement

L’adoption de ces nouvelles réglementations n’inquiète pas Brigitte Jalbert. Bien au contraire, elle y voit un plus pour l’environnement.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Brigitte Jalbert, présidente d’Emballages Carrousel

Les emballages ne vont pas disparaître. Personne ne va aller chercher sa farine avec ses mains. Aussi, ils sont nécessaires pour préserver les aliments et pour réduire le gaspillage alimentaire, mais il faut emballer intelligemment.

Brigitte Jalbert, présidente d’Emballages Carrousel

À ce titre, elle estime qu’environ 70 % de son offre de 10 000 produits courants, un chiffre qui peut grimper à 18 000 pour les produits sur demande, porte le sceau d’une certification verte.

Nécessaire diversification

Emballages Carrousel a aussi compris que pour perdurer, elle devait se diversifier. Aujourd’hui, 50 % de son chiffre d’affaires provient de ses clients industriels.

Une des grandes sources de pollution est la fameuse pellicule de plastique qui entoure les palettes. Pour résoudre une partie du problème, l’entreprise a mis sur pied son programme Carrou-cycle. « Nous livrons la pellicule et nous y retournons pour rapporter celle qui est usée à Polykar, qui va la retransformer en d’autres produits. C’est carrément de l’économie circulaire », explique la femme d’affaires.

L’entreprise compte sur L’Oréal et Soprema comme partenaires dans ce projet. « Le nombre d’acteurs n’est pas encore énorme parce qu’il faut un grand volume de plastique, mais nous sommes sûrs que d’autres collaborateurs vont s’ajouter », soutient Brigitte Jalbert.

Un secret pour le succès

Brigitte Jalbert, présidente d’Emballages Carrousel, qui dirige 430 employés, est animée par trois grands principes : la loyauté, l’authenticité et la vulnérabilité. « J’ai fait une promesse à mon père de ne jamais vendre. C’est un principe de loyauté envers nos clients, nos fournisseurs et nos employés. Par ailleurs, les gens ont le droit d’être ce qu’ils sont. Moi, je pleure facilement non parce que je suis triste, mais parce que j’admire ce que font mes gens. Je considère que c’est mon devoir d’avoir le courage d’être moi-même. Je me donne le droit d’être vulnérable et de ne pas avoir de masque. Je donne cette possibilité aussi à nos employés. Si vous saviez les perles que l’on peut découvrir en agissant ainsi. C’est cette culture d’entreprise que je veux qui perdure pour les prochaines générations. »