Lorsqu’on évoque le régime enregistré d’épargne-retraite (REER), on pense souvent à des personnes en progression de carrière qui commencent à épargner pour leurs vieux jours. Mais il n’y a pas d’âge minimum pour cotiser à un REER. Y a-t-il des avantages à le faire dès le premier emploi d’été ?

« C’est une bonne idée de cotiser à son REER lorsqu’on est jeune même si on ne pense pas à la retraite : en fait, il est important de commencer le plus tôt possible », affirme d’emblée Ravy Pung, planificatrice financière à la Banque Nationale.

Pourquoi ? Elle souligne d’abord l’importance de développer un comportement d’épargne. « Cela s’apprend jeune. »

Puis, parce que pour arriver au même résultat à la retraite, le fait de commencer à cotiser jeune dans son REER fera que l’impact sur le budget sera moindre.

Une personne qui commence à investir vers 16 ans aura de nombreuses années devant elle pour réaliser du rendement à l’abri de l’impôt, alors ça fait une grande différence si on compare avec quelqu’un qui commence vers 40 ou 50 ans.

Ravy Pung, planificatrice financière à la Banque Nationale

En plus de la retraite, elle souligne que le jeune peut vouloir épargner pour acheter sa première maison grâce au régime d’accession à la propriété (RAP) qui permet de retirer dans son REER sans être imposé. « C’est important que le jeune connaisse ses options », indique-t-elle.

Le REER pour réduire sa facture fiscale

Il n’y a pas d’âge minimum pour cotiser à un REER. Cependant, seul un contribuable âgé de 18 ans et plus peut effectuer une contribution excédentaire, limitée à 2000 $.

« À ces âges-là, les revenus représentent généralement de petits montants et le jeune ne paie pas d’impôt », souligne Ravy Pung.

En effet, le montant personnel de base – non imposable – atteint 15 000 $ en 2023. À quoi sert alors la déduction sur le revenu imposable que donne la cotisation ?

On n’est pas obligé de prendre sa déduction l’année de sa cotisation : lors de sa déclaration de revenus, on peut la reporter et la prendre seulement par exemple vers 40 ou 50 ans, quand on aura un revenu plus important.

Ravy Pung, planificatrice financière à la Banque Nationale

Aux yeux d’André Lacasse, planificateur financier et conseiller en sécurité financière à Services financiers Lacasse, l’habitude d’épargner peut aussi être prise d’autres façons, par exemple avec un compte d’épargne à intérêt élevé et à partir de 18 ans, avec le compte d’épargne libre d’impôt (CELI). S’il insiste également sur le fait qu’il est important de commencer à épargner tôt pour profiter de la magie des intérêts composés – lorsque les intérêts sont incorporés au capital pour être réinvestis –, il recommande de bien choisir le moment où on profite de sa déduction fiscale.

« Quelqu’un qui gagne 20 000 $ d’après la table d’imposition de 2023 aura un taux marginal d’imposition de 27,53 % alors qu’il sera de 37,12 % pour quelqu’un qui gagne 60 000 $, précise-t-il. Le remboursement d’impôt sera donc plus élevé avec un plus grand revenu. »

Les mesures sociales

André Lacasse porte aussi une attention particulière aux nombreuses mesures sociales calculées à partir du revenu au Québec qui peuvent faire une différence, par exemple si la personne a un enfant un jour.

« Cotiser à son REER fera diminuer son revenu imposable, ce qui pourrait faire augmenter par exemple les allocations familiales, explique André Lacasse. Mais cela dépend vraiment de la situation de la personne. Il est important de rencontrer son conseiller pour qu’il évalue quelle est la meilleure stratégie pour se bâtir un patrimoine qui ne coûte pas cher. »