En plein air, personne n’est à l’abri d’une malchance. Il suffit d’une blessure, d’une tempête impromptue, d’une erreur d’orientation ou d’une voiture qui refuse de démarrer pour qu’on doive passer la nuit dans les bois. Jean-Marc Lord et André Pelletier viennent justement de concocter une nouvelle édition du Guide complet de vie et survie en forêt.

« Nous nous démarquons un peu des livres de survie habituels où les gens s’attendent à lire quelque chose qui vient des commandos de l’armée : comment tuer un ours avec un pieu, comment se protéger des requins, explique Jean-Marc Lord en entrevue. Nous sommes plutôt dans le contexte de quelqu’un qui fait du plein air et à qui il arrive une mésaventure qui fait en sorte qu’il doive passer la nuit en forêt. »

Il n’y aura donc pas de requin ou d’ours polaire.

« Au Québec, le seul danger, c’est le froid », affirme M. Lord.

PHOTO FOURNIE PAR LES ÉDITIONS BROQUET

Les auteurs du guide, Jean-Marc Lord et André Pelletier

La première édition du guide remonte à 2010. « On s’est dit que ça pourrait être bon de mettre à jour certains trucs, raconte M. Lord. On s’est lancés là-dedans puis, finalement, on s’est pris au jeu. Je pense qu’il n’y a pas une phrase qu’on n’a pas retravaillée. »

Les deux auteurs ont notamment eu beaucoup d’échanges avec le Laboratoire d’expertise et de recherche en plein air (LERPA) de l’Université du Québec à Chicoutimi, créé par André-François Bourbeau, expert de la survie en forêt. « Eux, ils ne font que ça, réfléchir à la survie en forêt », note M. Lord.

De nouvelles solutions

Ils ont notamment totalement revu la façon de construire un abri d’urgence. « Ce qu’on trouve dans les livres de survie, ce que l’armée enseigne à ses cadets, à ses soldats et à ses pilotes d’avion, est-ce que ça protège efficacement contre les intempéries ? Est-ce que ça garde la chaleur ? »

La réponse est non, et le LERPA a proposé un autre modèle d’abri. « Nous avons fait des tests de notre côté, thermomètre à l’appui, et ce nouvel abri est assez efficace, ça tient bien la chaleur, alors que ce qu’André et moi faisions quand nous étions dans les cadets était totalement inefficace. »

Un autre élément qui a évolué avec le temps, c’est la façon de faire un feu en situation de survie.

La plupart des livres de survie mettent beaucoup l’accent sur les façons de faire du feu avec toutes sortes de patentes. C’est vrai que ça peut fonctionner dans des conditions idéales, mais dans un véritable contexte de survie, c’est totalement inefficace.

Jean-Marc Lord, coauteur du Guide complet de vie et survie en forêt

Il peut être amusant, en camping, de s’exercer à des techniques d’allumage de feu sans allumettes. « Mais le moindrement qu’on fait du plein air et qu’on est sérieux, on va se traîner trois briquets qu’on place dans trois endroits différents », suggère ce dernier.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Un canif sera toujours utile en forêt.

Acquérir de bons réflexes

Les auteurs relativisent également l’importance d’une bonne grosse trousse de survie bien complète. Parce que si elle est trop grosse, les gens vont tout simplement la laisser à la maison ou dans la voiture. « Ça prend un équipement de base et pour nous, ça inclut ce qu’on appelle les trois essentiels : un sifflet, un briquet et un couteau », note M. Lord.

Les anciens guides de survie mettaient également beaucoup d’accent sur la nourriture à trouver en contexte de survie. « Or, à moins de tomber en avion dans le Grand Nord, une expérience de survie aujourd’hui, c’est 24 à 48 heures, affirme M. Lord. On peut facilement passer de deux à trois jours sans manger. On va avoir faim, ce ne sera pas agréable, mais notre vie ne sera pas en danger. Ça ne vaut pas la peine de se pratiquer à manger de la chauve-souris, des vers de terre ou des crottes de lièvre ! »

Le guide met plutôt l’accent sur la préparation, la réflexion (est-ce qu’on s’arrête tout de suite pour bâtir un abri ou est-ce qu’on continue à chercher son chemin ?), l’orientation et diverses techniques que les auteurs ont testées et approuvées.

« Nous voulons que les gens développent tout simplement de bons réflexes de prévention et qu’ils aient avec eux le minimum d’équipement pour faire en sorte qu’une expérience qui pourrait éventuellement être dramatique ne soit finalement que quelque chose d’un peu désagréable qui n’a pas mis leur vie en danger », dit M. Lord.

Le guide complet de vie et survie en forêt

Le guide complet de vie et survie en forêt

Éditions Broquet

496 pages

Suggestion de vidéo

Spécialité scandinave

Les Scandinaves ont perfectionné l’art du patinage nordique. Cette petite vidéo toute simple provenant de Suède en témoigne.

Regardez la vidéo au complet

Chiffre de la semaine

5

C’est le poids en grammes de la chauve-souris pygmée de l’Est, la plus petite au Québec. Pas de quoi faire un gros repas.