La haute altitude, c’est du sérieux. On peut y vivre des aventures extraordinaires. Ou on peut connaître des expériences vraiment misérables. Il suffit parfois de quelques détails pour passer de l’un à l’autre.

C’est pour cette raison qu’Emmanuel Daigle, guide professionnel, a totalement remanié un livre qu’il avait fait paraître au début de 2016, Haute altitude – Du trek à l’expédition, pour l’enrichir au maximum.

« C’était mon premier livre, rappelle-t-il. Je le compare à un travail de fin du primaire alors que celui-ci, c’est comme une thèse de doctorat, c’est vraiment un autre niveau. »

Il a notamment fait appel à des experts de différents domaines pour l’aider à réviser chacun de ses chapitres. « J’ai voulu que ce soit un travail d’équipe, j’ai donc communiqué avec les meilleurs que je connaissais dans le monde. »

Il s’agissait notamment de mettre à jour certaines connaissances au sujet de la haute altitude, comme le dénivelé quotidien à respecter pour favoriser une bonne acclimatation. Selon les dernières recommandations, il faudrait limiter son ascension à 400 m par jour au-delà d’une altitude de 2500 m alors qu’on donnait auparavant une large fourchette de 300 à 500 m d’ascension.

Emmanuel Daigle a également voulu étoffer son chapitre sur l’équipement. « Dans les boutiques de plein air, il n’y a plus trop de conseillers vraiment techniques. Mon but était donc de rendre les gens autonomes. C’est comme un mégaguide d’achat. »

Particularité des femmes

PHOTO FRANÇOIS LÉGER-SAVARD, FOURNIE PAR EMMANUEL DAIGE

La nouvelle version du guide comporte un chapitre sur les femmes et l’altitude.

L’auteur a également abordé des thèmes qu’il n’avait pas touchés dans la première édition. Il se montre particulièrement fier au sujet d’un tout nouveau chapitre sur les femmes et la haute altitude.

« À ma connaissance, c’est le premier livre qui parle spécifiquement de cela. C’est comme si tous les livres sur l’altitude étaient écrits par des hommes pour des hommes. Je trouvais que c’était un non-sens de ne pas parler de ces spécificités-là. »

Il aborde notamment la question des menstruations. « Les guides n’en parlent même pas avec leurs clientes. »

Je ne comprends pas, c’est important de dire que les menstruations peuvent se déclencher à n’importe quel moment, il faut avoir un petit kit, être prêt à ça.

Emmanuel Daigle, auteur de Haute altitude – Du trek à l’expédition

Les femmes devraient également être vigilantes à l’égard de l’anémie, une condition qui pourrait être particulièrement problématique en altitude. Il recommande donc de faire un bilan sanguin avant le départ, pour savoir s’il faut apporter des suppléments de fer. « Dans certains cas, ça peut faire une bonne différence », remarque-t-il.

Il répond à d’autres questions que les femmes peuvent poser. Par exemple, qu’est-ce qui se passe avec les implants mammaires en haute altitude ? (Non, ils ne vont pas exploser !) Est-ce que c’est prudent pour une femme enceinte d’aller en haute altitude ? (Ce ne serait pas nécessairement souhaitable.)

Emmanuel Daigle aborde aussi des questions plus psychologiques. « C’est important de comprendre pourquoi une femme se sent bien ou pas au sein d’un groupe. J’encourage tous les hommes à lire ce chapitre, particulièrement les guides, parce qu’ils vont pouvoir mieux gérer et aider les femmes de leur groupe. Pour moi, c’est un incontournable. En 2023, il faut parler de ça. »

L’auteur consacre également un chapitre au choc du retour. « Tout ce côté psychologique, on éjecte ça alors que c’est super important. Moi, j’ai vécu un choc du retour à mes premières aventures. Je relate cette anecdote pour introduire le chapitre et pour arriver à donner des astuces pour aider les gens à diminuer ce choc. »

Une référence

Emmanuel Daigle a travaillé avec Rando Québec pour faire paraître la nouvelle mouture de Haute altitude – Du trek à l’expédition. Il espère ainsi que ce livre deviendra une référence.

J’espère que ça va changer la donne et augmenter le niveau de sécurité qui, à l’heure actuelle, n’est pas là du tout. Les agences, elles se targuent de dire qu’elles préparent bien leurs clients, mais aller faire de la randonnée et faire un peu de team building, à mon avis, ce n’est pas suffisant.

Emmanuel Daigle, auteur de Haute altitude – Du trek à l’expédition

Emmanuel Daigle vise la francophonie avec son livre, mais il voit plus loin. « Ce livre va être traduit en népalais, lance-t-il. Ça va être le premier livre de montagne que les Népalais vont avoir dans leur propre langue. Personne n’a pris soin d’eux parce qu’il n’y a pas d’argent à faire là. Moi, je ne veux pas faire une somme avec ça, je vais leur donner mes droits. »

Il reste quand même à trouver du financement. « Je suis en pourparlers avec une compagnie, mais sinon, ce serait du sociofinancement. »

Il s’agira par la suite de trouver un éditeur pour une traduction anglaise. « Je suis confiant, je suis très satisfait du résultat, le livre est vraiment complet. »

Haute altitude – Du trek à l’expédition. 2e édition

Haute altitude – Du trek à l’expédition. 2édition

Rando Québec

266 pages

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