De toutes les femmes que nous avons rencontrées au CACI, Polina Ignatova, 19 ans, est celle qui maîtrisait le mieux le français, en plus de parler anglais.

Mais, aujourd’hui : pouf ! Son français a disparu.

« C’est vrai », convient-elle, au bout de son cellulaire. « Je pouvais m’exprimer un peu en français, pour une conversation simple, mais c’était avant mon déménagement. Maintenant, je suis dans une autre province, l’Ontario. Et comme je parle anglais, je n’ai pas besoin du français. »

Pourquoi en Ontario ?

« J’ai postulé dans plusieurs collèges et universités, et j’ai été acceptée dans une université à Toronto, en science des données », explique-t-elle.

Polina ajoute qu’elle aurait pu étudier à l’Université Concordia, à Montréal, où elle avait aussi été admise. Mais le coût des études était trop élevé. Les réfugiés ukrainiens ont accès à l’école primaire et secondaire sans frais. Mais à l’université, ils doivent payer les droits de scolarité exigés aux étudiants étrangers, plus de 30 000 $ par an.

Je préfère Montréal à Toronto. Mais la vie est plus facile pour moi ici, parce que je peux parler anglais avec les gens.

Polina Ignatova

Retournera-t-elle un jour en Ukraine ? « Pour y vivre, non, je ne crois pas, dit Polina. Ce n’est pas sécuritaire. En plus, ma mère travaille ici. En Ukraine, elle ne pourrait pas avoir ce travail. »

Cela ne l’empêche pas de s’ennuyer. De sa ville, Kyiv, bien sûr. Mais surtout de sa vie d’avant la guerre. « J’ai passé mon enfance là-bas. J’ai plein de souvenirs. Si le pays était sûr, si je pouvais y travailler, bâtir ma carrière, avoir mon propre appartement, je préférerais retourner dans mon pays », avoue-t-elle.