La tente, le sac de couchage, le brûleur, la bouffe. Il faut penser à bien des choses lorsqu’on prépare un séjour en nature. Les femmes ont un souci additionnel : est-ce que ça va tomber pendant « la » semaine du mois ? Comment gérer la situation ?

Et la grande question : est-ce que ça risque d’attirer les ours ?

Pour compliquer les choses, les menstruations vont souvent arriver plus tôt que prévu, quand on ne les attend pas.

« Mon hypothèse, c’est que lorsque tu pars en expédition ou en voyage, tu changes certaines habitudes », déclare Laura Ducharme, travailleuse sociale et chargée de cours en intervention par la nature et le plein air. « Il y a une montée de cortisol, une hormone du stress qui a un impact majeur sur notre système. »

Quelle que soit la raison de ce petit dérèglement, il faut se préparer en conséquence et apporter tout le matériel nécessaire.

Laura Ducharme sensibilise les guides et les intervenants à cette réalité et les invite à toujours mettre des tampons et des serviettes hygiéniques dans leur trousse de premiers soins.

« De toute façon, ça peut être utile pour autre chose : ça a une capacité d’absorber qui est intéressante lorsqu’il y a des plaies ouvertes. »

Laura Ducharme est également directrice générale de Maïkana, une petite organisation qui offre des services d’intervention par la nature et le plein air. Elle organise souvent des expéditions avec des enfants, des jeunes et des adultes.

PHOTO GUILLAUME MILLETTE, FOURNIE PAR LAURA DUCHARME

Laura Ducharme, directrice générale de Maïkana, un organisme d’intervention par le plein air et l’aventure

Je prends les filles à part et je prends le temps de bien les sensibiliser par rapport à ça et je leur remets souvent un “petit kit de fille” pour qu’elles se sentent à l’aise.

Laura Ducharme, travailleuse sociale, chargée de cours et directrice générale de Maïkana

Il s’agit d’un sac ziploc dans lequel on peut mettre serviettes et tampons. Elle y ajoute un petit sac ziploc supplémentaire avec de petits sacs bruns (comme des sacs à lunch) pour y glisser les serviettes et tampons souillés. On y trouve aussi de petites serviettes humides, genre Wet Ones, et une petite bouteille de désinfectant à main, comme du Purell.

Pour réduire ou masquer les odeurs, on peut mettre de l’aspirine écrasée, une poche de thé ou du café avec les serviettes et tampons souillés. Il faut rapporter ces déchets après le séjour en plein air. Pas question de les enterrer ou d’essayer de les brûler.

« Ça ne brûle pas, à moins de faire un feu super intense, et là, ça va laisser des traces », affirme Laura Ducharme.

Plusieurs amatrices de plein air privilégient les coupes menstruelles, comme la Diva Cup, pour se faciliter la vie et réduire la quantité de déchets générés. Il faut toutefois bien gérer son hygiène personnelle lors de l’insertion ou le retrait de la coupe. Laura Ducharme fait bouillir un peu d’eau pour désinfecter la coupe en fin de journée.

Il faut aussi veiller à déverser le contenu de la coupe dans un petit trou, à l’écart du campement et des cours d’eau.

La culotte menstruelle est une autre solution. « Le soir, tu peux la laver avec de l’eau chaude et un peu de savon et la faire sécher », déclare Laura Ducharme.

Il faut évidemment effectuer cette opération loin des cours d’eau. On peut utiliser un petit contenant de plastique ou encore un gros sac ziploc.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les produits menstruels souillés doivent être mis à l’abri des bêtes.

Le soir, il faut mettre le sac contenant les serviettes et tampons souillés dans un sac étanche et le ranger avec les autres éléments susceptibles d’attirer les animaux, comme la nourriture. On peut suspendre le tout à un arbre ou le mettre dans un baril à l’épreuve des ours.

D’ailleurs, est-ce que l’odeur des menstruations attire les ours ? Le National Park Service des États-Unis a fait une petite revue de la littérature scientifique pour essayer de répondre à cette question. Des chercheurs ont notamment analysé les circonstances entourant des centaines d’attaques de grizzly et d’ours noir pour conclure qu’il n’y avait aucune preuve d’un possible lien entre ces attaques et les menstruations.

Le National Park Service suggère quand même certaines mesures pour diminuer davantage les risques, comme d’utiliser des tampons plutôt que des serviettes hygiéniques et d’éviter les produits parfumés.

Il faudrait sûrement adopter de telles mesures en territoire nordique : les recherches montrent que les ours polaires, contrairement à leurs cousins du sud, semblent attirés par les odeurs associées au sang menstruel.

Laura Ducharme mentionne finalement un autre aspect du cycle menstruel : il peut avoir un impact sur l’humeur et le niveau d’énergie des femmes.

« Ton corps est en train de gérer les menstruations, c’est normal que tu aies moins d’énergie, rappelle-t-elle. Ça ne veut pas dire qu’il faut materner ou infantiliser les femmes en contexte d’expédition, mais c’est de normaliser ça en disant que c’est correct que ça te prenne une heure de plus pour monter ta tente. »

Consultez le document du National Park Service sur les ours (en anglais)

Suggestion vidéo

Détermination

La grimpeuse norvégienne Mari Salvesen se bat dans une fissure.

Voyez la vidéo au complet

Le chiffre de la semaine

1

Il n’y a qu’un rond de feu communautaire pour l’ensemble des campeurs au sommet du mont Ham.