Apprendre le raisonnement des accords de participes passés n’est pas aussi « branché » qu’apprendre les applications de l’informatique.

Certains expliquent la régression du français au Québec par un ensemble de raisons dont « l’anglais est plus facile », « le français est trop difficile », « les réseaux sociaux privilégient l’anglais » et « les francophones font moins d’enfants qu’avant ». Tous ces arguments contribuent, dans une certaine mesure, à cautionner l’impopularité du français. La stigmatisation de son fonctionnement favorise l’anglais, plus facile à intégrer. Les raisons de ce recul sont multiples, mais sa beauté, son envergure et son internationalité demeurent des qualités enviables.

Quel est donc le lien avec les règles de l’accord des participes passés ? Avant d’y arriver, précisons qu’historiquement, le français est une langue dans laquelle les grammairiens s’en sont donné à cœur joie. François 1er, roi de France, au XVIe siècle, a offert beaucoup de contrats à Marot, Vaugelas et autres pour implanter des règles en vue d’harmoniser les pratiques dans tout le pays. Aujourd’hui, nous avons hérité de l’ensemble de leur travail et les grammaires expliquent les règles d’accord des participes passés sur plusieurs pages.

Jeune étudiante au cégep, à l’université, je n’arrivais pas à intégrer toutes ces règles d’accord. Un jour, j’ai décidé de comprendre et avec le temps fiat lux.

Lorsqu’enfin le fonctionnement de l’ensemble des règles d’accord du participe passé s’est éclairci, je me suis dit : « Pourquoi l’a-t-on enseigné de façon si compliquée ? » Et je suis devenue professeure de français. J’en ai fait mon cheval de bataille dans une partie de ma carrière.

J’ai fait des tableaux, j’ai décortiqué les phrases, j’ai expliqué et réexpliqué le raisonnement. Distinguer un complément direct d’un complément indirect selon le verbe, voilà une base – mais avant d’y arriver, démêlons et nommons les parties d’une phrase : un adjectif n’est pas un participe passé, etc. Comment appliquer une règle ? Puis, mes étudiants finissaient par comprendre et y trouvaient un certain plaisir.

Aujourd’hui, nous remettons en question toutes ces règles, signe de l’évolution d’une langue. D’ailleurs, certaines instances sollicitent leur simplification. Le Groupe québécois pour la modernisation de la norme du français (GQMNF) y travaille déjà avec ardeur et succès.

Cependant, je persiste à penser que la maîtrise du raisonnement des accords des participes passés constitue une gymnastique intellectuelle valable, un apprentissage qui se transfère dans d’autres domaines de raisonnement, les sciences par exemple. Réfléchir, analyser et appliquer une règle, voilà ce que cet apprentissage propose aux persévérants.

Mais, ce n’est pas aussi « branché » que l’informatique et ses applications.

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