Il n’est pas rare lorsqu’une entreprise affronte des difficultés majeures qu’en découlent des occasions intéressantes, pouvant marquer une carrière. Encore faut-il savoir reconnaître la nature de ces problèmes et savoir redonner à l’entreprise la place qui lui revient.

Cette occasion s’est présentée pour Rana Ghorayeb en 2019, alors qu’elle a été nommée présidente et cheffe de la direction d’Otéra Capital, une filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Rappelons qu’à ce moment, Otéra Capital faisait les manchettes autour de sérieux problèmes de conflits d’intérêts qui ont mené au départ de quatre hauts dirigeants de l’entreprise.

De son propre aveu, cette nomination constituait pour elle une énorme chance et elle était bien préparée à la saisir. Elle avait passé plusieurs années dans le secteur des investissements en infrastructures à la Caisse de dépôt, où elle avait eu la chance d’être mentorée par Michael Sabia. Elle connaissait bien les valeurs de l’institution.

Son parcours dans le monde de l’investissement lui avait permis de passer par une autre grande institution, soit JP Morgan Chase, et d’acquérir une précieuse expérience des grandes places financières, dont Londres et New York.

« Bris de confiance »

Chez Otéra Capital, les difficultés à surmonter allaient être nombreuses. « À mon arrivée en poste il y a près de quatre ans, j’ai tout de suite compris que j’allais devoir composer avec un sérieux bris de confiance autant de l’équipe que de la clientèle », dit-elle. « Puis, peu de temps après, ce fut l’arrivée de la COVID-19 qui nous a forcés à renvoyer tout le monde à la maison et à organiser le télétravail, sans compter la pénurie de main-d’œuvre que la pandémie allait causer », ajoute-t-elle.

L’objectif était clair. Il fallait rehausser le standard de la société et créer les conditions pour que nos gens puissent offrir le meilleur d’eux-mêmes.

Rana Ghorayeb, présidente et cheffe de la direction d’Otéra Capital

En moins de quatre ans sous sa direction, le personnel d’Otéra Capital est passé de 110 à 169 employés, et le portefeuille de prêts a augmenté de 43 %. L’ouverture d’un bureau à New York offre maintenant une meilleure diversification et a contribué à capturer les bonnes occasions d’affaires autant là-bas qu’ici. Les prêts aux États-Unis représentent maintenant 25 % des prêts consentis contre 5 % il y a quatre ans. La firme s’est également dotée d’une stratégie visant l’économie québécoise, et les engagements se chiffrent déjà à près de 6 milliards de dollars, explique la présidente.

Amener l’équipe plus loin

Elle ajoute avoir hérité d’une équipe solide qui affichait déjà une bonne performance. L’important pour elle était de redynamiser la structure et d’amener l’équipe plus loin. Rana Ghorayeb se réjouit de l’atmosphère qui règne maintenant au bureau.

Il y a quatre ans, les gens que je croisais dans les corridors avaient la tête basse et regardaient par terre. Aujourd’hui, ils marchent tous la tête bien haute, souriants et heureux de ce que nous avons réalisé ensemble.

Rana Ghorayeb, présidente et cheffe de la direction d’Otéra Capital

Mme Ghorayeb siège à la Fondation du CHUM, ainsi qu’au conseil des gouverneurs de l’Université Concordia où elle a d’ailleurs obtenu une maîtrise en génie et un baccalauréat en planification urbaine. Elle est également titulaire d’une maîtrise en finance de l’Université de New York.

L’Association des femmes en finance du Québec lui rendra hommage le 11 mai lors de son gala Les Talentueuses 2023.