La Société de financement et d’accompagnement en performance énergétique (SOFIAC) se prépare à ajouter 100 millions de dollars à ses capacités de financement pour aider les entreprises à réduire leur consommation d’énergie et leurs émissions de carbone. Entretien avec Pierre Langlois, président d’Econoler, une des firmes fondatrices de ce bras financier de la transition énergétique.

Q. D’où vient la SOFIAC ?

R. Ce fonds d’investissement a été lancé il y a deux ans par Fondaction et Econoler, la firme québécoise de consultation en projets écoénergétiques que je dirige. Cette initiative est venue du constat que les entreprises sont limitées dans leurs projets de réduction de la consommation énergétique parce qu’elles sont en concurrence avec leurs projets productifs, dont le rendement de l’investissement est souvent plus rapide à obtenir.

Q. Que fait la SOFIAC ?

R. Elle conçoit et finance des investissements de décarbonation et de réduction de la consommation d’énergie, en partageant les économies réalisées avec l’entreprise bénéficiaire du projet. C’est ce que nous faisons avec Aéroports de Montréal, où des travaux d’efficacité énergétique débuteront prochainement, contribuant à atteindre l’objectif de carboneutralité de l’autorité aéroportuaire. L’aide n’est pas mince : la SOFIAC finance la totalité des investissements des entreprises des secteurs commerciaux, industriels et multirésidentiels. Dès le premier jour, elle transfère les actifs à l’entreprise, qui peut alors les amortir dans ses comptes, sans les avoir payés. Elle bénéficie à la fois du financement d’un investissement qui lui fera économiser de l’énergie et du coup de pouce fiscal permis par l’amortissement. De plus, l’investissement n’affecte pas les ratios bancaires des entreprises. On élimine donc l’ensemble des barrières financières. L’entreprise ne soutient aucun risque.

Q. Comment se rémunère la SOFIAC ?

R. Elle se paie en prenant un pourcentage des économies réalisées par les investissements écoénergétiques. Nous investissons sur des projets à 10 ou 15 ans pour aller en profondeur dans la décarbonation et dans la réduction de la consommation énergétique.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

Pierre Langlois, président d’Econoler, un des partenaires cofondateurs de la SOFIAC

Q. De quels moyens dispose la SOFIAC ?

R. Nous disposons d’un financement de 200 millions de dollars, mis sur pied par Fondaction, Desjardins et différents partenaires, à la fois en capital et en dette. Parallèlement, nous avons élargi nos activités à l’ensemble du Canada, tout en conservant un accent important sur le Québec.

Q. Combien la SOFIAC a-t-elle investi jusqu’à présent ?

R. En 2022, nous avons financé pour 50 millions de dollars de projets, en plus desquels nous sommes allés chercher 20 millions de dollars en subventions. Cette année, nous pourrions financer le double, si bien que nous nous apprêtons à augmenter notre capacité de financement de 100 millions de dollars supplémentaires en 2023. À moyen terme, nous pourrions lancer un deuxième fonds d’investissement. Nous devrions être en mesure de financer jusqu’à 1 milliard de dollars d’investissements sur 10 ans.

Q. Que manque-t-il à la SOFIAC pour accélérer encore la transition énergétique ?

R. Nous sommes encore mal connus par les dirigeants d’entreprise. Quand ils prennent connaissance de notre offre, ils trouvent le modèle intéressant. Certains disent même que c’est trop beau pour être vrai ! Nous devons mieux faire connaître l’offre de la SOFIAC. Notre modèle d’affaires est différent de ce que les directions d’entreprise connaissent habituellement. Elles n’ont plus à définir elles-mêmes leurs projets d’investissements écoénergétiques, ni à aller sélectionner des fournisseurs, ni à suivre les projets. Avec la SOFIAC, elles n’ont plus besoin de faire tout cela.